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Affaire Leonarda: un "naufrage" pour Hollande?

Leonarda, renvoyée le 9 octobre au Kosovo, a défié l'autorité de François Hollande et terni son image.

Leonarda, renvoyée le 9 octobre au Kosovo, a défié l'autorité de François Hollande et terni son image. - -

REVUE DE PRESSE - L'intervention du chef de l'Etat en conclusion de l'affaire Leonarda a stupéfait les éditorialistes qui parlent d'"amateurisme", de "naufrage" de "fiasco". Tour d'horizon des titres de la presse.

"Tout dans la gestion du dossier Leonarda est une erreur", a estimé Alba Ventura sur RTL ce lundi matin. L'éditorialiste politique de la radio résume en peu de mots ce que les analystes développent dans leurs différents titres ce lundi.

L'intervention télévisée de François Hollande, samedi, dans l'affaire Leonarda ne lui a pas fait marquer de points. Bien au contraire. Le chef de l'Etat a offert à l'adolescente kosovare de rentrer en France, si elle le souhaitait. Sans sa famille. Une offre aussitôt repoussée par Leonarda et son père.

Dans Le Journal du Dimanche, Bruno Jeudy s'étonnait de cette "troisième voie, aussi baroque qu'invraisemblable" qui "a fait l'unanimité contre elle". "Le résultat est désolant", poursuivait l'éditorialiste, insistant: "ce mauvais feuilleton a carrément tourné à la farce."

"Naufrage"

Pour Le Figaro, c'est carrément "Le fiasco". Alexis Brézet tire à boulets rouges sur François Hollande parlant de "naufrage" et de "l'échec cinglant d'une intervention présidentielle 'solennelle', motivée au départ par le souci d'enrayer la colère d'une poignée de lycéens et qui, à l'arrivée, n'aura pas même réussi à convaincre le premier secrétaire du Parti socialiste".

"Pour le Président et sa majorité, la séquence est dévastatrice", renchérit Eric Decouty dans Libération. "L'affaire Léonarda, attisée par une frange du bureau national du PS, amplifiée par les querelles gouvernementales et agitée dans la rue par les lycéens, a mis au jour les divisions profondes qui traversent la gauche sur la question de l'immigration. Car, plus que l'histoire de la jeune Kosovare et de sa famille - au dossier administratif accablant-, et plus que la guerre froide entre Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls, c'est l'impensé socialiste devant un sujet de société majeur qui frappe aujourd'hui." Selon l'éditorialiste de Libé, "ce sont des années de carence et de lâcheté politique que François Hollande paye aujourd'hui. Entre une droite tirée sur son extrême et une gauche radicalisée, le prix pourrait être élevé."

"Amateurisme"

Dominique Quinio dans La Croix estime que "l'affaire Leonarda... donne une bien piètre image de la décision politique", dénonçant notamment la proposition controversée de François Hollande sur un retour de la jeune collégienne sans sa famille. "La décision présidentielle, mi-chèvre, mi-chou, d'ailleurs rejetée par l'intéressée, frôle l'amateurisme", dénonce-t-elle. "Et l'on déplorera, aux prochaines élections, le niveau des abstentions ou le succès des formations politiques extrêmes!".

Pour Patrick Apel-Muller, dans L'Humanité, "François Hollande voulait piéger l'enfant en lui donnant à choisir entre la France et sa famille ; c'est apparu comme une violation de la Convention internationale des droits de l'enfant dont la France est signataire et comme une inhumanité supplémentaire".

"Ce genre de situation ne se règle pas comme une motion de synthèse au parti socialiste", ironise Bruno Dive dans Sud-Ouest. Cette affaire "a fait apparaître, dans un climat hystérique presque effrayant, l'état de déliquescence dans lequel se trouve la majorité", écrit-il. "A vouloir contenter tout le monde, François Hollande n'a satisfait personne."

V.D. avec AFP