Affaire Cahuzac: Hollande averti dès le 15 décembre?
L'Elysée avait-il connaissance dès décembre 2012 de l'enregistrement où l'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac évoque un compte en Suisse? C'est ce que laisse entendre Alain Zabulon, directeur adjoint du cabinet de l'Elysée... et ancien sous-préfet de Villeneuve-sur-Lot, la ville de Jérôme Cahuzac.
Auditionné mardi matin pendant plus de deux heures par la commission d'enquête parlementaire qui enquête sur les dysfonctionnements de l'État dans cette affaire, Alain Zabulon a confirmé avoir eu une conversation téléphonique depuis son domicile, le samedi 15 décembre 2012, avec l'ancien maire RPR de Villeneuve-sur-Lot, Michel Gonelle, prédécesseur de Jérôme Cahuzac à la mairie.
Reçu par Hollande
Sous serment, Alain Zabulon a ainsi déclaré que Michel Gonnelle lui avait confié détenir une bande enregistrée sur laquelle l'ex-ministre Jérome Cahuzac avoue détenir en compte en Suisse. "Il (Ndr: Michel Gonelle) me dit, 'j'ai conservé cet enregistrement'".
Outre l'enregistrement, l'ancien maire de Villeneuve-sur-Lot lui a parlé d'une lettre qu'il avait écrite au président de la République. Mais qu'Alain Zabulon jure n'avoir jamais avoir vue ni lue.
Le directeur adjoint de cabinet s'est ensuite rendu à l'Élysée. Là, il est aussitôt reçu dans le bureau de François Hollande. "J'en ai rendu compte au président de la République", a-t-il déclaré mardi. "Il a évidemment été très attentif à ce que j'explique et m'a dit: 'Si vous avez un nouveau contact (ndr: avec Michel Gonelle), dites-lui que ces éléments devront être portés à la connaissance de la justice'."
"On croyait en la bonne foi de Cahuzac"
Alain Zabulon aurait ajouté à l'adresse du président de la République: "J'ai de bonnes raisons de penser que les choses ne vont pas en rester là. Je pense qu'il serait bon que le ministre soit informé". Réponse du chef de l'État: "Oui, effectivement, préviens-le". Alain Zabulon a indiqué avoir alors appellé Jérôme Cahuzac.
"Le président de la République ne m'a pas chargé de suivre à son cabinet ce qu'il est convenu d'appeler l'affaire Cahuzac. Il ne m'a pas demandé de passer des vérifications sur quoi que ce soit", a-t-il encore dit.
Devant la commission d'enquête, il a précisé: "Les informations de Mediapart étaient alors très récentes. On leur apportait à l'époque peu de crédit. On croyait en la bonne foi de Jérôme Cahuzac."
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