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Affaire Benalla: qui est Patrick Strzoda?

Patrick Strzoda le 17 janvier 2018 à l'Elysée.

Patrick Strzoda le 17 janvier 2018 à l'Elysée. - Ludovic Marin - AFP

Le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron a été entendu jeudi comme témoin dans l'enquête préliminaire ouverte dans l'affaire Benalla. Il doit être auditionné ce mardi à 16h30 par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale.

Son nom est inconnu de beaucoup de Français, mais il est depuis quelques jours en première ligne dans l'affaire Benalla. Patrick Strzoda est le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron et le supérieur hiérarchique d'Alexandre Benalla, dont les agissements le 1er mai sont sous le coup de plusieurs enquêtes. Après Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur, et Michel Delpuech, le préfet de police de Paris, Patrick Strzoda doit être entendu à son tour par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale. Le rendez-vous est donné à 16h30.

A trois mois de la retraite, alors qu'il est âgé de 66 ans, il pourrait faire les frais de la réorganisation promise par le président à l'Elysée, après la découverte de "dysfonctionnements" à la lumière de l'affaire Benalla. D'après les premières révélations du Monde, c'est lui qui aurait donné l'autorisation au chargé de mission de l'Elysée d'aller prendre part à la manifestation en tant qu'"observateur", puis lui aussi qui l'aurait sanctionné de 15 jours de suspension.

Une carrière sans impairs jusque-là

Lors des auditions qui ont eu lieu lundi, la responsabilité de l'Elysée a été pointée du doigt à de nombreuses reprises, les regards se tournant en particulier vers le secrétaire général Alexis Kohler, mais aussi vers le directeur de cabinet du président. Mardi, Marine Le Pen a estimé sur BFMTV que Patrick Strzoda semblait être "le fusible idéal", "un fusible désigné à l'avance". 

Jusque-là, la carrière de ce préfet était couronnée de réussite, malgré des dossiers délicats. Né le 5 janvier 1952 dans le Haut-Rhin, énarque et ancien étudiant d'anglais et de droit, Patrick Strzoda a mené une carrière classique de sous-préfet puis de préfet, hormis une incursion dans l'organisation des jeux Olympiques d'Albertville.

"Un grand préfet"

Après un passage dans les Hauts-de-Seine, il est nommé de mars 2011 à juin 2013 préfet de Corse, avant de rejoindre le continent comme préfet de la région Bretagne et préfet de la zone de défense et de sécurité Ouest jusqu'en mai 2016. Il a ensuite dirigé le cabinet de Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur puis Premier ministre. Nommé préfet de Région d'Ile-de-France, un poste qu'il n'occupera pas, il rejoint l'Elysée le 14 mai 2017. "C'était un remarquable directeur de cabinet", d'une "grande droiture", un "grand préfet", a décrit Bernard Cazeneuve, interrogé par l'AFP.

"C'est quelqu'un qui m'a toujours paru un grand préfet, extrêmement rigoureux, précis, avec beaucoup de sang-froid", selon l'ancien ministre socialiste Michel Sapin, certain que l'ancien préfet est "prêt à assumer ses responsabilités", même s'il note qu'un fusible, "c'est juste un point de passage".

Pour Christian Troadec, le maire de gauche régionaliste de Carhaix-Plouguer, dans le Finistère, et l'un des porte-parole des "Bonnets Rouges" en révolte contre l'écotaxe, "l'homme a toujours eu un comportement correct avec les élus comme moi". "Il n'était que la courroie de transmission des ordres de Paris, qui avait décidé d'avoir la main ferme, et il a eu la main ferme", dit-il en rappelant les manifestations violentes de l'époque, dont celle du Pont-de-Buis, où un manifestant a eu la main arrachée.

Charlie Vandekerkhove avec AFP