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Politique

Une tribune remet en cause le maintien de Caroline Cayeux après "ses propos homophobes"

Un texte, signé par des élus de la majorité et d'autres personnalités, dénonçent les propos de la ministre, en difficulté depuis ses propos sur la communauté LGBT.

Caroline Cayeux pourra-t-elle tenir? Une tribune publiée dans le Journal du dimanche ce samedi soir appelle la ministre des Collectivités territoriales à démissionner après ses propos sur les personnes LGBT.

"Comment accepter les propos tenus par la ministre chargée des Collectivités territoriales à la veille de la fête nationale ", s'interrogent notamment les signataires, parmi lesquels figurent, au rayon politique, l'ancien Premier ministre Manuel Valls, les députés de la majorité Joël Giraud, David Valence, Raphaël Gérard, Quentin Bataillon, ou encore les maires de Paris Centre Ariel Weil (PS), du 5e arrondissement Florence Berthout (DVD), du 6e arrondissement Jean-Pierre Lecoq (LR) et du 9e arrondissement Delphine Bürkli (Horizons), ainsi que la 1re adjointe au maire de Marseille Michèle Rubirola (EELV).

Ont également paraphé le texte, intitulé "A tous ces gens-là", le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, le secrétaire général de l'UNSA Laurent Escure, l'entrepreneur Mathieu Gallet, l'animateur Alex Goude, la docteure en sciences Aurélie Jean ou encore le psychiatre Serge Hefez.

"Il ne s’agit pas de défendre telle ou telle communauté, mais bien le respect du principe d’égalité et de légalité par un des membres du gouvernement. Nous savons que l’exemplarité est plus que jamais nécessaire pour maintenir un débat démocratique apaisé et constructif."

"Si elle a un peu d'honneur, qu'elle démissionne"

Sur notre antenne, Patrick Karam, vice-président LR de la région Ile-de-France, explique plus en détails les raisons de cette tribune. Dans un premier temps, il assure "avoir saisi les associations de lutte contre l'homophobie" dès la sortie de la ministre mais, "en attendant que la justice se prononce, il faut considérer que l’on ne peut pas laisser un responsable politique à ce niveau de responsabilité en situation."

"Ces propos sont absolument inacceptables. [...] Nous réclamons son départ, si elle a un peu d‘honneur, qu’elle démissionne", martèle-t-il.

Selon lui, il est également important de rappeler que "le taux de suicide chez personnes homosexuelles à l’adolescence sont cinq à six fois supérieurs, on comprend que c'est un sujet majeur. Les violences discriminatoires contre les homosexuels n’ont pas cessé, on le sait très bien, ça explose", ajoute-t-il.

Toujours sur notre antenne, l'ancien ministre Jack Lang, lui-même signataire de cette tribune, estime que la présence de la ministre au sein du gouvernement est une "tâche" et que "la sagesse serait qu'elle parte."

"Rien n'est plus méprisant que cette expression. Je trouve que la présence de cette personne est une sorte d'incongruité au sein de ce gouvernement. Il appartiendra à la ministre d'en prendre les conséquences", assure-t-il.

"Elle a choisi délibérément de maintenir ses propos homophobes"

Après une tribune publiée dans Têtu ce lundi, qualifiant l'ancienne maire de Beauvais, très longtemps membre des LR, de "visage de la manif pour tous", Caroline Cayeux est interrogée mardi sur Public Sénat sur des propos tenus en 2013 à l'occasion de l'examen de la loi sur le mariage pour tous.

L'ex sénatrice de l'Oise alors LR, avait qualifié en 2013 la réforme portée par Christiane Taubira lors d'un débat au Sénat de "caprice" et évoqué "une ouverture de droit irrespectueuse de la nature et insensée", y voyant "un dessein contre nature".

En guise de réponse, Caroline Cayeux affirme maintenir "évidemment (ses) propos". Avant d'ajouter : "J’ai beaucoup d’amis parmi tous ces gens-là. Franchement, c’est un mauvais procès qu’on me fait et ça m’a beaucoup contrarié".

"Elle a choisi délibérément de maintenir ses propos homophobes: c'est certainement répréhensible. Seul un juge devrait en décider", analyse cette tribune, à l'aune de ces mots.

Pas question de "devoir de solidarité" au sein du gouvernement pour Cayeux

La ministre a pourtant bien essayé de rétropédaler. Face à la levée de bouclier, la ministre est contrainte de s'excuser quelques heures après son interview sans convaincre. "On a le droit à l'erreur une fois" prévient Olivia Grégoire". "Je suis de ces gens-là" la tance encore Clément Beaune tandis qu'Olivier Véran dénonce des "propos anachroniques".

Caroline Cayeux passe donc à la vitesse supérieure en se fendant d'un long entretien dans Le Parisien, où elle qualifie ses propos de "maladroits et stupides", défendant son parcours d'élue locale au "service de l'égalité des droits".

La manœuvre n'a pas convaincu les signataires de la tribune qui refusent net d'être associé à ses déclarations.

"La question est de savoir si le Gouvernement, dans son devoir de solidarité valide la position de l'un de ses membres", fait encore valoir le texte.

Caroline Cayeux peut-elle donc tenir après cette publication au vitriol? Elle a en tout cas tenu à s'afficher aux côtés de Brigitte Macron lors du défilé du 14-Juillet.

Christophe Béchu, le nouveau ministre délégué à la Transition écologique, est lui aussi mis en cause pour avoir considéré le mariage pour tous comme "une menace pour l'équilibre de la société". Maire d'Angers, il avait également fait retirer des affiches de prévention contre le VIH montrant des couples homosexuels dans sa ville en 2016.

Marie-Pierre Bourgeois