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Politique

Elevage : une loi pour permettre l’abattage de loups

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Le Sénat vient d’adopter une loi qui permet aux préfets d’autoriser l’abattage d’un loup dans certaines zones où ils font trop de dégâts dans les troupeaux. Les défenseurs de l’environnement appellent à trouver d’autres solutions.

La chasse au loup pourrait faire son retour. Pour protéger les éleveurs, les sénateurs ont adopté mercredi, au cours d'un débat passionné et contre l'avis du gouvernement, un texte de loi qui crée des « zones de protection renforcée contre le loup ». Dans ces zones où les dégâts sont importants, la « destruction » de l'animal pourra alors être autorisée par le préfet si le texte, encore en pleine navette parlementaire, est adopté.

« Partisans de la protection du loup, mais aussi de l’agriculteur »

Pour le sénateur de Lozère RDSE (Rassemblement démocratique et social européen, à majorité radicaux de gauche) à l'origine de la proposition de loi, Alain Bertrand, c’est « une loi simple et de bon sens » au fonctionnement simple : « Le préfet autorisera un prélèvement, et il dira qu’on peut éliminer une, deux, trois ou quatre bêtes. A lui de voir en fonction des dégâts observés sur la zone. Il ne s’agit en rien d’éradiquer le loup dans notre territoire. Nous sommes partisans de la protection du loup, mais aussi de l’agriculteur. Les pertes s’accroissent considérablement. De 2600 bêtes tuées en 2008 à 5000 bêtes tuées en 2011, ce n’est pas acceptable ».

« On repart comme il y a 50, 60 ou 100 ans »

Ce vote du Sénat redonne de l’espoir à Alain Baret, éleveur et maire de Hures la Parade, en Lozère. « On sent un mépris et une déconsidération pour les problématiques réelles que pose le loup. L’image du loup, c’est quelque chose de très beau. Mais la réalité du terrain, les nuits à veiller, le stress, ça, ce n’est pas perçu, et c’est ça qui pousse les agriculteurs à bout. Nous, lozériens, on a la mémoire du loup, donc on sait qu’il va y avoir une quantité de travail phénoménale qui n’est pas prise en compte. C’est du gardiennage, rassembler les bêtes tous les soirs, surveiller sur chaque exploitation plusieurs troupeaux… On repart comme il y a 50, 60 ou 100 ans. A un moment, ça devient complètement irréalisable ».

« Simplement revenir à un gardiennage traditionnel »

Mais du côté des défenseurs des animaux, le texte a du mal à passer. Président l’association FERUS de protection du Loup, Jean-François Darmstaedter ne comprend pas cette décision. « C’est impensable, le loup est toujours le bouc émissaire. Il ne suffit pas de crier au loup comme au moyen-âge, Le Petit Chaperon rouge, c’est fini. Il faut arrêter et essayer de trouver des vraies solutions : des chiens de protection, la garde par des bergers, etc. Il faut dire qu’en Lozère, les troupeaux ne sont pas gardés, il n’y a quasiment pas de chiens de protection, donc pour les loups, c’est assez facile. Il faut simplement revenir à un gardiennage traditionnel, ce qui permet la cohabitation la plus harmonieuse possible entre les troupeaux et le prédateur ».

Mathias Chaillot avec Aurélia Manoli