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Festival d'Angoulême 2022: "Lastman" renaît de ses cendres avec une nouvelle série animée

La série "Lastman"

La série "Lastman" - Everybody On Deck

L'adaptation animée de la célèbre BD revient après six ans d'absence avec une deuxième saison présentée ce samedi en avant-première à Angoulême. Son réalisateur et son scénariste en racontent les coulisses.

La saga Lastman revient cette année en série animée. Six ans après une première saison culte, une suite baptisée Lastman Heroes sera diffusée à la rentrée prochaine sur France.tv Slash. Le premier épisode est présenté en avant-première ce samedi 19 mars à 17h au festival de la BD d’Angoulême.

Un événement attendu de pied ferme par les fans du manga de Balak, Sanlaville et Vivès, lettre d’amour aux shonens et aux blockbusters des années 1980 et 1990, qui raconte les aventures du colosse Richard Aldana, de la boulangère Marianne et de son fils Adrian dans le monde magique de la Vallée des Rois et la dangereuse mégalopole Paxtown.

Lastman Heroes, qui se décline en six épisodes de 45 minutes, est à la fois la suite de la série animée et un préquel de la BD. "L’essentiel de l’action se situe neuf ans après la première saison et environ un an avant la BD", précise le réalisateur Jérémie Hoarau, qui a déjà marqué les esprits avec l’anime trash Crisis Jung. "Nous avons parfois mis les projecteurs sur des moments importants qui ont eu lieu dans la longue période entre les deux saisons."

Six épisodes, six personnages, six genres

Autre élément important: chaque épisode explore un personnage (Tomi, Siri, Marianne) et un genre (polar, horreur, fantasy) différents. Une idée du producteur Didier Creste. "Il craignait qu’en faisant la même chose six ans après, le résultat soit déceptif", explique Jérémie Hoarau, qui était assistant-réalisateur sur la première saison. "En proposant une formule différente, on rebat les cartes." Et ils respectent l'esprit de la BD d'origine, qui n'a cessé de surprendre ses lecteurs avec des twists souvent très osés.

Visuel de la série "Lastman Heroes"
Visuel de la série "Lastman Heroes" © Everybody On Deck

Laurent Sarfati, scénariste de la première saison, est intervenu pour ajouter un fil rouge entre les épisodes: "On a évolué vers une histoire en puzzle où les six histoires aux six points de vue différents forment une grande histoire. Un peu comme Pulp Fiction." Et le réalisateur d'ajouter: "On a pris beaucoup de plaisir à établir des passerelles entre les histoires. J’espère que les spectateur-trices auront envie de voir la série deux fois pour profiter de ces allers-retours entre les intrigues."

Cette saison, qui s'annonce "plus dure" que la précédente, a pour ambition de questionner le concept de héros. "Globalement les personnages sont dans une mauvaise passe, perdus dans une dépression entre deux cyclones", annonce le réalisateur. Le premier épisode montre ainsi Richard Aldana barbu, bedonnant et en marge de la société, à l'opposé du héros que l'on connaît.

Une manière aussi de raccrocher les wagons avec la fin de la première saison, souligne Laurent Sarfati: "Le premier épisode est la suite directe de la saison 1. On avait au dernier épisode quitté Richard complètement déprimé, alcoolique, qui est persuadé d'avoir raté la mission que son pote lui avait filé de protéger sa fille. Le temps a passé. Il est devenu misanthrope. Il vit reclus dans une casse. Il était important de bien démolir Richard pour mieux le faire renaître."

"Je trouve ça intéressant de montrer ce que devient un héros après sa grande aventure", analyse Jérémie Hoarau. "Que fait-on de sa vie quand on arrête d'être un héros? C’est quoi le vrai métier des héros? Quelle case on coche à Pôle emploi? On voulait démarrer par ce fort contraste avec les épisodes précédents."

Plus de place pour les personnages

La nouvelle saison offre aussi plus de place aux personnages. "Lorsqu’on montait les épisodes de la première saison, on devait faire des blockbusters en 11 minutes [les épisodes duraient 11 minutes, NDLR]. On a dû sabrer beaucoup de pages de scripts pour que ça tienne dans la durée d’un épisode", regrette Jérémie Hoarau. "Pour cette saison 2, j’ai pu garder tout ce qu’on avait écrit, j’en ai même rajouté un peu."

"C'était un soulagement de passer à un rythme plus lent, plus proche du long-métrage", acquiesce Laurent Sarfati. "Ca nous a permis d'explorer des thèmes et des situations qu'on ne pouvait pas développer avec le rythme rapide de la saison 1."

Pour le réalisateur, le défi était malgré tout ailleurs et consistait à réaliser six épisodes dans six genres différents. "Pour un réalisateur, c’est plus une aubaine qu’un challenge", rectifie-t-il. "J’ai la chance de faire mon moyen métrage d’héroic fantasy, mon polar, mon film d’horreur…"

Il a fallu cependant composer avec l'un des principaux handicaps de l’animation adulte: respecter un budget limité malgré l'ambition d'offrir "à chaque épisode son identité propre", indique Jérémie Hoarau: "L’animation économique, induite par le budget, se ressent plus sur un épisode plus long. Il faut donc trouver des solutions pour nourrir l’œil et l’esprit du spectateur et éviter qu’il sorte du récit."

Le résultat devrait surprendre

Visuellement, Lastman Heroes s'inscrit dans la continuité de la première saison et du travail de son réalisateur Jérémie Périn, qui n'a pas souhaité rempiler pour se consacrer à Mars Express, un ambitieux projet de long-métrage d'animation de SF. "Pour des raisons de narration, il est plus simple de gérer les flashbacks en restant dans la continuité [visuelle] de la saison 1", précise Jérémie Hoarau. "Et puis ça donne une cohésion à l’ensemble de la série."

Il leur reste encore beaucoup de choses à finaliser. Le premier épisode est quasi bouclé et deux autres épisodes sont bien avancés en animation, révèle Jérémie Hoarau. "Les décors seront bientôt finis. On entame le dernier épisode. La musique avance très bien, avec le même tandem que sur la saison 1 (Philippe Monthaye et Fred Avril) qui font un boulot incroyable."

Le résultat devrait surprendre les fans. "Il sera peut-être un peu plus difficile de rentrer dedans", prévient Jérémie Hoarau. "C'est toujours une série d’action. J’ai l’impression qu’on a placé de belles surprises, des lieux inédits à visiter qui changent de Paxtown ou de ce qu’on trouve dans la BD. On agrandit encore un peu l’univers." Et Laurent Sarfati de conclure: "On veut être à la hauteur de la saison 1. Faire aussi bien, ce serait pas mal."

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV