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Régionales: le FN gagne encore du terrain dans ses villes

Marine Le Pen en campagne aux côtés de Steeve Briois à Liévin, près de Lens, le 14 octobre.

Marine Le Pen en campagne aux côtés de Steeve Briois à Liévin, près de Lens, le 14 octobre. - Denis Charlet - AFP

Dans les 12 villes administrées par le Front national, les scores du parti de Marine Le Pen sont en progression par rapport aux municipales de 2014. Une situation permise par un contexte favorable, et qui inquiète l'opposition.

Beaucaire, Hayange, Hénin-Beaumont… Dans toutes les villes gérées par le Front national depuis plus d'un an, le parti de Marine Le Pen enregistre une nouvelle progression au premier tour des élections régionales. A Hayange, en Moselle, le FN réunit 45,91% des voix contre 30,40% pour Fabien Engelmann aux municipales, et à Hénin-Beaumont dans le Nord, il fait un score de 59,36% contre 50,25% pour Steeve Briois en 2014.

Une progression indéniable, mais qui est aussi le reflet de l'abstention: les 12 villes administrées par le FN ont connu une forte abstention au premier tour, à l'image du reste de la France. Le FN progresse donc par rapport au nombre de votants, mais pas par rapport aux nombres d'inscrits, relève Le Monde. Dans certaines villes, il a même perdu des voix par rapport aux municipales. Mais pour le parti frontiste, ces chiffres sont déjà source de fierté. Cité par le Figaro, Steeve Briois, élu au premier tour en 2014, estime ainsi que ce score est la "preuve que ce que nous faisons n'est pas si mal", en dépit des "petites critiques et polémiques". 

Le souvenir de 1995

Sur les élus du FN version 2014 pèse l'expérience ratée de 1995, avec notamment le souvenir de la mairie de Vitrolles. Les nouveaux maires ont pris soin de ne pas renouveler cette expérience. "Ils sont arrivés avec une approche différente, en évitant de mettre un coup de pied violent dans la fourmillière", analyse Joël Gombin, politologue spécialiste du Front national. "Ils ont préféré une gestion en apparence de 'bons père de familles', en y ajoutant des mesures symboliques". On se souvient par exemple de la fontaine repeinte en bleu à Hayange ou de la suppression des subventions à des associations politisées dans plusieurs villes.

Pour Stéphane Filipovitch, élu PS à Hénin-Beaumont, "le FN est encore dormant dans la mise en œuvre de son projet". Une vision discutée par Elsa Di Méo et Sarah Proust, chargées par le PS de la riposte contre le Front national. "Si effectivement ils soignent particulièrement leur électorat, les élus ont déjà entrepris des mesures plus que symboliques", affirme ainsi Sarah Proust, qui se réfère aux différents exemples énumérés dans le "livre noir du FN" tout juste publié sur le site du PS. 

L'accès à une municipalité, source de visibilité

Des mesures permises par un contexte favorable au FN. "Les conditions sociologiques et politiques qui ont permis au Front national de gagner il y a un an n'ont pas disparu", relève Joël Gombin, qui se dit "peu surpris" de cette progression. Et se demande: "pourquoi le FN serait-il plus mauvais que les autres pour faire une politique qui plaise à ses administrés?".

Mais surtout, le FN récolte les fruits naturels de son arrivée dans une municipalité. "A partir du moment où le FN arrive dans une municipalité, comme tout autre parti il a automatiquement des nouvelles ressources, une meilleure visibilité, et des contacts plus réguliers avec les administrés", ajoute le chercheur. "Le parti qui gère une ville a déjà forcément cette prime que n'ont pas les autres". Une municipalité qui se montre à ses administrés: un argument supplémentaire pour achever de convaincre les indécis.

La région, "une vitrine incomparable"

Dimanche, si le Front national gagne une ou plusieurs régions, il bénéficiera de ressources supplémentaires. Et confirmera sa stratégie d'un maillage local amorcé par Marine Le Pen en vue de la présidentielle de 2017. "Le Nord et le Paca représentant 10 millions d'habitants, c'est une vitrine de la gestion du FN incomparable à une municipalité", avance Bernard Sananès, de l'institut de sondage Elabe. "Cela lui permettra indéniablement d'engranger des ressources supplémentaires dans la course à 2017", approuve Joël Gombin.

Mais encore faut-il les administrer. "Si le FN gagne une seule région, il devrait s'en sortir. Mais s'il y en a plus, il lui faudra des cadres, des dizaines de postes administratifs, de directeurs de cabinets, de collaborateurs d'élus, etc." Et cela pourrait être complexe pour le FN, avance Joël Gombin. "D'autant plus que pendant que les cadres du parti seront mobilisés dans les régions, ils ne prépareront pas la présidentielle de 2017".

https://twitter.com/ariane_k Ariane Kujawski Journaliste BFMTV