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Paca, Hauts-de-France, Grand Est: le point sur les grands matchs des élections régionales

Des électeurs français dans l'isoloir à Auxerre (illustration)

Des électeurs français dans l'isoloir à Auxerre (illustration) - PHILIPPE DESMAZES / AFP

Les élections régionales se tiendront les 20 et 27 juin prochains. Si tous les dirigeants sortants sont candidats à leur réélection, tous ne sont pas assurés d'y parvenir.

Prime au sortant? Le 20 juin prochain, pour le premier tour des régionales, tous les actuels présidents et présidentes de région seront en lice pour tenter d'obtenir leur réélection. Mais tous ne sont pas assurés de parvenir à leurs fins, et certaines régions cristallisent l'attention tant l'incertitude règne.

Plusieurs sondages laissent d'ores et déjà augurer une forte poussée du Rassemblement national (RN). En 2015 déjà, lors du précédent scrutin, l'ex-Front national s'était invité dans plusieurs triangulaires, mais n'en avait remporté aucune.

"Le RN peut faire des bons scores, Marine Le Pen cible trois régions (Paca, Hauts-de-France, Bourgogne-Franche-Comté, NDLR), il faut tout faire pour qu'il n'en ait aucune", avait déclaré le 27 mai le président Les Républicains (LR) du Sénat, Gérard Larcher, sur RTL.

A quelques jours du premier tour, que disent les sondages dans les régions les plus indécises? Tour d'horizon de ces multiples points chauds.

En Auvergne-Rhône-Alpes, Wauquiez donné gagnant

Laurent Wauquiez rempilera-t-il pour six nouvelles années à la tête du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes (AURA)? L'ancien patron du parti Les Républicains, en retrait de la scène nationale depuis la déroute aux européennes de 2019, semble bien placé pour y parvenir, à en croire les enquêtes d'opinion.

Selon le dernier sondage paru, réalisé par Opinionway pour CNews et publié lundi, le candidat LR est crédité de 35% des intentions de vote au premier tour. La deuxième place échoit à Andréa Kotarac, transfuge de La France insoumise (LFI) passé au RN (22%), avant le candidat de La République en Marche (LaREM) Bruno Bonnell (15%).

La liste EELV menée par Fabienne Grébert arrive au pied du podium avec 11% des intentions de vote, suivie par la socialiste Najat Vallaud-Belkacem (10%) et la sénatrice Cécile Cukierman, tête de liste communiste (6%).

Les précédentes enquêtes d'opinion réalisées faisaient état de rapports de force comparables.

Au deuxième tour, l'ancien député de Haute-Loire est aussi donné favori. Il est crédité de 40% des intentions de vote en cas de quadrangulaire face au RN (22%) et à une liste d'union de la gauche menée par Fabienne Grébert (22% également). LaREM se classerait quatrième avec 16% des voix.

Si la liste d'union de la gauche était menée par Najat Vallaud-Belkacem, cette dernière grignoterait quelques voix et pourrait totaliser 23% des suffrages et Laurent Wauquiez 39%.

En 2015, Laurent Wauquiez avait gagné la région avec 40,61% des voix au terme d'une triangulaire l'opposant à son prédécesseur socialiste Jean-Jack Queyranne (34,84%) et au candidat du Front national Christophe Boudot (22,55%).

En Bourgogne-Franche-Comté, le RN en embuscade

Aujourd'hui socialiste, la région Bourgogne-Franche-Comté fait partie de celles où une victoire du RN n'est pas à exclure. S'il ne s'agit pas de la région où l'on dénombre le plus de sondages, le dernier en date, réalisé par Ipsos-Sopra Steria pour France 3 et publié le 9 juin, donne le parti cofondé par Jean-Marie Le Pen en tête au premier tour.

Le candidat RN Julien Odoul obtiendrait, selon cette enquête, 28% des suffrages au premier tour du scrutin, devant la présidente de région sortante, la socialiste Marie-Guite Dufay, et le candidat LR Gilles Platret, tous deux à égalité avec 21% des intentions de vote. Le candidat de la majorité présidentielle Denis Thuriot se classerait en quatrième position avec 16% des suffrages, avant la liste EELV de Stéphanie Modde (8%).

Si les quatre premières listes se maintiennent au second tour, la configuration en quadrangulaire profiterait à la sortante qui pourrait alors rempiler avec 32% des voix, devant Julien Odoul (29%), Gilles Platret et son alliance avec le parti souverainiste Debout la France qui avait défrayé la chronique (21%) et Denis Thuriot (18%).

À noter que le sondage a été réalisé entre les 3 et 7 juin dernier, alors que Julien Odoul était déjà empêtré dans une polémique, consécutive à des révélations de Libération, sur des propos lui étant attribués concernant le suicide d'un agriculteur.

En 2015, la socialiste Marie-Guite Dufay l'avait emporté avec 34,68% des voix au second tour au terme d'une triangulaire face au candidat de la droite François Sauvadet (32,89%) et la candidate du FN Sophie Montel (32,44%).

En Bretagne, deux héritiers de Le Drian s'affrontent

Issue incertaine en Bretagne, avec une progression là aussi notable du Rassemblement national. L'élection pourrait bouleverser le paysage politique breton à divers titres.

Après près de vingt ans de présidence de Jean-Yves Le Drian, qui a démissionné en 2017 pour entrer au gouvernement, les jeux sont ouverts. Plusieurs sondages, dont le dernier en date réalisé par Ipsos-Sopra Steria pour France 3 et publié le 9 juin, laissent entrevoir la possibilité d'une quinquangulaire au second tour.

L'élection est notamment marquée par le fait que deux "héritiers" du ministre des Affaires étrangères, alliés il y a encore quelques mois au sein de l'exécutif breton, se présentent l'un contre l'autre. Thierry Burlot mène la liste soutenue par la majorité présidentielle et le président de région sortant, Loïg Chesnais-Girard, resté au Parti socialiste, souhaite rempiler pour un autre mandat.

Contrairement à l'enquête réalisée par Odoxa pour Le Télégramme en mai, le RN, selon le sondage Ipsos, emmené par le cadre du parti Gilles Pennelle, pourrait arriver en tête avec 20% des voix. Viendrait ensuite la liste de la majorité de Thierry Burlot et celle du sortant Loïg Chesnais-Girard, toutes deux créditées de 19% des voix ex aequo. Après, la candidate LR Isabelle Le Callennec obtiendrait 14% des voix, puis la cheffe de file EELV Claire Desmares-Poirrier fédérerait 12% des intentions de vote.

Les scores sont toutefois loin d'être figés: selon cette même enquête, 51% des personnes interrogées n'auraient pas définitivement arrêté leur choix.

Au second tour, la présente enquête a testé plusieurs hypothèses de quadrangulaire. Dans la première, une union du PS, PCF, EELV et LFI arriverait en tête avec 39% des voix, devant le RN (24%) et LaREM (21%) puis LR (16%). Dans la deuxième hypothèse de quadrangulaire, une union PS, LaREM, PCF sans EELV arriverait aussi en tête, mais avec 29% des intentions de vote, talonnée par le RN (26%), suivie par LR (24%) et EELV (21%). Dans les deux cas, la tête de liste d'union envisagée est Loïg Chesnais-Girard.

La troisième hypothèse testée est une quadrangulaire avec une union LaREM, PS et PCF menée par Thierry Burlot, sans EELV. Cet attelage récolterait 26% des voix, à égalité avec EELV et la liste du RN. La liste LR serait quatrième avec 22% des suffrages.

En 2015, Jean-Yves Le Drian avait été confortablement réélu avec 51,41% des voix, au terme d'une triangulaire qui l'avait opposé au candidat de la droite Marc Le Fur (29,72%) et au candidat du Front national Gilles Pennelle (18,87%), de nouveau en lice cette année.

Dans le Grand Est, le RN talonne la droite

À l'instar de la Bourgogne-Franche-Comté, peu d'enquêtes d'opinion ont été réalisées pour la région Grand Est. Un sondage réalisé par Ipsos-Sopra Steria pour France 3, publié le 9 juin, donne la liste du président LR sortant Jean Rottner en tête avec 27% des intentions de vote.

La liste du RN Laurent Jacobelli suivrait avec 25% des voix, devant celle de la ministre Brigitte Klinkert (14%), qui est soutenue par la majorité bien qu'elle se revendique "sans étiquette". La liste EELV-PS-PCF d'Éliane Romani arriverait à égalité avec cette dernière.

L'ex-RN Florian Philippot, avec son parti Les Patriotes, est crédité de 8% des intentions de vote, devant la liste d'Aurélie Filippetti, notamment soutenue par LFI (5%).

Au second tour, en cas de quadrangulaire, Laurent Jacobelli l'emporterait (32%), talonné par Jean Rottner (29%, devant la liste d'union à gauche et des écologistes d'Éliane Romani (20%) et celle de la majorité de Brigitte Klinkert (19%).

Jean Rottner avait fermé la porte à une fusion au second tour avec la liste de LaREM, position qu'il sera peut-être amené à réviser.

Dans un sondage d'avril réalisé par Harris Interactive et commandé par EELV, qui portait seulement sur le premier tour, le RN Laurent Jacobelli était donné en tête avec 28% des voix, devant Jean Rottner (24%).

Localement, la campagne a été marquée par des bisbilles à droite, qui pourraient profiter au RN. Jean Rottner avait refusé que la députée européenne Nadine Morano figure sur sa liste, ce qui a déclenché l'ire de cette dernière, accusant le président sortant de vouloir "dépecer LR". Laurant Jacobelli avait alors tendu la main à l'ancienne ministre de François Fillon, déclarant qu'il serait "ravi de compter sur (son) vote".

Nadine Morano a indiqué par la suite qu'elle ne voterait pas pour Jean Rottner, sans toutefois préciser vers quelle liste irait sa préférence.

Jean Rottner avait succédé en 2017 à Philippe Richert, démissionnaire. En 2015, ce dernier avait emporté le scrutin avec 48,40% des voix au second tour au terme d'une triangulaire face au candidat du Front national Florian Philippot (36,08%) et au candidat socialiste Jean-Pierre Masseret (15,51%).

Les Hauts-de-France, avant-match de la présidentielle?

À un an de la présidentielle, de nombreux regards convergent vers les Hauts-de-France. Le président sortant Xavier Bertrand, qui s'est déjà lancé dans la course à l'Élysée, est pour l'heure favori, mais talonné par le Rassemblement national mené par Sébastien Chenu.

Preuve de l'attention soutenue accordée par l'exécutif à l'élection dans les Hauts-de-France, pas moins de cinq ministres figureront sur la liste de la majorité présidentielle, dont le secrétaire d'État aux Retraites Laurent Pietraszewski, chef de file.

Selon un sondage Ifop pour Le Figaro et LCI, paru le 8 juin, l'ex-LR Xavier Bertrand mène toujours avec 34% des intentions de vote, d'une courte tête devant la liste RN de Sébastien Chenu (32%). La liste d'union de la gauche conduite par l'écologiste Karima Delli est créditée de 20% des intentions de vote, loin devant celle de la majorité (10%). Au vu de la marge d'erreur, cette dernière n'est donc pas assurée d'être présente au second tour.

Au second tour, en cas de triangulaire sans LaREM, avantage à Xavier Bertrand qui emporterait le scrutin avec 43% des voix, devant le RN (35%) et la liste d'union à gauche (22%).

En cas de de quadrangulaire avec un maintien de LaREM, Xavier Bertrand et Sébastien Chenu seraient à égalité, selon cette enquête, avec 35% des suffrages chacun, devant la liste de Karima Delli (19%) et celle de la majorité (11%).

En 2015, Xavier Bertrand s'était imposé avec 57,77% des voix au second tour face à la candidate du Front national Marine Le Pen, qui avait recueilli 42,23% des suffrages. Le PS s'était désisté au nom du front républicain.

En Île-de-France, Pécresse devrait sans surprise rempiler

Elle avait fait basculer la région à droite en 2015, et pourrait bien la conserver en 2021. La présidente sortante de la région capitale Valérie Pécresse est à ce jour donnée favorite dans la course à sa succession.

Selon le sondage réalisé par Opinionway pour CNews et dévoilé ce mardi, l'ex-LR obtiendrait 34% des voix au premier tour, loin devant le RN Jordan Bardella (17%). Laurent Saint-Martin, tête de liste LaREM, obtiendrait 15% des intentions de vote, suivi par l'écologiste Julien Bayou (13%). La candidate LFI-PCF Clémentine Autain est créditée de 10% des suffrages, tout comme Audrey Pulvar, soutenue par le PS.

Au second tour, en cas de quadrangulaire avec la gauche et les écologistes unis derrière Julien Bayou (27%), la sortante l'emporterait avec 39% des voix. La liste de la majorité arriverait troisième (17%), à égalité avec celle du RN.

Selon un sondage réalisé par Elabe pour BFMTV et diffusé la semaine passée, Valérie Pécresse était aussi donnée en tête aux premier et second tours, quelle que soit la configuration.

En 2015, Valérie Pécresse s'était hissée à la tête de la région avec 43,80% des voix au second tour au terme d'une triangulaire face au socialiste Claude Bartolone (42,18%) et au candidat du Front national Wallerand de Saint-Just (14,02%). Au premier tour, elle était déjà arrivée en tête avec 30,51%.

En Occitanie, Carole Delga challengée par le RN

En Occitanie, à l'instar d'autres régions, un duel entre la présidente sortante et la liste du Rassemblement national est pressenti. La liste du parti d'extrême droite, menée par Jean-Paul Garraud, député européen et transfuge LR, pourrait arriver en tête à l'issue du premier tour du scrutin avec 31% des voix, selon un sondage Ifop-Fiducial pour La Dépêche et Sud Radio, paru samedi.

La présidente sortante Carole Delga arriverait, d'après cette enquête, en deuxième position avec 29% des voix, loin devant la liste LR menée par le secrétaire national du parti et député du Lot Aurélien Pradié (12%) et celle de la majorité portée par Vincent Terrail-Novès (11%). La liste écologiste menée par Antoine Maurice arriverait en cinquième position avec 10% des intentions de vote.

Au second tour, quelle que soit la configuration, c'est Carole Delga qui est in fine donnée gagnante. En cas de quadrangulaire, la socialiste (avec un ralliement d'EELV) pourrait obtenir 40% des voix, devant le RN Jean-Paul Garraud (32%). Vincent Terrail-Novès et Aurélien Pradié seraient à égalité avec 14% des votes.

En cas de triangulaire, avec un retrait de la liste de la majorité, la sortante l'emporterait plus largement avec 44% des suffrages, devant un RN à 34% et LR à 22%.

Ce sondage confirme les tendances et rapports de force déjà pointés par une précédente enquête réalisée par l'Ifop pour Europe 1 et La Tribune.

En 2015, l'ancienne ministre du quinquennat de François Hollande l'avait emporté au second tour au terme d'une triangulaire avec 44,81% des voix, face au candidat du Front national Louis Aliot (33,87%) et celui du parti Les Républicains Dominique Reynié (21,32%).

Paca proche de basculer entre les mains du RN

Un rapprochement envisagé entre la liste Les Républicains (LR) du sortant Renaud Muselier et celle La République en Marche Sophie Cluzel a mis le feu à la campagne des régionales en Paca. Une étincelle avant un rétropédalage, annonce d'un maintien de la liste de la majorité, avant une décision de retrait. Finalement, la secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées a apporté son soutien au patron de l'exécutif provençal.

Un manque de lisibilité et des atermoiements qui pourraient avoir contribué à une sanction dans les urnes. Selon plusieurs sondages, Thierry Mariani serait en position de faire tomber Paca dans l'escarcelle du Rassemblement national. Depuis un premier sondage réalisé par Le Figaro début mai, d'autres enquêtes d'opinion sont venues appuyer cette probabilité, à l'instar d'un sondage réalisé par Elabe pour BFMTV le 26 mai dernier.

Selon une dernière enquête publiée ce mardi réalisée par Ifop-Fiducial pour LCI et Le Figaro, Thierry Mariani, autre transfuge de la droite traditionnelle qui fut ministre sous Nicolas Sarkozy, est donné gagnant quelle que soit la configuration et renforce son avantage.

Le candidat RN récolterait 41% des voix au premier tour, loin devant la liste du sortant Renaud Muselier (34%) et celle des écologistes et d'union à gauche menée par Jean-Laurent Félizia (17%).

Au second tour, en cas de triangulaire, le député européen l'emporterait avec 44% des suffrages, devant la liste de Renaud Muselier (36%) et celle de la gauche et des écologistes (20%).

En cas de retrait de cette dernière liste, par exemple en cas de front républicain, Thierry Mariani pourrait tout de même l'emporter avec 51% des voix, contre 49% pour Renaud Muselier, comme le pointait déjà l'enquête de la semaine passée réalisée par Ipsos-Sopra Steria pour France 3 et France Bleu.

En 2015, Christian Estrosi avait gagné la région avec 54,78% des voix, contre la candidate du Front national Marion Maréchal, qui avait récolté 45,22% des suffrages. Le PS s'était retiré en vertu d'un front républicain. Renaud Muselier avait succédé à Christian Estrosi en 2017, après que le maire de Nice avait choisi de se consacrer à sa ville, en raison de la loi sur le non-cumul des mandats.

Clarisse Martin Journaliste BFMTV