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Front républicain aux régionales: qui veut quoi?

Manuel Valls et Jean-Christophe Cambadélis le 7 juin 2015 au congrès du PS.

Manuel Valls et Jean-Christophe Cambadélis le 7 juin 2015 au congrès du PS. - Mehdi Fedouach - AFP

Les élections régionales approchent, et la stratégie du PS quant à un éventuel front républicain s'annonce floue. Car entre l'état-major du parti et les candidats, les intérêts ne sont pas toujours les mêmes. Tour d'horizon des positions.

A moins de 48 heures des élections régionales, les bons scores du FN dans les sondages inquiètent le PS. En mauvaise posture, le parti de la majorité peine à communiquer un message clair sur ses intentions à l'issue du premier tour: en cas de triangulaire, le candidat du PS doit-il se retirer en faveur de la droite pour faire barrage au FN? Ou doit-il au contraire se maintenir en s'alliant avec d'autres partis de gauche?

> A Matignon, on n'écarte "aucune hypothèse"

Le 26 octobre, la campagne démarre réellement et Manuel Valls est l'invité du Bondy Blog. L'occasion pour le Premier ministre d'affirmer qu'il est "hors de question de laisser le Front national gagner une région". Même refrain le 12 novembre: "le soir du premier tour, il ne faudra écarter aucune hypothèse et tout faire pour empêcher le Front national de gagner une région (…) Ceux qui écartent une hypothèse mentent aux Français", martèle-t-il. Façon encore, au-delà du front républicain, de ne pas écarter la fusion de listes avec la droite. Le Premier ministre sème le trouble.

> A Solférino, on renvoie le problème à dimanche soir

D'autant qu'à la direction du PS, on conçoit les choses autrement. Dès septembre, Jean-Christophe Cambadélis avait lancé l'offensive: pour lui, "les déclarations extrémistes de Christian Estrosi et de Xavier Bertrand sur les réfugiés empêchent désormais le Front républicain". Le patron du PS ne souhaite plus entendre parler de retrait au profit de la droite. Et dans sa démarche, il a même été soutenu par plusieurs socialistes dont le député "frondeur" Laurent Baumel, qui avait signé dans Le Monde une tribune contre le front républicain. Pourtant depuis, le patron de Solférino a infléchi son discours. "Je n'exclus rien", avait-il affirmé fin octobre.

Et aujourd'hui? Le mystère s'épaissit. Désormais, la direction du PS renvoie au bureau national, l'instance dirigeante du parti, qui se tiendra dimanche soir pour arrêter sa position pour le deuxième tour. Mais le PS devra aussi composer avec ses alliés: si la secrétaire nationale d'EELV, Emmanuelle Cosse, se dit prête à retirer ses listes, le Parti de gauche, lui, s'y refuse.

> Chez les candidats, le retrait n'est pas une évidence

Même en interne, les discussions risquent d'être rudes. Car entre Solférino et les candidats, les intérêts divergent parfois. Dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, le socialiste Pierre de Saintignon, en très mauvaise position dans les sondages, compte sur une majorité de voix de l'ensemble des partis de la gauche au soir du premier tour pour s'en servir comme d'une réserve de voix. Et envisage donc de se maintenir au second tour.

Même chose pour Christophe Castaner: sur Public Sénat, son porte-parole Ladislas Polski a affirmé le 30 novembre que son retrait n'était "pas envisageable". "Le front républicain existe quand les républicains sont clairs", a-t-il justifié. Face à une telle cacophonie, c'est finalement François Hollande qui pourrait trancher. Selon RTL, le chef de l'Etat prépare activement la soirée électorale de dimanche et arbitrera au cas par cas selon les régions. Il devrait même appeler lui-même les principaux candidats socialistes pour les convaincre de se retirer si besoin.

> Et à droite?

A droite, Nicolas Sarkozy a été clair: le front républicain, c'est non. "Nous maintiendrons nos listes partout où nous serons en position de les maintenir", a-t-il affirmé mercredi sur Europe 1. Pour que les consignes soient bien claires, il réunira les cadres du parti lundi à 11 heures lors d'un bureau politique.

https://twitter.com/ariane_k Ariane Kujawski Journaliste BFMTV