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Des jeunes, des électeurs de Mélenchon ou Le Pen... Qui sont les abstentionnistes des régionales?

Les plus jeunes et les électorats des extrêmes se sont très peu déplacés aux urnes lors des élections régionales et départementales de ce dimanche.

Si l'absention au premier tour des régionales s'annonçait massive, elle a atteint un taux record. 67,5% des électeurs ne sont pas allés voter ce dimanche en France, selon l'estimation Elabe / SFR Business pour BFMTV. Il s'agit-là d'un record tous scrutins confondus, à l’exception du référendum instaurant le quinquennat, en 2000 (69,8 % d’abstention).

D'après plusieurs sondages, l'abstention a touché tous les âges et toutes les classes sociales. BFMTV.com fait le point.

• Près de 90% des 18-24 ans ont boudé les urnes

L'absention chez les jeunes, traditionnellement plus élévée que dans les autres classes d'âge, a atteint des records lors de ce premier tour. Une enquête Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions* révèle que 87% des 18-24 ans ne se sont pas exprimés dans les urnes et 83% des 25-34 ans.

Dans la tranche d'âge d'au-dessus, les 35-49 ans, l'abstention reste forte: 29% seulement sont allés voter. Un taux quasiment égal chez les 50-59 ans, qui sont 68% à ne pas s'être déplacés, contre 56% des 60-69 ans.

Le taux d'abstention ne devient minotaire qu'au-delà des 70 ans, avec 40%.

• Employés, ouvriers, cadres... Une abstention relativement homogène

Par ailleurs, l'écart au niveau des catégories socioprofessionnelles s'est réduit lors de ce premier tour. Toujours selon l'enquête Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, 75% des employés et ouvriers se sont abstenus, mais également 69% de la catégorie dite supérieure (71% des artisans et commerçants et 69% des cadres). D'après une autre enquête Ifop-Fiducial pour TF1 et LCI**, le taux est similaire chez les professions intermédiaires, avec 73% d'absention.

Si les catégories de la population aisées (plus de 2500 euros par mois de revenu mensuel) sont moins touchées par l'abstention (61%) que la catégorie la plus pauvre (moins de 900 euros par mois), chez qui le taux atteint 78%, l'écart se resserre sur le reste de la population.

Au sein des ménages de classe moyenne supérieure (entre 1900 et 2500 euros par mois) et ceux de la classe moyenne inférieure (1300-1900 euros), l'absention s'élève à 67%. Chez les ménages modestes (moins de 1300 euros mensuels), elle atteint les 66%.

L'absention reste également homogène dans les grandes ou petites villes: 65% des électeurs résidant dans une ville de plus de 100.000 habitants ont boudé les urnes, contre 67% de la population résidant dans une ville de moins de 10.000 habitants.

• L'électorat de Le Pen et Mélenchon largement absentionniste

En se basant sur le vote au premier tour de la présidentielle de 2017, l'électorat des extrêmes est celui qui s'est le plus abstenu. Plus des deux-tiers des électeurs de Marine Le Pen (71%) ne sont pas allés voter, contre les trois-quarts de l'électorat de Jean-Luc Mélenchon (75%), indique l'enquête Ifop-Fiducial pour TF1 et LCI.

Viennent ensuite les électeurs d'Emmanuel Macron (64%), puis ceux de Benoît Hamon (60%). Ce n'est que chez les électeurs de François Fillon que l'abstention n'est pas majoritaire avec 48%.

• Défiance envers les politiques, désintérêt...

Parmi les raisons évoquées par les absentionnistes pour expliquer leur non-participation au scrutin, la première (35%) est le manque de confiance dans les responsables politiques, d'après une enquête Harris Interractive pour M6***.

31% des absentionnistes ont également considéré que l'élection n'allait pas changer "grand chose" à leur vie quotidienne, et 30% ont déclaré que le scrutin ne les intéressaient pas. Pour 13% d'entre eux, ne pas aller voter est l'expression du mécontentement envers le gouvernement d'Emmanuel Macron.

Si, peu après l'annonce des résultats, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement a plaidé que l'abstention, "abyssale", était "en partie liée à la situation sanitaire", d'après cette enquête, seuls 10% des absentionnistes ont déclaré ne pas aller voter par peur du Covid-19.

* Enquête menée auprès d'un échantillon de 3001 personnes inscrites sur les listes électorales, représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes: sexe, âge, profession de la personne interrogée, région, catégorie d'agglomération. Les interviews ont été réalisées par Internet, entre le 16 et 19 juin 2021.

** Enquête menée auprès d’un échantillon de 2 642 personnes inscrites sur les listes électorales, extrait d’un échantillon de 2 935 personnes, représentatif de la population résidant en France métropolitaine âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne le 20 juin 2021 de 11 heures à 18 heures.

*** Enquête réalisée en ligne le 20 juin 2021. Échantillon de 6 235 personnes inscrites sur les listes électorales dans les régions de France (hors territoires d’Outre Mer), issu d’un échantillon de 7 230 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes: sexe, âge, catégorie socioprofesionnelle et région de l’interviewé(e), taille d’agglomération et vote aux élections antérieures.

Fanny Rocher