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Régionales

Cinq cartes et graphiques pour mieux comprendre les régionales

Marion Maréchal Le Pen s'adresse à ses militants après l'annonce des résultats du deuxième tour, et de sa défaite, à Marseille.

Marion Maréchal Le Pen s'adresse à ses militants après l'annonce des résultats du deuxième tour, et de sa défaite, à Marseille. - Anne-Christine Poujoulat - AFP

INFOGRAPHIE - Succès du Front national, échec de la droite à créer une vague bleue, solidité de la gauche malgré un contexte de défiance vis à vis du gouvernement... Les élections régionales ont été riches de surprises et d'enseignements sur l'état de la vie politique française. Alors que la présidentielle de 2017 pointe à l'horizon, que retenir de ce scrutin?

Les élections régionales se sont achevées avec un goût d'échec pour la plupart des partis en lice. Le Parti socialiste a dû se retirer de trois seconds tours pour faire barrage au FN, Les Républicains ont dû reconnaître qu'une part des suffrages dont ils ont bénéficié ne relèvent pas de l'adhésion à leur programme et le Front national n'a décroché aucune présidence, lui qui se voyait déjà sacré dans une ou plusieurs régions. Mais surtout, les résultats ont été analysés comme l'ultime avertissement d'une population insatisfaite de son offre politique.

Que retenir de cette élection régionale? Quels enseignements en tirer à l'approche de la présidentielle de 2017? Cinq cartes et graphiques permettent d'y voir un peu plus clair.

>> La gauche sauve les meubles

Le Parti socialiste et ses alliés conservent cinq régions sur les treize de la métropole, ce qui est un score honorable compte tenu du contexte et des scores obtenus au premier tour. La vague bleue, qui n'emporte que sept de ces territoires, est donc loin d'avoir balayé le rose. Les socialistes sont, d'ailleurs, plutôt bien représentés en nombre de sièges dans l'opposition des régions où ils ont conservé leur liste. 

La carte des résultats donne l'impression d'un échec du Front national, mais cette question nécessite un examen plus approfondi. 

>> Le Front national consolide sa présence 

Le score historique du Front national, près de 7 millions de suffrages, lui permet de s'ancrer plus profondément dans les territoires qu'il ne l'a jamais été. Sinon une présidence de région, ces élections ont offert au parti frontiste une présence massive dans une institution où elle était encore peu présente. En triplant leur nombre de conseillers régionaux, le FN arrive à un total de 358 sièges toutes régions confondues. C'est plus de la moitié des sièges de la gauche, plus d'un tiers des sièges de la droite et cela lui assure l'obtention quasi automatique des 500 parrainages nécessaire en vue de la présidentielle.

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Le nombre de sièges qui seront attribués par couleur politique montre bien à quel point le rapport de force politique est en train de se modifier dans le pays.

>> La plus grande victoire du parti d'extrême droite

Jamais de son histoire le Front national n'avait fait de tels scores en termes de nombres de voix. Si le premier tour des régionales avait frôle le record de 2012, le deuxième tour a créé une mobilisation inédite à l'extrême droite. La courbe des résultats électoraux du FN depuis sa création bat en brêche l'idée qu'un "plafond de verre" stopperait l'avancée des frontistes: s'il n'a cessé d'augmenter, s'il est capable de récupérer un million de nouveaux électeurs entre le premier et le second tour, rien ne permet d'affirmer qu'il est incapable de mobiliser encore plus à l'avenir.

Le Front national a toujours été considéré comme un parti "de second tour" et un parti "de présidentielle", incapable de rassembler dans d'autres conditions. L'histoire de ses scores électoraux le confirme. Mais ce graphique montre que si c'était effectivement le cas par le passé, la donne a changé depuis cette année 2015. Considérer ces élections comme un échec pour le Front national paraît hasardeux à la lumière de ces chiffres.

>> Les enseignements du vote blanc

Le vote blanc est comptabilisé à part en France depuis 2014. Relativement marginal (2,80% au deuxième tour des régionales), ses variations sont intéressantes. On remarque en premier lieu qu'il a augmenté entre le premier et le deuxième tour, ce qui paraît logique puisque l'offre politique s'est restreinte. Un phénomène saute aux yeux sur la carte du vote blanc au deuxième tour: son taux est deux fois plus élevé, en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en Provence-Alpes-Côte-d'Azur. Ces exceptions n'étaient pas présentes dans les résultats du premier tour.

Le vote blanc explose dans les régions dans lesquelles le PS s'est retiré au profit du "barrage républicain". Ce vote de protestation n'est pas assez important pour changer la donne, mais il montre qu'une partie de la population n'est pas prête à voter contre ses convictions, même s'il s'agit d'empêcher le FN d'accéder à la présidence. 

>> Une légère féminisation des présidences

Si la parité est presque atteinte dans les conseils régionaux (avec 47,8% de femmes en moyenne), on ne peut pas en dire autant pour les capitaines: sur les 17 régions (outremers compris), seules trois présidentes ont été élues: Valérie Pécresse (LR) en Ile-de-France, Carole Delga (PS) en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et Marie-Guite Dufay (PS) en Bourgogne-Franche-Comté.

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C'est toujours une amélioration comparé au précédent exercice, durant lequel Marie-Guite Dufay était la seule présidente à porter le flambeau au milieu d'assemblées -22! - dominées par des hommes. Déjà, aux départementales, les têtes de liste étaient très majoritairement des hommes.