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Aucune région FN: Manuel Valls a gagné son pari                          

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Arrivé en tête dans six régions au premier tour, le FN n’en a finalement remporté aucune dimanche soir. Une victoire pour le Premier ministre socialiste, qui avait personnellement appelé entre les deux tours à voter pour la droite dans trois régions pour contrer le parti de Marine Le Pen?

Dimanche soir, le ton n'était pas à l'euphorie pour Manuel Valls. Si le Front national n'a finalement remporté aucune région au second tour, le Premier ministre socialiste, qui n'a de cesse de dénoncer le parti de Marine Le Pen et avait entre les deux tours appelé à voter pour les candidats de la droite dans trois régions pour empêcher une victoire frontiste, s'est défendu de tout "triomphalisme".

"Le danger de l'extrême droite n'est pas écarté, loin de là", a-t-il réagi à l'annonce des premières estimations. Saluant un "élan très digne", le chef du gouvernement a assuré que les résultats ne donnaient lieu à "aucun soulagement, aucun triomphalisme".

"Tout cela nous oblige à entendre davantage les Français, à agir sans relâche, plus vite, pour obtenir plus de résultats", a-t-il expliqué, citant en particulier l'emploi.

Des candidats PS sacrifiés

Pourtant, outre le mode de scrutin, le sursaut de mobilisation des électeurs, et le "plafond de verre" que les analystes mettent en avant pour expliquer l'échec du FN à transformer l'essai, la stratégie de "front républicain" du Premier ministre pour faire barrage au FN semble aussi avoir payé.

Arrivée en tête dans six régions le 6 décembre, avec des résultats record, la formation d'extrême droite n'a en définitive pas réussi à accéder au pouvoir dans ce dernier scrutin avant la présidentielle de 2017. De son côté, la gauche a réussi à conserver cinq régions, contre sept gagnées par la droite.

Dans trois régions, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, et en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, le Parti socialiste a décidé à l'issue du premier tour de sacrifier ses candidats, arrivés en troisième position. Lundi soir dernier, Manuel Valls a appelé les électeurs à voter pour les listes de la droite le 13 décembre dans ces régions, citant nommément Christian Estrosi, Xavier Bertrand et Philippe Richert. "Il n'y a pas de ni-ni", a-t-il plaidé sur le plateau du 20 heures de TF1.

Dans la semaine, le Premier ministre a par ailleurs mis en garde contre le vote FN, dénonçant sur BFMTV "l'arnarque" que représente selon lui le projet frontiste. Et brandi la menace d'une "guerre civile" si le FN prenait le pouvoir.

"Percée historique" et enracinement du FN

"Si je n’avais pas retiré ma liste, Marine Le Pen serait la présidente" de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, s'est félicité le candidat PS déchu Pierre de Saintignon lundi matin sur BFMTV.

Mais quelques chiffres viennent ternir cet apparent succès, et marquent l'enracinement du FN. Jamais le Front national n'aura récolté autant de voix à une élection: 6,8 millions de bulletins de vote en sa faveur au second tour. Dans toutes les régions sauf la Corse et l'Île-de-France, le nombre de voix frontistes a augmenté entre les deux tours. Enfin, le parti fondé par Jean-Marie Le Pen obtient 358 conseillers régionaux sur l'ensemble du territoire.

"C’est une percée historique", a rappelé lundi matin sur BFMTV Frédéric Micheau, directeur des études d’opinion chez Opinionway. "Le FN a progressé de 800.000 voix par rapport à dimanche dernier. Le score obtenu hier (dimanche, Ndlr) est son meilleur score électoral de toute son histoire. C’est un score supérieur à celui qu’avait enregistré Marine Le Pen à la présidentielle de 2012", a souligné le sondeur. "C’est une vraie performance."

V.R.