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Municipales: les résultats d'un scrutin en Loire-Atlantique annulés à cause de l'abstention

La mairie de Malville - Image d'illustration

La mairie de Malville - Image d'illustration - Google Streetview

Le tribunal administratif de Nantes remet en cause la "sincérité" du vote, qui s'est soldé par un taux d'absention de 55,37%.

"Je me dis que si on annule à Malville, on doit le faire partout en France!" Élue le 15 mars à la majorité absolue maire de cette commune de Loire-Atlantique située à quelques kilomètres de Nantes, Martine Lejeune est en passe de devenir une "victime" inattendue du coronavirus.

Les trois voix de la discorde

Vendredi passé, en raison d'un taux d'abstention de 55,37% pour le premier tour du scrutin municipal, le tribunal administratif de Nantes a tout bonnement annulé le résultat de l'élection dans un jugement en référé, rapporte Ouest-France. Pour rappel, à l'échelle nationale, ce même taux d'abstention a frôlé les 56%.

Du côté de la justice, on justifie cette décision de la manière suivante:

"S’il est constant que 265 voix séparent les deux listes arrivées en tête, il résulte toutefois de l’instruction que la liste conduite par Mme Lejeune n’a obtenu que 3 voix de plus que la majorité absolue qui conditionnait sa victoire au 1er tour", précise le jugement, publié dans les colonnes du quotidien régional, qui remet en cause la "sincérité" du vote.

Recours devant le Conseil d'État

En réalité, le recours, déposé le 30 avril passé, vient de celle qui a terminé le scrutin en seconde position avec 25,99% des suffrages exprimés, la candidate sans étiquette Magali Janvier. Interrogée par Ouest-France, cette dernière précise toutefois n'avoir aucun grief personnel contre Martine Lejeune.

"Mon constat est que nos électeurs n’ont pas pu venir voter par peur du virus et des messages alarmistes du gouvernement quelques jours avant le 1er tour. De nombreuses personnes âgées que nous avons appelées pendant le confinement me l’ont confirmé", analyse-t-elle. Selon elle, à Malville, le taux de participation habituel est "en moyenne de plus de 70%."

Une justification difficilement recevable pour Martine Lejeune, qui s'attendait "à plus d'impartialité car toutes les communes de France ont été impactées par le Covid et l'abstention a été encore plus forte au second tour." Pour autant, il n'est pas encore acté que les 2494 inscrits sur les listes électorales de la commune doivent de nouveau se rendre aux urnes. Courant juillet, l'actuelle maire entend bien "faire appel devant le Conseil d’État."

"Nous n’avons rien à nous reprocher, il n’y a pas eu de fraude constatée au dépouillement et il n’y a d’ailleurs eu aucune contestation le soir du 1er tour où j’ai obtenu la majorité absolue +3 voix. Tous les PV ont été signés", martèle-t-elle encore.

Sujet clivant

Du côté des Malvillois, l'incompréhension semble peu à peu laisser place à la lassitude. Dans un second article de Ouest-France, qui est allé à la rencontre des habitants de cette commune d'un peu moins de 3500 âmes, on comprend vite que le sujet est brûlant, et clivant.

"Beaucoup de Malvillois silencieux souhaitaient retourner aux urnes, afin de rendre plus démocratique la gestion de la commune", explique un habitant. Un second, assure quant à lui que "beaucoup de gens ne se sont pas déplacés à cause des risques sanitaires."
https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV