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Municipales: de LFI au RN, la classe politique demande le report du second tour

De François Rufinn à Marine Le Pen, plusieurs voix s'élèvent pour demander un report du second tour des élections municipales, à peine les résultats du 1er communiqués.

La classe politique a relégué ce dimanche soir au second plan les résultats locaux des municipales, s'interrogeant en priorité sur l'opportunité de tenir le second tour de ces élections dimanche prochain alors que l'épidémie de coronavirus fait rage en France.

Au moment où le ministre de la Santé Olivier Véran annonçait le bilan ajusté de l'épidémie en France, passé dimanche à 127 morts (+36 morts) et 5423 cas (+900) de contamination confirmés, les responsables politiques mettaient en doute ouvertement la possibilité de tenir ce second tour.

"Le maintenir serait mauvais pour la santé des citoyens"

Avant même 20 heures, le député LFI François Ruffin poussait en ce sens sur Twitter.

"Le maintenir serait mauvais pour la santé des citoyens, mais aussi pour celle de la démocratie."

Sur France 2, le secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, Julien Bayou a demandé d'"étudier l'hypothèse du report du second tour", vu que "l'épidémie écrase tout commentaire politique", alors que l'eurodéputé Yannick Jadot plaidait clairement pour un "report".

Au Rassemblement national, la présidente Marine Le Pen a estimé que "le second tour n'aura manifestement pas lieu compte tenu de l'aggravation prévisible de l'épidémie. Il faut considérer acquises les élections de premier tour et reporter les autres dans quelques mois quand l'épidémie sera jugulée", a-t-elle demandé.

La "légitimité démocratique" en question

L'un de ses lieutenants, l'eurodéputé Nicolas Bay, s'est interrogé sur la "légitimité démocratique" du scrutin avec l'abstention massive, estimée à 53,5 à 56% selon les estimations des instituts de sondage.

"Pourquoi convoquer un premier tour si on sait d'ores et déjà qu'il n'y aura pas de second tour ?" s'est étonné le Premier secrétaire PS Olivier Faure. "La question qui est posée aujourd'hui est de savoir si le gouvernement a dans l'intention d'aller vers un confinement plus général, est-ce qu'il a l'intention d'aller vers un second tour ou pas ?", a-t-il encore demandé.

Côté LR, alors que l'entourage du patron du parti Christian Jacob a fait savoir que celui-ci avait été testé positif au coronavirus, c'est le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau qui a demandé "dès demain" une réunion à Matignon sur le second tour afin d'obtenir de "la transparence" et "que nous mettions sur la table toutes les informations pour que collectivement on puisse prendre la meilleure décision pour ce pays" quant au second tour.

"Nous sommes prêts à envisager le report du second tour mais sur des critères sanitaires transparents", a appuyé le numéro deux du parti Guillaume Peltier.

Une décision en début de semaine

Les experts seront sondés "sans doute mardi" sur ce second tour, a indiqué pour le gouvernement Olivier Véran sur France 2. "Nous avons parfaitement entendu les partis politiques et nous aurons une consultation des partis politiques sous la houlette du Premier ministre", a aussi précisé la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.

"Il est important de faire confiance aux autorités sanitaires" a aussi répliqué Stanislas Guérini, le numéro un de la République en Marche (LaREM), s'inquiétant de discours "anxiogènes" dans l'opposition.

Quelques responsables politiques ont tout de même lâché des commentaires plus strictement politiques, tels sur France 2 le numéro 2 LR Guillaume Peltier voyant dans le scrutin un "vote-sanction incontestable" contre le gouvernement ou l'eurodéputé RN Thierry Mariani estimant que "la gestion RN ça marche", au vu de la réélection dès le premier tour de Steeve Briois à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) et de David Rachline à Fréjus.

Pour Yannick Jadot, sur TF1, "l'écologie politique est passée d'une offre de témoignage à une force politique majeure".

47,7 millions d'électeurs

Quelque 47,7 millions d'électeurs étaient appelés à élire leur maire, quelques heures après que le gouvernement a décrété la fermeture de tous les "lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays".

Les électeurs avaient jusqu'à 20 heures pour s'y rendre dans les plus grandes villes. Mais la participation (38,77%), en baisse de 16 points à 17, par rapport à 2014, laisse présager un scrutin historique en termes d'abstention.

Alors que des élus, dont six présidents de région, avaient plaidé samedi soir pour un report du 1er tour, le président Emmanuel Macron a souligné dimanche matin qu'il était "important de voter dans ces moments-là", après l'avoir fait lui-même avec son épouse Brigitte au Touquet.

Jé. M. avec AFP