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Municipales à Paris: vers un front anti-Griveaux dans la course à l'investiture LaREM?

Benjamin Griveaux le 28 mars 2019

Benjamin Griveaux le 28 mars 2019 - Thomas Samson - AFP

Alors que son principal rival, le député-mathématicien Cédric Villani, s'appuie sur une bonne dynamique à quelques jours des auditions de la commission nationale d'investiture de LaREM, l'ex-porte-parole du gouvernement va devoir plus que jamais compter sur le soutien tacite de l'Élysée.

"Griveaux, c'est un peu le Wauquiez de LaREM: les gens ne l'aiment pas, mais on ne sait pas pourquoi." Ces mots, qui nous ont été récemment soufflés par un élu de premier plan de la droite parisienne, reflètent malgré eux le fond de l'air. Favori putatif pour l'investiture de La République en marche, Benjamin Griveaux a reçu un coup sur la tête mercredi lorsque l'un de ses rivaux, Mounir Mahjoubi, a annoncé au Parisien qu'il ralliait la candidature de Cédric Villani. 

Les soutiens de l'ex-porte-parole du gouvernement ont beau dire qu'il s'agit là d'une marque de "stress" ou de fébrilité des camps adverses, le signal est mauvais. Malgré les mois d'effort dépensés par Benjamin Griveaux pour ancrer sa personnalité dans le paysage politique parisien, la dynamique tarde manifestement à s'enclencher. 

Bon timing

Du moins est-ce l'image qui est renvoyée. D'après L'Opinion, Hugues Renson et Anne Lebreton, toujours en lice pour défendre leur "dossier" face à la commission nationale d'investiture (CNI) de LaREM le 9 juillet, pourraient également rallier le mathématicien avant l'échéance.

Le timing, pour le député de l'Essonne, ne pouvait pas être meilleur: son meeting de ce jeudi soir au théâtre du Gymnase (600 places) n'en générera que plus de curiosité. Il y sera fort, aussi, du soutien d'un ex-LaREM, le député de Maine-et-Loire Matthieu Orphelin, écologiste en délicatesse avec le parti présidentiel mais qui y conserve des relais. 

"Ce n'est pas une surprise"

Le camp Griveaux refuse pour autant de céder à la panique. "Le ralliement de Mounir n'est pas une surprise, on s'y attendait. Lui et Cédric partagent la même vision. Il y a une logique à leur rapprochement", estime le sénateur LaREM de Paris Julien Bargeton. 

"Il y a une autre conséquence positive, c'est que plus personne ne conteste la CNI, qu'il s'agisse de la procédure ou de la date", ajoute-t-il auprès de BFMTV.com.

Mercredi, dans la foulée de l'annonce de Mounir Mahjoubi, un proche d'Emmanuel Macron nous glissait qu'in fine, la décision reviendrait au chef de l'État.

"S'il veut Griveaux, la CNI tranchera pour Griveaux avant le 14 juillet, point."

De quoi laisser poindre le risque, au vu de la tournure des événements, que la CNI retarde sa prise de décision pour éviter d'infliger un camouflet à l'Élysée en optant pour Cédric Villani. 

"Je n'y crois pas. On a besoin d'un candidat maintenant, car le 1er septembre, on ouvre le compte de campagne. D'ici là, il faudra échafauder 17 listes de secteur [une loi votée en 2017 prévoit qu'à partir de 2020, les quatre premiers arrondissements de Paris seront gérés par un seul maire, ndlr], 17 projets... C'est une immense machine à mettre en route", prévient Julien Bargeton.

"Qui sera le plus efficace?"

D'autres soutiens de Benjamin Griveaux se rassurent en affirmant que le ralliement de Mounir Mahjoubi à Cédric Villani "simplifie l'offre politique".

"La CNI aura le choix entre deux profils très différents, deux stratégies. Elle devra prendre sa décision en n'ayant qu'une question à l'esprit: qu'est-ce qui sera le plus efficace pour gagner Paris? Lequel des candidats sera en capacité de nous apporter 82 conseillers municipaux?" 

Chacun sait qu'a minima, le président de la République "jettera un œil" sur les conclusions rédigées par la CNI. Reste à savoir s'il tiendra compte du "décalage d'image" (c'est le terme utilisé par un pro-Griveaux) dont souffre l'ancien secrétaire d'État. Pendant ce temps-là, l'hypothèse consistant à propulser Édouard Philippe pour sauver la mise, en dernier ressort, continue de faire son chemin mezza voce.

"Une option électoralement crédible, mais politiquement impensable", nous a résumé un proche d'Emmanuel Macron.

Jules Pecnard