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Municipales à Paris: désigné par son camp, Griveaux doit désormais ratisser larger

Photo d'illustration.

Photo d'illustration. - Ludovic Marin - AFP

Même s'il bénéficie de sa proximité avec l'Elysée, l'ex-porte-parole du gouvernement ne fait pas l'unanimité au sein de son propre camp. Il devra par ailleurs élargir son espace politique pour affronter Anne Hidalgo, dont la cote de popularité s'améliore.

Pour Benjamin Griveaux, le plus dur reste à faire. Choisi à l'unanimité par les membres de la commission nationale d'investiture de La République en marche, l'ancien porte-parole du gouvernement doit désormais convaincre qu'il est à même de ravir Paris à la gauche aux élections municipales. Pour ce faire, il devra rassembler son propre camp. 

Avant même qu'il ne soit investi par la CNI, l'ex-socialiste a été devancé par son principal concurrent, Cédric Villani, qui a annoncé sa défaite dans un communiqué diffusé via Twitter. Depuis, le mathématicien manie l'ambiguïté sur sa volonté de se présenter en candidat libre. 

"Il n'est pas question de faire les mauvais joueurs, mais il faut que les règles soient les mêmes pour tout le monde. Et en l'occurrence je ne pense pas que cela a été le cas", affirme auprès de BFMTV.com la députée LaREM de Paris Anne-Christine Lang, soutien de Cédric Villani. 

"Ouvrir les portes et les fenêtres"

D'après L'Obs, le député de l'Essonne ne compte pas appeler ses partisans à se ranger derrière la candidature de Benjamin Griveaux. Il se laisse par ailleurs l'été pour décider s'il fait dissidence ou pas. Un scénario catastrophe pour LaREM, qui aura tout loisir de se référer à l'exemple des municipales de 2001, lorsque la droite s'est fracturée au point de perdre la capitale au profit du Parti socialiste. 

Pour l'éviter, l'entourage de Cédric Villani enjoint l'ancien secrétaire d'État à Bercy à "ouvrir les portes et les fenêtres". Autrement dit, à revenir à l'ADN "et de droite, et de gauche" du parti macroniste. "Au-delà de sa personne, Griveaux est le symbole d'un fonctionnement partisan très vertical. Beaucoup de marcheurs parisiens voudraient le voir améliorer", peste Anne-Christine Lang. 

"Au pire, on donne un ministère à Villani et on n'en parle plus", glisse, à moitié ironique, un cadre du parti présidentiel auprès de BFMTV.com

"C'est lui qui en a le plus envie"

Proche de Benjamin Griveaux, Bourguignon et ex-PS comme lui, le sénateur LaREM François Patriat estime qu'il est doté du "projet le plus solide".

"Il va rassembler, vous allez voir. Il a une connaissance du terrain et des arrondissements que ses rivaux n'avaient pas. Il est jeune, il a un contact humain bien meilleur que ce qu'on lui accorde. Et surtout, c'est lui qui en a le plus envie", claironne l'élu de Côte-d'Or. 

Reste à conjurer la rumeur, qui s'est faite bruyante ces derniers jours, d'un parachutage d'Édouard Philippe à Paris en cas de sondages stagnants pour l'ancien porte-parole du gouvernement. Une option qui, depuis des mois, attise l'appétit de nombreux élus Les Républicains de la capitale. Ces derniers s'appuient notamment sur le transfert électoral qui s'est opéré entre l'élection présidentielle et les européennes du 26 mai dernier. Sur les 20 arrondissements, 16 ont vu LaREM arriver en tête du scrutin - notamment ceux de l'Ouest bourgeois, qui votent traditionnellement LR.

"C'est mort, ils ne l'auront pas, Philippe", veut croire un membre du bureau exécutif du parti présidentiel. "J'ai parlé à des élus de droite à Paris qui me disent qu'ils sont prêts à voter Griveaux pour dégommer Hidalgo. Elle est morte, les Verts ne voteront pas pour elle. Ils vont la mettre dans des triangulaires dans des tas d'arrondissements."

Il y a fort à parier que les conseillers Europe écologie-Les Verts élus en mars prochain ne voteront pas non plus pour un candidat LaREM... S'ajoute à cela le fait qu'Anne Hidalgo a tout de même vu sa popularité progresser de quelques points dans un récent sondage Ifop réalisé pour Paris-Match.

Les incohérences de l'option Philippe

Le scénario Philippe, quant à lui, se heurte par ailleurs à des questions de calendrier. Plongé dans une session extraordinaire particulièrement chargée au Parlement, le Premier ministre aura bien du mal à justifier un départ d'ici l'automne. Entre-temps, Benjamin Griveaux aura eu le temps de se consacrer pleinement à la rédaction de son projet, à la constitution de ses listes et à la préparation de son équipe de campagne.

Quelles que soient les intentions de vote en faveur du candidat investi par LaREM face à la maire sortante, le choix d'imposer Édouard Philippe à la dernière minute exigerait, du reste, un effacement de la part de son ancien ministre. Un sacrifice dont rien ne dit qu'il serait prêt à le faire. "Et puis, considérer qu'à la simple lecture des européennes, la municipale à Paris va se jouer à droite, c'est une erreur", abonde Anne-Christine Lang. Et de poursuivre:

"Si tant est qu'on considère que la sécurité et la propreté sont des sujets de droite, et que la gauche se borne à la culture, au social et à l'accueil des migrants... Il faut renouer avec l'ouverture originelle du macronisme."

Benjamin Griveaux a huit mois pour réussir ce pari.

Jules Pecnard