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La Bastide, commune sans maire en guerre contre la préfecture

L’élu n’a pas l’intention de s’en laisser conter. En signe de protestation, Roger Senié a démissionné

L’élu n’a pas l’intention de s’en laisser conter. En signe de protestation, Roger Senié a démissionné - -

Le maire de La Bastide-de-Bousignac, en Ariège, a démissionné pour protester contre l'inclusion de sa commune dans une intercommunalité. L'élection de dimanche ne résoudra pas le problème: seuls deux électeurs se sont déplacés, ils ont voté blanc et nul.

La Bastide-de-Bousignac est un petit village ariégeois de 338 âmes, qui n’a pas connu l’alternance municipale depuis... 1947. Mais La Bastide-de-Bousignac est aussi un village en résistance: son maire, Roger Sénié, 92 ans, co-doyen des maires de France, élu au premier tour depuis la Seconde Guerre mondiale, a démissionné, et avec lui deux adjoint, huit conseillers.

Il proteste contre l’inclusion forcée de sa commune dans l’intercommunalité de Mirepoix.

Un différend à 145.000 euros est à l’origine de ces péripéties. Pour la première fois, la commune s’apprêtait à goûter les fruits de sa zone industrielle de 12 entreprises: 145.000 euros de taxe professionnelle venant tout droit de la plus grande d’entre elles, Actis, qui en était exonérée jusque là. Un véritable trésor pour une commune au budget annuel de 300.000 euros. Un trésor qui lui passe sous le nez.

Adieu le pactole

La préfecture a annoncé à Roger Senié que sa commune allait intégrer l’intercommunalité dès 2013, car elle est considérée comme une commune isolée. Résultat, le pactole de la zone de Caraud ne fera que passer entre les mains du premier magistrat de La Bastide, pour atterrir au Pays de Mirepoix.

La pilule est d’autant plus difficile à avaler que la préfecture avait assuré à Roger Senié, selon l’élu, qu’elle allait repousser cette inclusion à 2014. Cela aurait laissé à la municipalité, pour cette année du moins, la possibilité de jouir de cette manne.

L’élu n’a pas l’intention de s’en laisser conter. En signe de protestation, il a démissionné, avec une partie du conseil municipal, laissant la mairie inoccupée le temps d’organiser de nouvelles élections.

251 inscrits, 2 votants, 1 blanc, 1 nul

Du haut de ses onze mandats et 66 ans de fonction, on ne pouvait imaginer que le maire ne soit pas fidèlement suivi par ses administrés. Comme un seul homme, ce dimanche, jour du vote, les 251 électeurs sont restés chez eux. Seuls deux, opposés au principe du boycott, ont préféré voter blanc et nul.

La mairie demeure donc vide, les 145.000 euros en suspens et le deuxième tour, qui ne devrait pas donner un résultat bien différent, se déroulera dimanche prochain.