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Coronavirus: comment les villes touchées se préparent à la tenue des municipales

Un isoloir lors d'une élection (photo d'illustration).

Un isoloir lors d'une élection (photo d'illustration). - Jean-Sébastien Evrard - AFP

À Mulhouse, des mesures sanitaires exceptionnelles ont été mises en place en vue du premier tour du scrutin. Dans des bureaux de vote un peu partout en France, du gel hydro-alcoolique et des mouchoirs jetables seront mis à disposition des électeurs.

Les bureaux de vote se préparent aux élections municipales de dimanche à l'ombre du coronavirus. La propagation menace autant les assesseurs, tentés par endroits de se désister, que les électeurs, potentiellement rétifs à se déplacer. De quoi faire craindre une forte abstention dans certains pans entiers du corps électoral, en particulier chez les personnes âgées. 

"Venez voter avec des gants, avec des bonnets, avec des masques, mais venez voter!", a lancé mardi le député Les Républicains de l'Oise Eric Woerth, à l'instar d'autres politiques qui ont appelé à ne pas sacrifier le scrutin des 15 et 22 mars sur l'autel du Covid-19.

Selon un sondage Ifop réalisé le 5 mars et publié ce dimanche, 28% des électeurs sont susceptibles de ne pas aller voter dimanche prochain en raison des risques de contagion, et ce davantage dans les grandes villes que dans les communes rurales. Mais 72% iront voter malgré tout.

Mise à disposition de gel hydro-alcoolique

Pour encourager la mobilisation, le ministère de l'Intérieur a pris des mesures visant à faciliter la délivrance de procurations pour les personnes vulnérables et confinées en raison de l'épidémie. Ces personnes peuvent déjà demander à un officier de police de se déplacer pour recueillir leurs demandes de procurations.

Dans les Ehpad désormais, elles pourront être recueillies par une personne travaillant dans l'établissement, désignée par le juge d'instance ou l'officier de police judiciaire.

Au-delà, électeurs comme responsables des bureaux de vote sont invités à se laver les mains fréquemment. Des flacons de gel hydroalcoolique seront placés à l'entrée et à la sortie des bureaux. Les électeurs seront incités à maintenir une distance raisonnable avec les autres personnes présentes. Ils pourront venir avec leur propre stylo, ou bien les stylos mis à disposition seront nettoyés régulièrement. Mais le port des gants n'est pas recommandé, ni celui d'un masque chirurgical sans présence de symptômes.

Désinfection des bureaux de vote

À Mulhouse, ville qui comptera 64 bureaux de vote et où le Covid-19 s'est propagé à une vitesse galopante, la mairie a mis en place des mesures encore plus drastiques. En plus de la mise à disposition de gel hydro-alcoolique et de gants jetables, une désinfection systématique de la planche de vote après chaque passage est prévue, comme le rapporte le site d'information locale M+.

Au total, 350 personnes sont censées être mobilisées pour accueillir les plus 50.000 électeurs mulhousiens le jour J, entre présidents de bureaux, secrétaires et assesseurs. 

Dans l'Hérault, à Castelnau-le-Lez, la directrice générale des services de la ville, Séverine de Montredon, a expliqué à BFMTV les raisons concrètes derrière la désinfection des bureaux de vote. 

Il s'agit de "permettre à ces bâtiments publics, qui sont souvent des écoles, des mairies, donc qui vont reprendre dès le lendemain une activité normale", de bénéficier "de la plus grande asepsie possible". 

Désistements d'assesseurs

À La Balme-de-Sillingy, cluster de la maladie en Haute-Savoie qui compte 5200 habitants dont 3600 électeurs, le maire François Daviet, atteint lui-même par le Covid-19, se montre serein et espère "que les gens iront voter". Pour tenir les cinq bureaux de vote, il se dit "confiant" de trouver les 20 assesseurs prévus.

Le maire de Montpellier Philippe Saurel a quant à lui commandé 320.000 stylos afin que chaque électeur puisse émarger sans risque de transmission. Le président du bureau ne pourra pas empêcher un électeur manifestement malade de voter s'il a pris des mesures de protection (port du masque notamment) mais il pourra "mettre à l'écart" un électeur non protégé.

À Paris, où la mairie doit ouvrir 897 bureaux, la maire sortante Anne Hidalgo a affirmé vendredi avoir anticipé un "nettoyage renforcé" des bureaux avant et après le vote, ce qui rendrait "nécessaire" selon elle la fermeture des écoles lundi.

À Marseille la mairie, qui doit garantir l'ouverture de 480 bureaux, affirme que "pour l'instant les désistements d'assesseurs sont à la marge, et les partis font appel à des bénévoles de secours", si bien que "la ville ne se pose pas du tout la question de la réquisition".

Le maire de Lyon et ancien ministre de l'Intérieur Gérard Collomb est lui plus inquiet. Il rapporte qu''il y a "de plus en plus de gens qui disent non" pour être assesseurs.

Jules Pecnard avec AFP