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Union de la gauche: Pourquoi la date du 3 mai est hautement symbolique

Jean-Luc Mélenchon, le 1er mai 2022, à Paris

Jean-Luc Mélenchon, le 1er mai 2022, à Paris - Thomas COEX / AFP

Près de 86 ans après la victoire du Front populaire, La France insoumise, EELV, le Parti socialiste et le Parti communiste sont sur le point de sceller une alliance inédite depuis 25 ans.

Ils n'ont pas réussi à défiler ensemble pour le 1er mai, arriveront-ils à s'entendre pour ce 3 mai? La photo de famille le jour de la fête des travailleurs aurait été mémorable. Mais un compromis validé ce mardi entre LFI et le PS pourrait être encore plus symbolique. L'accord entre Verts et Insoumis trouvé, celui avec les communistes en passe d'être finalisé, tous les yeux sont désormais tournés vers le NPA et vers le parti à la rose, en particulier.

Alors que ce matin dans leurs locaux du passage Dubail, dans le 11e arrondissement de Paris, le parti de Jean-Luc Mélenchon a réussi à réunir les frères ennemis au même endroit au même moment, selon les informations de l'Express; il y a 86 ans, jour pour jour, le Front populaire remportait le deuxième tour des législatives de 1936.

3 mai 1936

Ce printemps-là, une coalition à gauche entre le Parti communiste de Maurice Thorez, le Parti socialiste de Léon Blum (SFIO) et le parti radical-socialiste, plus au centre, d'Édouard Daladier (PRRRS) -pour ne citer qu'eux- gagne le "troisième tour" de la présidentielle. Avec 57,16% des voix, une vague rose-rouge de trois cent soixante-neuf députés issus de cinq partis prennent l'Assemblée nationale.

Dans le contexte de l'époque, deux événements stimulent les forces politiques et les électeurs de gauche: la crise économique dérivée du krach boursier de Wall Street de 1929 et la montée du nazisme en Allemagne favorisée par la division des oppositions.

La victoire du Front populaire galvanise les classes populaires. Se multiplient alors dans tout le pays "les grèves et les occupations d'usines, de chantiers et de magasins, dans l'espoir d'un renversement du système capitaliste", raconte le média d'histoire Hérodote.

S'ouvre alors une période de réformes sociales marquantes, menées tambour battant par Léon Blum. Dont certaines prospèrent toujours aujourd'hui, comme la généralisation des congés payés, la mise en place de conventions collectives obligatoires et la semaine de travail de 40 heures.

Sur franceinfo, le leader communiste, Fabien Roussel s'est réjoui, date en tête: "On est aujourd’hui à un tournant aussi historique que celui-là."

Le Premier secrétaire du PS de renchérir quelques heures plus tard, comme un coup de collier aux négociations qui patinent entre L'Union populaire et son parti:

"Quand la gauche se rassemble sur un projet elle change durablement la vie des gens. Le 3 mai 1936, le Front populaire accorda les 40h, les congés payés, l’augmentation des salaires… Nos racines sont là. Nulle part ailleurs", a affirmé sur Twitter Olivier Faure.

Des précédents

Si "au niveau national, (une alliance LFI-EELV-PCF-PS, NDLR) serait une première", comme le rappelle à nos collègues du Monde, l'historien et spécialiste des gauches françaises, Gilles Candar, les gauches se sont déjà alliées au cours de la Ve République.

Aux législatives de 1973, PS, PCF et Mouvement des radicaux de gauche (MRG) s'accordent autour d'un programme commun de gouvernement. À l'époque, cette coalition perd de peu derrière la droite et son Union des républicains de progrès.

En 1997, les socialistes -Lionel Jospin à leur tête- triomphent au Palais-Bourbon après avoir uni leurs forces avec le PCF, le Parti radical de gauche (PRG), le Mouvement des citoyens et Les Verts.

La différence avec ces précédents est qu'aujourd'hui, un ralliement du PCF, du NPA et du PS à "la Nouvelle union populaire écologique et sociale" décidée entre écologistes et Insoumis, serait "la première fois qu'un accord se conclut avec une force motrice qui serait la plus radicale de la coalition", analyse pour Le Monde Gilles Candar.

Par ailleurs, au niveau local, ce genre d'alliance a déjà remporté quelques victoires électorales. Comme le modèle du "Printemps marseillais", qui a pris la mairie de Marseille lors des dernières élections municipales, après 25 ans de Jean-Claude Gaudin à sa tête.

Alors que le coordinateur de l'exécutif national du PCF, Igor Zamichiei vient d'annoncer qu'il ne reste plus qu'à l'accord finalisé de passer au conseil national, une alliance avec les socialistes pourrait suivre dans la journée. Ce qui rendrait déjà inédit ce 3 mai dans l'histoire de la gauche.

Hortense de Montalivet