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Législatives

"Une sécession", "surréaliste": les éléphants du PS attaquent les négociations avec les insoumis

La délégation socialiste arrive au siège de La France insoumise, à Paris, le 27 avril 2022

La délégation socialiste arrive au siège de La France insoumise, à Paris, le 27 avril 2022 - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Des cadres du parti socialiste ne goûtent guère les négociations en cours avec la France insoumise. Des élus à la forte implantation locale veulent préparer l'après et craignent d'être absorbés par les insoumis.

Un accord qui ne passe pas. Alors que la France insoumise continue les discussions avec le Parti socialiste en vue des législatives avec Olivier Faure à la manœuvre, des ténors du parti à la rose ne goûtent guère cette probable alliance.

À commencer par les barons locaux à l'instar de Carole Delga. La présidente de la Région Occitanie a présenté des candidats aux législatives lors d'une conférence de presse ce vendredi, semblant forcer la main à la direction.

"Pas une scission mais une sécession"

En sous-main, estime un élu du PS, "le parti se prépare à une alliance à la carte", suivant les circonscriptions. Dans certains territoires, les candidats socialistes se présenteront sous la bannière Union populaire et écologique et social tandis que d'autres candidats PS se présenteront en leur seuls noms. Le nombre de dissidents pourrait approcher la centaine de candidats.

De quoi faire dire à un cadre du parti que le PS est à la veille "non pas d'une scission, mais d'une sécession, entre ceux qui accepteront cet accord, et ceux qui refusent cette absorption."

Sur la liste des griefs, la question programmatique bloque. Olivier Faure lui-même l'avait d'ailleurs expliqué en évoquant la retraite à 65 ans contenue dans le programme de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.

Désaccords sur le programme

"La réforme que les insoumis souhaitent est une réforme qui coûte 72 milliards. C'est beaucoup! Cet argent-là, il faut sans doute imaginer qu'il peut être aussi utilisé pour l'éducation ou pour la transition écologique", avait estimé le Premier secrétaire sur France inter le 25 avril.

La désobéissance aux traités de l'Union européenne passe également mal, malgré les propos rassurants de Jean-Luc Mélenchon ce dimanche lors du cortège parisien du 1er-Mai.

Pour des élus à l'implantation locale forte, comme Nathalie Appéré, la maire de Rennes, Anne Hidalgo ou encore Johanna Rolland, la maire de Nantes qui veulent préparer l'après-présidentielle, il n'est pas question de faire une croix sur des candidats sous leur propre couleur.

"C'est Netflix cette affaire"

C'est que le PS, malgré son score famélique au premier tour de la présidentielle (1,7%), compte bien capitaliser sur son ancrage local alors qu'il détient un quart des grandes villes françaises et dirige 5 régions.

Parmi les arguments qui reviennent également en boucle dans la bouche d'une partie des dirigeants socialistes: l'absence de consultation des encartés.

"Les militants sont au courant de rien, ils regardent la presse. C'est surréaliste. C'est La Casa del Papel. C'est Netflix cette affaire", ajoute encore un grand élu PS.

Un accord pour survivre

Des militants se sont d'ailleurs fendus d'une lettre ouverte auprès d'Olivier Faure, exigeant un Conseil national avant de signer tout accord avec les insoumis.

Pas sûr cependant que les socialistes aient vraiment le choix. Sans accord, il apparaît peu probable que le parti conserve sa trentaine de députés.

"Je ne vois pas comment nous aurions un bon accord sauf miracles de nos négociateurs et faiblesse de LFI", reconnaît d'ailleurs un cadre du parti.

Perrine Vasque, Marie Gentric, Cyprien Pézéril, Anne Saurat-Dubois et Marie-Pierre Bourgeois