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Elections Législatives 2024

Trouver un accord de gouvernement d'ici la fin de semaine, la "mission impossible" d'Élisabeth Borne

En plus de trouver un "accord de gouvernement" d'ici la fin de la semaine, la Première ministre doit aussi préparer son discours de politique générale, trancher la question du vote de confiance et soigner sa cote de popularité.

Confirmée à la tête de Matignon, mais avec une mission ardue. La démission d'Élisabeth Borne, déposée après que la coalition présidentielle n'a gagné qu'une majorité relative aux élections législatives, a été refusée en milieu de semaine dernière par Emmanuel Macron. Lors d'un entretien à l'AFP samedi soir, ce dernier lui a "confirmé sa confiance pour mener l'action du gouvernement dans la durée".

La Première ministre est chargée de lui présenter, à son retour des sommets du G7 et de l'Otan, "un nouveau gouvernement d'action au service de la France" opérationnel pour juillet. Pour ce faire, Emmanuel Macron l'a invitée à consulter les chefs des formations politiques sur un "accord de gouvernement", leur participation, leur position sur un vote de confiance ou encore le vote du budget de l'État à l'automne prochain.

Ce qu'Élisabeth Borne avait déjà commencé à faire la semaine dernière en passant des coups de fil "des communistes au RN", selon la volonté exprimée par l'Élysée de n'inclure ni le RN ni LFI dans cette coalition. Ses premiers rendez-vous de visu débutent aujourd'hui.

Premières réponses, premiers refus

Mais la tâche s'annonce compliquée. La députée Nupes-PS Valérie Rabault estime ce lundi qu'il est "impossible" de négocier une coalition en deux jours, comme le demande selon elle Emmanuel Macron. L'ancienne présidente de la commission des Lois qui vise la tête de la commission des Finances assure que son parti ne participera pas au gouvernement mais regardera les textes "de manière pragmatique".

"Emmanuel Macron nous tend la main en l'espace de deux jours. Enfin, honnêtement, ça n'a aucun sens", déplore la députée du Tarn-et-Garonne ce matin sur franceinfo.

L'ex-ministre LR Jean-François Copé assure ce lundi également qu'il n'a aucune intention d'entrer au gouvernement, tout en plaidant de nouveau pour que la droite participe à un "pacte de gouvernement". "Il n'y a rien qui puisse supposer une coalition", affirme de son côté Julien Bayou. "Si le gouvernement affiche une avancée sur le climat, on verra, mais j'en doute", ajoute-t-il sur LCI.

Quant au PCF, "ce n'est pas du tout à l'ordre du jour que nous participions à un tel gouvernement", assure son patron Fabien Roussel, clarifiant sa position alors que les critiques se multiplient à gauche sur sa stratégie de démarquage vis-à-vis de la Nupes.

"J'ai clairement dit au président de la République et je ne cesse de le répéter depuis deux jours que quand des communistes entrent dans un gouvernement, c'est pour défendre les intérêts du monde du travail, des salariés, des travailleurs, l'industrie, nos services publics", a expliqué sur CNews le député du Nord.

Une marge de manœuvre étroite

Selon le chercheur Marc Lazar, directeur du Centre d'histoire de Sciences Po interrogé par France Inter, la marge de manoeuvre d'Élisabeth Borne "est assez étroite". Car, explique-t-il, "ce n'est pas l'intérêt des partis qui viennent d'être élus" de passer un accord, cela risque "de les diviser profondément".

Le chercheur souligne aussi le laps de temps très restreint accordé à la cheffe de gouvernement, alors que "dans tous les autres pays européens, quand on s'engage dans des contrats de gouvernement, ça peut durer des mois". Car l'exécutif a en tête son propre calendrier, mu entre autre par le projet de loi sur le pouvoir d'achat dont les premiers débats se tiendront cet été.

Mais la difficulté de la mission confiée à la cheffe du gouvernement tient aussi à la nature même de son profil.

"On lui reproche son manque de stature politique, on la dit froide, techno. Elle va devoir s'imposer, montrer qu'elle est beaucoup plus politique qu'elle en a l'air pour prouver aux uns et aux autres qu'elle n'est pas un choix par défaut ni une simple exécutante. C'est un sacré chantier", analyse Matthieu Croissandeau, éditorialiste politique de BFMTV.

Entretiens à tout-va

Sa popularité en baisse dans les sondages, Élisabeth Borne multiplie donc, depuis quelques jours, les efforts pour augmenter sa visibilité et son relationnel politique en vue d'obtenir l'accord de gouvernement souhaité par l'Élysée: entretiens avec les oppositions, confidences à la presse, agendas garnis de prochains rendez-vous politiques...

Celle qui doit également faire face aux critiques de son propre camp -à commencer par François Bayrou qui se serait bien vu à Matignon à sa place- prépare également en parallèle son discours de politique générale de début juillet. Se soumettera-t-elle à cette occasion au vote de confiance des députés? Pour l'instant, l'intéressée a confié à LCI jeudi dernier n'avoir pas encore tranché cette question, non obligatoire.

Hortense de Montalivet