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Résultats législatives: dans l'Essonne, Amélie de Montchalin battue par Jérôme Guedj

La ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin, le 9 mars 2022 à la sortie du palais de l'Elysée

La ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin, le 9 mars 2022 à la sortie du palais de l'Elysée - Ludovic MARIN © 2019 AFP

L'artillerie lourde sortie par la ministre de la Transition écologique pour décrédibiliser le programme de la Nupes n'a pas suffi à lui faire rattraper son retard face à Jérôme Guedj dans l'Essonne. À la suite de cette défaite, elle devrait démissionner du gouvernement.

Transition dans la 6e circonscription de l'Essonne: la Nupes l'emporte face à Ensemble. La ministre Amélie de Montchalin, nommée à la Transition écologique en mai dernier dans l'équipe d'Élisabeth Borne, devrait devoir quitter le gouvernement après sa défaite. Elle perd ce dimanche avec 43,4% des voix face au socialiste investi par la Nouvelle union populaire écologique et sociale, Jérôme Guedj. Le conseiller régional d'Ile-de-France affirme être arrivé en tête avec 56,6% des suffrages, dans un tweet.

"Sur 60% des bulletins dépouillés, Guedj : 56,6 % de Montchalin : 43,4%", a tweeté Jérôme Guedj dans la soirée ce dimanche.

Un entre-deux tours agressif

Au premier tour déjà, Amélie de Montchalin était montée sur la deuxième place du podium derrière Jérôme Guedj avec 31,46% des voix à l'issue du premier tour. Pour tenter de lui ravir la première marche, la ministre candidate de la majorité avait jeté toutes ses forces dans la bataille de l'entre-deux tours. Et s'était appliquée à décrédibiliser coûte que coûte le programme économique et social de l'union de la gauche.

"Un projet de soumission, de recul, de mensonge, un projet qui affaiblit la police en disant qu'elle tue", avait-elle lancé sur BFMTV quelques minutes après avoir appris son score du premier tour.

Avant d'en rajouter une couche en fustigeant un accord des gauches "qui n’est pas un accord de fond, et qui promet aux Français le désordre et la soumission, la soumission à la Russie, la soumission à des idées antisémites".

Des accusations bien malvenues avait estimé Jérôme Guedj, lui-même de confession juive et fondateur du prix Ilan Halimi en hommage à ce jeune homme de confession juive tué en 2006.

"Quel avilissement, quelle panique, quel mépris pour le débat républicain", lui avait répondu sur Twitter l'ancien député de l'Essonne, actuellement secrétaire national du PS en charge de la "laïcité et du pacte républicain".

Match retour raté

Amélie de Montchalin était d'autant plus consciente de la nécessité de se battre qu'elle faisait face à une figure localement très implantée. Pendant plus de 17 ans, Jérôme Guedj a été un visage du conseil départemental dont il a été le président jusqu'en 2015. Amélie de Montchalin l'avait sèchement battu en 2017. Député sortant, il n'était alors même pas parvenu à accéder au second tour, avec seulement 13% des voix.

Mais en cinq ans, le projet présidentiel et les changements promis ont eu le temps de faire des déçus. Jean-Luc Mélenchon, très longtemps élu de l'Essonne, a récolté plus de 30% des voix dans cette circonscription au premier tour de la présidentielle le 10 avril dernier.

Face à "l'enfant de Massy" comme s'est présenté son opposant durant la campagne -bien qu'il ait d'abord été candidat socialiste à Paris avant de se tourner vers l'Essonne sous la bannière de la Nupes - Amélie de Montchalin a souffert d'une étiquette de "techno" au pouvoir, déconnectée des gens.

"Si techno veut dire une femme précise qui travaille ses dossiers, peut-être avec moins d'esbroufe, d'esclandres et d'outrances, j'assume totalement...", s'en défendait la ministre de 36 ans pendant la campagne.

Sur un siège éjectable

Amélie de Montchalin pourrait être l'une des ministres de la Transition écologique restée la moins longtemps entre les murs épais de l'hôtel de Roquelaure. Après Nicole Bricq du gouvernement Ayrault en 2012, Alain Juppé, ministre de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables dans le premier gouvernement Fillon en 2007 et Michel Crépeau, ministre de l'Environnement éclair pendant le premier septenat de François Mitterand.

La règle a bien été rappelée pendant l'entre-deux tour par la tête de Matignon elle-même: tout ministre battu à ces législatives devra présenter sa démission au gouvernement.

Hortense de Montalivet