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Elections Législatives 2024

Pouvoir d'achat, retraites, éducation... Ce qu'il faut retenir du débat entre Autain, Attal et Bardella

À trois jours du second tour des législatives, la majorité présidentielle, le RN et la Nupes ont débattu ce jeudi soir sur BFMTV, pour le dernier échange décisif. Canicule, pouvoir d'achat, retraites, crise des hôpitaux... BFMTV.com vous explique ce qu'il faut retenir de ces échanges.

Jordan Bardella, président du Rassemblement national, Gabriel Attal, le ministre du Budget et candidat aux législatives dans les Hauts-de-Seine et Clémentine Autain, députée insoumise de Seine-Saint-Denis, ont débattu ce jeudi soir sur BFMTV, trois jours avant le second tour des législatives.

• Abstention: "elle est trop importante" pour Gabriel Attal

Après une abstention historique de 52,49% dimanche dernier, 10 points au-dessus du premier tour des législatives de 2012, Gabriel Attal a reconnu "une abstention trop importante" et appelé à "une participation des Français aux élections".

"Vous avez de l'inquiétude, de la colère, des Français qui sont à l'euro près", a déclaré le ministre pour essayer d'expliquer cette faible participation.

Pas de quoi convaincre Jordan Bardella qui a dénoncé "un président qui n'aime pas les campagnes électorales".

Clémentine Autain a appelé de son côté à la "mobilisation générale", en insistant à l'appel aux urnes pour les plus jeunes. 7 personnes entre 18 et 25 ans sur 10 se sont abstenues le 10 avril dernier.

• Retraites à 65 ans : Bardella dénonce un "projet injuste"

Emmanuel Macron a promis dans les colonnes de la presse quotidienne régionale que la réforme de la retraite à 65 ans aurait lieu "à l'été 2023". Au grand dam de Jordan Bardella et de Clémentine Autain.

"La retraite à 65 ans, ça consiste à faire cotiser plus longtemps des chômeurs (...). C'est profondément injuste et brutal. La retraite ne peut pas être que de la compta", a estimé le député européen.

La représentante de la France insoumise a jugé de son côté que les législatives étaient "une forme de référendum" sur le projet de réforme des retraites.

Gabriel Attal a, lui, assumé cette réforme, assurant celle-ci se fera très progressivement, en concertation avec les partenaires sociaux, et en promettant que les personnes qui ont commencé à travailler plus tôt profiteront d'une retraite plus tôt.

• Pouvoir d'achat : Autain veut faire payer "les profiteurs de la crise"

Face à une inflation au plus haut depuis 1987 avec plus de 5,2% de hausse des prix en un an, Gabriel Attal a rappelé la volonté de l'exécutif de présenter un projet de loi en faveur du pouvoir d'achat en Conseil des ministres le 29 juin. Le ministre du Budget a également assuré que la Nupes (Nouvelle union populaire écologiste et socialiste) voulait "augmenter les impôts des classes moyennes".

La candidate de l'union de la gauche a réfuté cette accusation.

"Ce qu'on veut, c'est faire payer les profiteurs de crises", a-t-elle expliqué, assurant que son camp comptait également "bloquer les prix de première nécessité".

De son côté, Jordan Bardella a sévèrement critiqué les mesures prises par l'exécutif et a appelé notamment à mettre fin à la TVA sur un panier de 100 produits de première nécessité.

• Canicule: Attal défend "l'urgence qu'il y a à agir"

Face à la vague de chaleur historique que vit actuellement la France alors que l'été n'a pas encore commencé, Gabriel Attal a assuré que le camp présidentiel était plus motivé que jamais à lutter contre le réchauffement climatique.

"On ne parle pas seulement de l'impact qu'il aura sur les générations à venir, on parle de l'impact qu'il a déjà sur les populations. (...) Cela rappelle l'urgence qu'il y a à agir", a-t-il expliqué.

Il a notamment expliqué qu'il fallait investir dans les énergies renouvelables tout en gardant une énergie nucléaire importante. "Nous avons besoin des deux", a-t-il assuré.

Pas de quoi convaincre Jordan Bardella qui a jugé que la question du réchauffement était avant tout liée au "modèle économique" dominant "qui est basé sur la fabrication de produits en Chine, à l'Est, en Asie, une consommation en Europe et un recyclage en Afrique".

Attaquée par Gabriel Attal sur le bilan environnemental du quinquennat de François Hollande, Clémentine Autain a assuré de son côté que "le programme de la Nupes n'était en rien comparable".

• Crise des urgences: "il faut arrêter de gérer l'hôpital comme une entreprise"

Une centaine de services d'urgences sont en danger de fermeture cet été. Emmanuel Macron a annoncé le lancement d'une "mission flash" lors d'un déplacement à Cherbourg début juin.

Gabriel Attal a défendu les mesures déjà exposées par Brigitte Bourguignon, la ministre de la Santé en évoquant le doublement de la rémunération des heures supplémentaires pour le personnel non-soignants.

"Il faut arrêter de gérer l'hôpital comme on gère une entreprise, parce que ça, c'est la spécialité de la Macronie", lui a répondu Jordan Bardella.

Clémentine Autain a, elle, répondu plus largement sur la question des services publics.

"On change radicalement de politique. Les services publics ont été malmenés depuis très longtemps. Les fonctionnaires subissent le gel du point d'indice depuis très longtemps", a-t-elle regretté.

• "Police qui tue": Attal fustige les responsables qui instrumentalisent les forces de l'ordre

Jean-Luc Mélenchon a affirmé dans un tweet début juin que "la police tue". Le leader de la Nupes avait dénoncé un "usage disproportionné" de la force après la mort d'une jeune femme à Paris dimanche, passagère d'un véhicule qui avait refusé d'obtempérer à Paris.

De quoi alimenter un vif échange entre le RN et la Nupes.

-"La police est là pour protéger. Que des policiers aujourd'hui tuent sans être dans un cadre proportionné de légitime défense est un problème politique majeur. Monsieur Darmanin ne peut pas continuer à défendre des actes de la sorte", a assumé Clémentine Autain.

-"Vous êtes toujours du côté des voyous. Vous n'êtes pas pour la police républicaine, vous voulez désarmer la police. Vous parlez comme Macron de violences policières mais vous vous rendez compte de la violence pour les policiers qui, pour 1500 euros sont en première ligne et se font cracher au visage", lui a alors répondu Jordan Bardella.

En retrait, Gabriel Attal a finalement assuré que "le problème est d'avoir des responsables qui dénigrent et exposent nos forces de l'ordre et ceux qui les instrumentalisent en permanence".

Marie-Pierre Bourgeois