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Législatives: spéculations et tensions chez LR, la "digue" contre Macron va-t-elle tenir?

Les Républicains, fragilisés par leur cuisante défaite à la présidentielle, ont réaffirmé mardi leur "indépendance" face à Emmanuel Macron que certains pourraient être tentés de rallierLe logo LR (illustration)

Les Républicains, fragilisés par leur cuisante défaite à la présidentielle, ont réaffirmé mardi leur "indépendance" face à Emmanuel Macron que certains pourraient être tentés de rallierLe logo LR (illustration) - BERTRAND GUAY © 2019 AFP

Ce vendredi, la députée LR des Alpes-Maritimes Marine Brenier a annoncé quitter le parti pour rejoindre la majorité présidentielle. D'autres noms pourraient suivre.

Malgré la position d’indépendance du parti affirmée en début de semaine, les rumeurs de ralliement à la Macronie continuent d’empoisonner le début de la campagne des Républicains (LR) aux législatives.

Des "on dit", mais aussi des actes: ce vendredi, la députée LR des Alpes-Maritimes Marine Brenier, proche du maire de Nice Christian Estrosi, lui-même rallié à Emmanuel Macron, a annoncé quitter le parti, arguant sa situation géographique. Selon France 3, elle rejoint le mouvement Horizons.

Spéculations

Jeudi soir, loin des caméras mais en présence de 200 sympathisants, Damien Abad a lancé sa campagne pour les législatives de juin, dans sa circonscription de l’Ain. Le président de l’actuel groupe LR à l’Assemblée affole la machine à rumeurs. Il est donné comme possible entrant au gouvernement.  

Spéculations relancées après le dernier Conseil stratégique des Républicains mardi. Ce jour-là, Damien Abad décide de ne pas voter la décision du parti d’écarter tout rapprochement avec LaREM:  

"Je me suis abstenu car il ne peut y avoir d’inversion des valeurs", explique Damien Abad à BFMTV. "C'est d'abord avec le RN qu’il faut construire une digue et non avec le macronisme."

Ancien candidat au Congrès, Philippe Juvin s’est lui aussi abstenu. "Peut-être deux futurs ministres!", lâche devant plusieurs participants Éric Ciotti, présent à la table du Conseil.  

En apparence, LR a néanmoins évité la catastrophe: le "ni Macron, ni Le Pen" continue d’être largement soutenu par les ténors du parti. Mais les élus locaux sont parfois beaucoup plus réservés…

Des élus tentés par un rapprochement  

Sur Twitter, le maire de Châteauroux Gil Averous dit "regretter ce choix". "Le programme d’Emmanuel Macron comporte beaucoup de mesures que nous défendions il y a encore quinze jours."

Sur le même réseau social, le député nordiste Sébastien Huyghe s’agace: "La seule instance apte à prendre des décisions est le Bureau politique!"

Le nom de ce proche de Xavier Bertrand revient souvent parmi les possibles ralliements à LaREM. Tout comme celui de la députée des Hauts-de-Seine Constance Le Grip. Tous deux candidats à leur réélection, ils partent en campagne dans des circonscriptions où Emmanuel Macron a réalisé des scores élevés.

Pas de signes de la majorité en direction de la droite 

Si l’on en croit des sources proches de l’exécutif, dans le secret de conversations téléphoniques ou de rencontres discrètes, d’autres députés LR s’activent depuis des semaines pour préparer ce rapprochement…  

Fin mars, un cadre d'Horizons, le mouvement d’Édouard Philippe, prévenait: "Si le score de Valérie Pécresse est faible, il n’y aura pas un grand intérêt pour nous de s’unir avec eux…" Le scénario s’est réalisé. Et le sarkozyste Roger Karoutchi n’observe à ce jour "aucune main tendue de Macron", comme il le dit à nos confrères du Parisien.  

Les mouvements de plaques sont-ils plutôt à attendre au moment de la formation du gouvernement? "Macron a intérêt à désorganiser l’opposition maintenant, parce qu’après les législatives, c’est plus risqué… En politique, ce qui est pris n’est plus à prendre", juge un député LR de l’Est.  

Combien de députés dans le futur groupe LR?  

Des cadres du parti veulent y croire: les 80 députés sortants qui se représentent ont des chances sérieuses de réélection sans basculer vers LaREM. "Nous avons de solides implantations locales", rappelle l’un d’eux.  

"Conserver un groupe de 70 à 100 élus, ça pourrait nous permettre de rester le premier groupe d’opposition", espère-t-on en interne.

Le groupe compte aujourd’hui 101 députés.  

Le 7 mai prochain, le parti lancera officiellement sa campagne, lors d’un événement au siège. "Si ce jour-là on installe un programme, quelques idées fortes très simples, si on a un leader, une figure peut-être un peu différente… On peut créer quelque chose", estime un ténor du parti.  

Lui imagine le maire de Cannes David Lisnard, président de l’Association des maires de France (AMF), figure montante à droite, s’impliquer dans la campagne, comme son prédécesseur François Baroin avait porté celle de 2017.  

À l’issue du Conseil stratégique de mardi dernier, le président du parti Christian Jacob s’est dit prêt à mener le combat. L’objectif sera de déjouer les pronostics les plus pessimistes: un groupe en dessous de la barre symbolique des cinquante députés, et un parti définitivement affaibli par les divisions.    

Alexis Cuvillier