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Législatives: pourquoi des candidats PS pourraient payer la campagne de leur poche

Les fédérations départementales du PS peuvent parfois venir en aide à certains candidats.

Les fédérations départementales du PS peuvent parfois venir en aide à certains candidats. - PHILIPPE HUGUEN - AFP

Les candidats du PS qui n’ont pas atteint la barre de 5% des suffrages exprimés vont devoir éponger l'ardoise par leurs propres moyens. BFMTV.com a échangé avec plusieurs d'entre eux.

Ils sont près d’une centaine de candidats du PS concernés. 96, pour être précis, ont fait moins de 5% des voix au premier tour des législatives le 11 juin. Double-peine pour ces prétendants malheureux à la députation: non seulement ils ont été éliminés, mais leur score ne leur donne pas droit au remboursement de leurs dépenses de campagne par l’Etat.

Une prise en charge certes partielle, mais pas négligeable: elle va de 30.000 à 35.000 euros en moyenne (soit 47,5% du plafond de dépenses électorales, qui est d’environ 70.000 euros par candidat). Dès lors, comment font ceux qui ne perçoivent pas un sou de l’administration et se retrouvent bien souvent avec un prêt de plusieurs milliers d’euros à honorer?

Une campagne "a minima"

La meilleure façon de s’en sortir reste avant tout… d’avoir peu dépensé (ce qui suppose d’avoir envisagé le pire au préalable, pas évident). C’est le cas de Jules Joassard, 3,31% des voix dans la 11e circonscription du Rhône.

"Quand le candidat à la présidentielle que vous soutenez fait moins de 6% sur votre territoire, vous faites un peu attention, explique le conseiller municipal de Sérézin. Donc, j’ai fait une campagne 'a minima': j’ai imprimé un seul document de propagande au lieu de 2 ou 3, j’ai fait en sorte de n’avoir que des salles gratuites pour mes réunions…".

Grâce à ces précautions, Jules Joassard s’en tire avec une facture de 7.000 à 8.000 euros. En comptant les quelques 4.000 euros de dons récoltés auprès de sympathisants pendant sa campagne, le reste à charge pour sa poche est plutôt limité.

"Je suis dans une situation moins critique que d’autres, qui ont engagé de grosses dépenses et poussent pour que leur fédération départementale leur vienne en aide", note-t-il. Ce qui ne risque pas d’arriver chez Jules Joassard: "ma fédé est tenue par des macronistes", ricane-t-il.

"Je pensais plus à la claque du PS qu'à mes finances"

Certains candidats ont pu toutefois bénéficier d’un tel coup de pouce, comme Elodie Schwander, 2,85% des voix dans la 5e circonscription de l’Ain. Sa fédération va débourser 3.500 euros sur les 4.000 que lui ont coûté sa campagne.

"Dans de nombreux territoires, le parti joue le jeu. Mais il y a quand même des départements qui n’ont pas les moyens financiers ou la volonté politique pour agir", précise la résidente de Tournon.

Le Parti socialiste de la Drôme, par exemple, ne semble pas pouvoir puiser dans ses caisses pour voler au secours d’Isabelle Malric, 3,02% des voix dans la 2e circonscription. Tout juste la première secrétaire drômoise pourra-t-elle… prendre la plume pour solliciter les dons des militants et sympathisants locaux. Isabelle Malric fera de même de son côté pour s’éviter les mensualités d’un prêt personnel de 35.000 euros, le montant maximum remboursable par l’Etat.

"On pensait faire au moins 8% à 10% des voix", confesse la candidate malheureuse, qui se dit toutefois "optimiste" sur sa capacité à régler son ardoise. "Le soir du premier tour, je pensais plus à la claque du PS au niveau national qu’à mes propres finances", ajoute-t-elle d'ailleurs.

Le parti se penche sur la question

Et au niveau national, au fait, Solférino, le siège historique du parti, compte-t-il agir pour ses troupes dans le besoin? De ce point de vue, il semblerait que le parti soit prêt à appliquer à ses membres la solidarité qu’il prône par ailleurs.

"On est en train de recenser les montants en jeu. Au dernier Bureau national lundi, Jean-Christophe Cambadélis (le premier secrétaire, NDLR) a dit qu’il y aurait des dispositifs de soutien financier", explique à BFMTV.com Rachid Temal.

Le secrétaire national et porte-parole du PS préfère toutefois attendre le second tour des législatives pour en dire plus sur les formes que ces dispositifs pourraient prendre.

"Responsabilité morale"

Pour les candidats interrogés par BFMTV.com, ce ne serait là que justice. "Ce serait de bon ton, d’autant que nos scores permettent au parti de bénéficier de financements publics", rappelle Jules Joassard. Effectivement, chaque voix recueillie permet au parti d’engranger 1,42 euros par an pendant cinq ans (pour les formations qui ont récolté 1% des voix dans au moins 50 circonscriptions).

"On ne peut pas envoyer les gens au carton et les laisser tomber ensuite, on a une responsabilité morale", juge quant à elle Elodie Schwander, qui imagine le PS se lancer dans une campagne de dons au niveau national.

"Souvenez-vous du Sarkothon", lâche cette membre du Bureau national en référence à l’opération destinée à combler le non-remboursement des frais de campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2014.

Il faut dire qu’avec sa débâcle électorale, le Parti socialiste va lui-même voir ses financements directs fondre comme neige au soleil. S’en remettre à la générosité des citoyens pourrait donc régler en partie le problème. Après le Sarkothon, le Solfériton?

Ghislain de Violet