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Législatives: la campagne service minimum de Marine Le Pen fait grincer des dents au RN

À moins de deux semaines des législatives, l'ancienne candidate à la présidentielle continue de labourer les marchés pour espérer convaincre. Mais, entre absence de stratégie et pause médiatique après sa défaite face à Emmanuel Macron, certains dans son entourage s'inquiètent.

Une campagne qui tourne à vide. Malgré son score de 42% au second tour de la présidentielle, Marine Le Pen peine à convaincre les électeurs de voter pour le Rassemblement national, à quelques jours des législatives. Si une partie de ses proches assume cette stratégie de la discrétion, d'autres la critiquent.

Après une dizaine de jours de pause après la réélection d'Emmanuel Macron, la finaliste malheureuse des deux dernières présidentielles a fait son retour médiatique mi-mai, en multipliant les interviews tout en labourant sa circonscription d'Hénin-Beaumont chaque week-end.

Concentrer ses efforts sur les marchés

Le reste de la semaine est consacré à des déplacements dans l'Hexagone pour soutenir ses lieutenants lancés dans la bataille.

"Elle sera à mes côtés ce mercredi pour visiter une très belle ferme. Je ne sais pas comment je vais assurer la sécurité parce que je reçois des dizaines de textos d'électeurs qui ont hâte de la rencontrer", se réjouit Philippe Ballard, le directeur de la communication du parti et candidat dans la deuxième circonscription de l'Oise, auprès de BFMTV.com.

Mais les selfies et les mains serrées sur les marchés de l'Hexagone - une vingtaine en seulement deux semaines- qui lui ont permis de lisser son image dans la course à l'Élysée font aujourd'hui moins recette.

"Pas vraiment d'envie"

Son parti n'arrive qu'en troisième position (21,5%), loin derrière la Nouvelle union populaire écologique et sociale (27,5%) et la majorité présidentielle (27%), d'après un sondage Elabe pour BFMTV et L'Express.

"C'est vrai qu'on est déçu, on ne voit pas vraiment de stratégie. On ne sent pas vraiment d'envie de sa part. Elle a l'air un peu ailleurs en ce moment. Je crois qu'elle digère encore la défaite de la présidentielle", reconnaît l'un des lieutenants de Marine Le Pen contacté par nos soins.

Beaucoup en interne regrettent également sa décision de ne pas reprendre la tête du parti, dirigé le temps de la campagne de la présidentielle et des législatives par Jordan Bardella.

"Je suis bien là", assure Marine Le Pen

"Moi, j'en ai fait le tour", avançait-elle dans les colonnes de La Provence le 24 mai dernier. Il ne faudrait pourtant pas y voir la trace d'un moindre vague à l'âme, après sa troisième défaite consécutive à la présidentielle.

"Je suis là, je suis bien là, je mène la bataille des législatives, je mènerai la bataille à l’Assemblée nationale", a-t-elle assuré ce samedi au micro de BFMTV, depuis Carvin.

Pas question de laisser du terrain à certains qui, au parti, regrettent que l'opposition à Emmanuel Macron soit aujourd'hui plutôt incarnée par Jean-Luc Mélenchon. En parvenant à faire l'union à gauche autour de la France insoumise et en appelant les Français à "l'élire Premier ministre", l'ancien candidat a gagné des points, dynamisé également par le retard à l'allumage des premiers pas du quinquennat Macron.

Objectif 15 députés

Marine Le Pen se veut d'ailleurs droite dans ses bottes:

"Moi, je ne mens pas aux Français. Le système est fait de telle sorte que si vous arrivez au second tour de la présidentielle, c'est quasiment impossible d'avoir une majorité. Il faut être honnête", se justifiait-elle sur notre antenne le 19 mai dernier.

L'ancienne candidate à la présidentielle s'est d'ailleurs fixée un objectif modeste pour désamorcer toutes les éventuelles critiques sur un mauvais résultat aux législatives: l'élection de 15 députés qui lui permettrait de constituer un groupe à l'Assemblée nationale. En 2017, le RN était parvenu à faire élire huit de ses membres au sein de l'hémicycle.

"Le vrai chiffre symbolique qui aurait montré qu'elle mettait toutes ses forces dans la bataille, c'est celui de 35", analyse de son côté Jean-Yves Camus, politologue et spécialiste de l'extrême droite - le nombre de parlementaires que Jean-Marie Le Pen avait réussi à faire entrer en 1986 au Palais-Bourbon.

Marie-Pierre Bourgeois