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Elections Législatives 2024

Législatives: à moins de 10 jours du premier tour, la campagne ne décolle toujours pas

Le ministère de l'Intérieur a dévoilé lundi les listes complètes des candidats aux législatives par circonscription

Le ministère de l'Intérieur a dévoilé lundi les listes complètes des candidats aux législatives par circonscription - Damien MEYER © 2019 AFP

La course à l'Assemblée nationale peine à s'imposer dans le débat public, coincée entre le nouveau mandat d'Emmanuel Macron qui manque de souffle et une faible mobilisation au RN et chez LR.

Un air de service minimum. À quelques jours du premier tour des élections législatives, programmé le dimanche 12 juin, l'atmosphère politique semble atone, cinq semaines seulement après la réélection d'Emmanuel Macron.

"L'arrivée d'Élisabeth Borne à Matignon n'a pas vraiment enclenché de lune de miel avec les Français, pas d'effet waouh qui pourrait encourager une envie de voter largement, y compris chez ceux qui ne sont pas forcément des partisans de la majorité présidentielle", souligne ainsi Bruno Cautrès, chercheur en science politique au Cevipof.

Des ministres silencieux

Les Français sont ainsi partagés sur la nomination d'Élisabeth Borne, comme le montre un sondage réalisé par Elabe pour BFMTV et L'Express avec notre partenaire SFR: 34% jugent que c'est une bonne chose pour le pays, 31% une mauvaise chose et 35% n'ont même pas d'avis.

Il faut dire qu'avec le devoir de réserve lié à la période de campagne, les ministres ont été sommés de se taire, à peine leur nomination annoncée. Alors qu'une quinzaine d'entre eux - à commencer par Élisabeth Borne - se présentent aux législatives, leurs déplacements sont largement restreints et leurs prises de parole limitées.

"On sait que les ministres en visite, ça peut propulser une campagne, donner envie de s'y intéresser. Mais là, entre des ministres quasi inconnus et qui n'ont même pas eu le temps de s'exprimer sur les législatives, ça coupe les jambes", analyse un autre cadre de la majorité.

Un manque "d'envie" chez Marine Le Pen?

Au Rassemblement national qui a pourtant récolté 42% des voix au second tour de la présidentielle, l'intensité du combat électoral semble également bien loin. Si Marine Le Pen, après une diète médiatique, est revenue sur le terrain, le cœur n'y est pas.

"C'est vrai qu'on est déçu, on ne voit pas vraiment de stratégie. On ne sent pas vraiment d'envie de sa part. Elle a l'air un peu ailleurs en ce moment. Je crois qu'elle digère encore la défaite de la présidentielle", reconnaît d'ailleurs l'un des lieutenants de l'ancienne candidate, auprès de BFMTV.com.

"Comme pour l'entre-deux-tours de la présidentielle, il n'y a pas de stratégie nationale à cette campagne", regrette un cadre du RN auprès de BFMTV.

Des LR absents

Chez Les Républicains qui peinent à se remettre de la défaite de Valérie Pécresse et de ses 4,7% au premier tour, l'ambiance n'est pas moins morose. Sans véritable direction de campagne, les députés sortants misent sur leur notoriété locale tandis que les autres investis n'y croient guère.

"Personne ne va vraiment sur le fond et la plupart des candidats parlent beaucoup des enjeux propres à leurs circonscriptions", décrypte Anne-Charlène Bezzina, maître de conférences en droit public à l’Université de Rouen. "Cette tendance d'une campagne sans programme est inédite."

Les études d'opinion ont d'ailleurs de quoi donner des sueurs froides aux ténors de la droite. Les LR ne récolteraient que 10% des voix, très loin derrière l'alliance conclue à gauche (27,5%) et la majorité présidentielle (27%) d'après un sondage réalisé mi-mai par Elabe pour BFMTV et L'Express avec notre partenaire SFR.

La Nupes, une dynamique à confirmer

Seule véritable dynamique de cette campagne, la Nouvelle union populaire écologiste et sociale (Nupes) qui est parvenue à réunir autour de la France insoumise les communistes, les écologistes et les socialistes. Au-delà de cet accord, historique depuis la gauche plurielle en 1997, Jean-Luc Mélenchon a également réussi à créer le débat autour de sa personne en appelant les Français "à l'élire Premier ministre".

"Ceux qui ont répété sur tous les tons 'qu'on n'élit pas le Premier ministre' ont été nos agents de propagande. Grâce à eux, tout le monde s'est demandé comment est nommé le chef du gouvernement", s'est d'ailleurs félicité le patron de la France insoumise dans les colonnes de L'Express.

Mais même chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, la mobilisation reste limitée. Mi-mai, seuls 67% d'entre eux se disaient certains d'aller voter, d'après notre sondage Elabe - nettement moins que les Français qui ont voté Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle (75%).

De l'avis de la plupart des analyses, l'abstention pourrait à nouveau atteindre des records. "Je ne vois pas comment on aurait plus de 50% des électeurs qui se mobiliseraient", analyse ainsi Bruno Cautrès. Au premier tour des législatives de 2017, l'abstention avait déjà atteint 51,30%.

Marie-Pierre Bourgeois