Élections européennes
Elections européennes

"Indispensable", "ça dépend"... De LFI aux socialistes, les partis de gauche divisés sur la pertinence de l'Europe

Pour Marie Toussaint et Raphaël Glucksmann, l'échelle européenne est le niveau le plus pertinent pour relever les défis sociaux et climatiques. Manon Aubry et Léon Deffontaines craignent une coopération économique qui creuse davantage les inégalités.

Indispensable, ça dépend, pertinent, opprimant... À gauche, Verts, Insoumis, Socialistes et Communistes ne sont pas d'accord sur les avantages et désavantages pour la France d'appartenir à l'UE. Aucun d'entre eux ne demande cependant la sortie de l'Hexagone des Vingt-Sept.

Les têtes des listes de gauche pour les élections européennes n'y voient pas les mêmes opportunités, ni les mêmes menaces. Mais tous s'accordent en revanche pour constater l'importance d'y apporter des changements de fond.

"L'Europe, la bonne échelle pour agir"

Faire partie de l'UE pour la France est "une bonne chose" a expliqué sur France inter ce vendredi 29 mars Marie Toussaint, le visage des écologistes pour le scrutin de juin.

Les Verts, qui avaient créé la surprise en 2019 en obtenant le score de 13,4% considèrent que "l'Europe est la bonne échelle pour mener les combats (écologiques, NDLR)". Elle est "indispensable pour mener la lutte contre le dérèglement climatique", plaide Marie Toussaint.

Un avis que partage le candidat socialiste et eurodéputée, Raphaël Glucksmann:

"L’Union européenne est indispensable à la France pour peser dans le monde et répondre aux enjeux globaux tels que le péril climatique", explique-t-il à BFMTV.com.

Au-delà de l'aspect climatique, le niveau européen est "l'échelle pertinente pour tenir tête aux multinationales ou aux régimes autoritaires", estime le fondateur du mouvement politique citoyen, Place publique.

Besoin d'une Europe "plus adulte" et "plus sociale"

La France insoumise est moins dithyrambique pour répondre à la question, "est-ce que l'Europe est une bonne chose pour la France?". "Ça dépend pour quoi faire", considère Manon Aubry, tête de liste LFI. "Si c'est pour obtenir, par exemple, une directive européenne qui donne un statut protecteur à des millions de travailleurs de Uber (...) comme on l'a obtenu ces derniers mois, contre la France d'ailleurs, c'est une bonne chose", a-t-elle estimée sur France inter ce vendredi.

"Mais si c'est pour des traités de libre-échange" ou "pour toujours plus d'austérité", l'eurodéputée sortante se montre réticente. "Il ne faut absolument pas ramener le déficit public à 3% du PIB" comme l'impose l'UE. "C'est l'une des pires saignées sociales que notre continent et que la France va connaître", avertit-elle.

Pour l'écologiste Marie Toussaint, la politique économique est également à repenser. "Aujourd'hui, nous avons une économie qui détruit, qui détruit le climat, qui détruit la nature, qui détruit la biodiversité",

"Face aux défis climatiques et sociaux de l'époque, il est temps que l'Union européenne devienne adulte", avertie Raphaël Glucksmann qui ajoute les enjeux sécuritaires à la liste de défis à surmonter.

Repenser la coopération économique des États

Pour Léon Deffontaines, tête de liste communiste, la France dans l'Union européenne arrive "au bout d'un système".

Lla France dans l'Europe actuelle est enfermée "dans les dogmes du néolibéralisme de l'Union", explique-t-il avant d'illustrer son propos: "Nous ne pouvons plus supporter cette Europe qui met en concurrence les travailleurs, et réfléchit même à intégrer en son sein, des pays où le SMIC est à 50€/mois".

"Il faut œuvrer pour une nouvelle coopération européenne", insiste le jeune candidat soutenu par Fabien Roussel, ou "les conséquences seraient terribles" pour les travailleurs et les agriculteurs, craint-il.

Hortense de Montalivet