BFMTV
Départementales

Elections départementales: vers la fin de la banlieue rouge?

Une rue de Créteil le 4 décembre 2014 (Photo d'illustration)

Une rue de Créteil le 4 décembre 2014 (Photo d'illustration) - Martin Bureau - AFP

La droite unie pourrait emporter les deux bastions de la gauche que représentent la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne.

A trois semaines des élections départementales, la gauche ne se fait pas d'illusions: les résultats s'annoncent mauvais. Les récents sondages évoquent la perte de 30 à 40 départements les 22 et 29 mars prochain. Parmi eux, certains bastions de la gauche pourraient ne pas résister, comme dans la petite couronne parisienne. La Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne pourraient ainsi changer de mains.

En Seine-Saint-Denis, dans ce territoire marqué à gauche depuis 1968 -il a été d'abord communiste avant de devenir socialiste en 2008-, on serre les dents. "Le scrutin s'annonce très serré", confie à l'AFP Stéphane Troussel, successeur socialiste de Claude Bartolone à la tête du département. "Ça va se jouer à peut-être un canton ou deux", renchérit Philippe Dallier, chef de file de l'UMP dans le 93.

"Le PS a misé sur le déclin du PC"

Face à une impopularité croissante du gouvernement, l'UMP et l'UDI ont réussi à trouver un accord dès le premier tour. A l'autre bout de l'échiquier politique, Parti socialiste et Parti communiste, eux, en sont loin. “Depuis les années 90, le PS a misé sur le déclin du PC pour conquérir la Seine-Saint-Denis”, relève David Gouard, chercheur en sciences politiques et auteur de Banlieue rouge (éditions du bord de l’eau). Une stratégie qui pourrait aujourd'hui lui coûter le département.

Dans le Val-de-Marne non plus, aucun accord n’a été trouvé à gauche. Luc Carvounas, chef de file socialiste dans le 94, dénonce dans La Croix une main tendue "jamais saisie" par les communistes. “La vie politique nationale rend les choses compliquées”, rétorque Christian Favier, président communiste de ce département géré par le PC depuis 1976. Devant les désaccords sur l’austérité ou la politique sociale du gouvernement, aucun des trois partis de gauche n’a trouvé un terrain d’entente, malgré l'entente cordiale au niveau local. Seul dans le canton de Christian Favier

“Dans toutes les cantonales à gauche, il y a toujours eu des candidats de différentes formations au premier tour”, justifie Christian Favier, qui rappelle son engagement pour un “rassemblement à gauche” au second tour. Cela suffira-t-il? En face, pour la première fois, l’UMP et l’UDI ont aussi trouvé un accord dans le Val-de-Marne. Forts de leurs conquêtes de villes symboliques aux municipales de 2014, comme Villejuif dans le 94 ou Bobigny et Saint-Ouen dans le 93, les deux partis n’ont pas l’intention de se priver de la conquête, évidemment symbolique, de deux départements historiquement attachés à la gauche. 

Plus aucun département communiste après les départementales?

“Je ne veux pas faire de politique fiction”, se défend Christian Favier, “mais c’est vrai que le scrutin sera serré”. D’autant plus que le PC peine à capitaliser sur son opposition à la politique du gouvernement. “On ne fait pas partie de la majorité, mais les électeurs ont du mal à faire la différence”, reconnaît-il. Entre l’appel - même voilé - du Front de gauche à voter François Hollande en 2012 et les alliances passées lors des élections municipales, la stratégie nationale du parti paraît peu lisible. “Le PC a marqué ses différences par rapport au gouvernement, mais c’est moins simple pour les électeurs”, reconnaît le président du Conseil général du 94.

Pour autant, si la chute des départements à gauche représenterait un coup dur pour le PS, l’effet pourrait être dévastateur pour le PC. “Il est tout à fait possible qu’il n’y ait plus de département communiste après ces élections”, avance David Gouard, qui y verrait "une première historique". Mais ne prédit-on pas la mort du Parti communiste depuis trente ans? “Il ne faut pas l'enterrer trop vite", tempère le chercheur. "Le local est sa force, et comme c’est tout ce qui lui reste, il sait aussi s’adapter en fonction. Et puis, c’est quand même le 3e parti de France en nombre d’élus.” Le PC en compte en effet presque 10.000 en France. Une force qui pourrait toutefois vaciller les 22 et 29 mars prochain.

https://twitter.com/ariane_k Ariane Kujawski Journaliste BFMTV