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Départementales: la parité réelle change la donne pour les partis

La parité sera scrupuleusement respectée aux élections départementales, et c'est une première (Photo d'illustration)

La parité sera scrupuleusement respectée aux élections départementales, et c'est une première (Photo d'illustration) - Damien Meyer - AFP

Pour la première fois, les électeurs vont voter aux élections départementales pour un binôme homme/femme. L'occasion pour les grands partis de rattraper un retard conséquent.

C'est l'une des grandes nouveautés des élections départementales: pour la première fois, les électeurs ne voteront pas pour un(e) candidat(e), mais pour un binôme composé d'un homme et d'une femme. Objectif de cette réforme, votée en avril 2013 à l'Assemblée nationale: obtenir une parité parfaite hommes/femmes dans les conseils départementaux.

Les départements sont les plus mauvais élèves en la matière: la proportion de femmes élues dans les conseils généraux s'élevait à seulement 13,8% en 2011, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Jusqu'en 2011, l'Ariège, la Haute-Corse et le Tarn-et-Garonne ne comptaient aucune femme dans leurs conseils généraux.

Parité ne signifie pas pouvoir

Il a donc fallu légiférer pour obliger les partis politiques à présenter des femmes aux élections. Mais officiellement, trouver des candidates n'a posé aucun problème. "Près de la moitié du PS est constitué de femmes", explique Claude Roiron, secrétaire nationale du PS chargée de la parité. "Et le PS est toujours désireux d'associer des femmes investies dans l'associatif, par exemple". A l'UMP, on assure que la victoire aux élections municipales a permis de fournir un vivier conséquent de candidates. 

La question n’est pas nouvelle pour les deux grands partis. Ils paient d'ailleurs toujours le fait de ne pas avoir respecté la parité lors des élections législatives de 2012. Depuis ce scrutin, leurs budgets sont amputés d’importantes aides de l’Etat aux partis politiques. A l’UMP, le montant s’élève à 4 millions d’euros par an, contre 1,4 million d’euros par an pour le PS. 

Désormais obligatoire, le respect de l’égalité hommes-femmes change la donne. Mais la parité n'est pas toujours synonyme de pouvoir. Dans un rapport publié le 26 février, le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes souligne d'ailleurs que dans d'autres scrutins comme les élections municipales, l'introduction de la parité n'a pas pour autant facilité l'accès des femmes à des postes de pouvoir. Si la règle d'alternance entre hommes et femmes sur les listes aux élections municipales de 2014 a été respectée, les mairies françaises restent dirigées à 84% par des hommes. Outre le titre de maire, ce sont eux aussi qui, le plus souvent, héritent des attributions les plus prestigieuses. 

Une "schizophrénie démocratique"?

Seuls six départements sont dirigés par des femmes actuellement. En sera-t-il autrement après le 29 mars? “C’est une vraie question”, admet Claude Roiron. “Mais il y a fort à parier qu’avec une parité totale dans les conseils départementaux, les femmes vont aussi pouvoir accéder à des postes de premier plan”.

Du côté de l'UMP, on souhaite "faire confiance à l'évolution naturelle des choses. Le candidat à la présidence du département s'impose naturellement, c'est souvent celui qui a mené la campagne et qui a l'expérience nécessaire", dit-on à la direction. Et peu importe qu'il soit homme ou femme. La prochaine étape pour les élues aux départementales étant... les législatives: "rien de tel que les départementales pour former de futures candidates à la députation".

En attendant, Danielle Bousquet, la présidente du Haut conseil, avertit que "si les partis politiques ne s'organisent pas de manière plus volontariste (...) nous aboutirons à une forme de schizophrénie démocratique": des assemblées à peu près paritaires, mais toujours dirigées par un président et un vice-président.

https://twitter.com/ariane_k Ariane Kujawski Journaliste BFMTV