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Corse: les nationalistes favoris dans la course aux élections territoriales

Gilles Simeoni (gauche) et Jean Guy Talamoni (centre) lors d'un meeting à Vico en Corse, le 24 novembre 2017.

Gilles Simeoni (gauche) et Jean Guy Talamoni (centre) lors d'un meeting à Vico en Corse, le 24 novembre 2017. - PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

Les électeurs voteront dès dimanche pour désigner les 63 conseillers territoriaux de la collectivité unique qui remplacera les deux départements actuels. Parmi les sept listes qui s'affrontent pour le premier tour, celle commune aux autonomistes et aux indépendantistes est donnée avec une longueur d'avance.

La Corse est en pleine campagne électorale. Les 3 et 10 décembre prochains, 63 conseillers territoriaux seront élus pour composer la nouvelle collectivité qui verra le jour dans quelques semaines. Cette instance territoriale unique, lancée le 1er janvier 2018, remplacera les deux conseils départementaux actuels de Haute-Corse et de Corse-du-Sud ainsi que la collectivité territoriale de l'île (CTC). Les futurs élus siégeront jusqu'en 2021, date à laquelle tous les Français seront appelés aux urnes à nouveau pour les régionales. A quelques jours du premier tour, le courant nationaliste est donné favori. 

Liste commune pour Talamoni et Simeoni

Huit listes au total ont été déposées en préfecture mais les écologistes ont dû se retirer, faute d'avoir pu boucler leur budget de campagne. Sur les sept listes qui s'affronteront dimanche, le courant nationaliste apparaît en position de force et est représenté par deux listes: celle du U Rinnovu, petit parti indépendantiste qui promet un référendum d'autodétermination, menée par Paul-Félix Benedetti. Et celle commune aux indépendantistes et aux autonomistes, qui unit Jean Guy Talamoni, le président de l'Assemblée de Corse et Gilles Simeoni, le président sortant de l'exécutif de l'île.

Les Insoumis corses font dissidence

Face à eux, une liste La République en marche, conduite par le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci. A droite, deux listes s'opposent, qui n'ont obtenu ni l'une ni l'autre l'investiture Les Républicains: celle menée par un conseiller territorial sortant, Jean-Martin Mondoloni, et l'autre par la maire de Grosseto, en Corse-du-Sud, Valérie Bozzi.

  • Le Front national et la France insoumise ont eux aussi leur liste. Celle du parti d'extrême-droite est conduite par Charles Giacomi, le maire de Pruno, en Haute-Corse. Contre la volonté de Jean-Luc Mélenchon, qui a dénoncé une "tambouille", sa formation s'est alliée pour l'occasion au Parti communiste - La liste "Corse insoumise" est menée par le militant Jacques Casamarta.

Une coalition gagnante depuis 2015

Pour comprendre pourquoi la liste commune est donnée favorite, il faut se rappeler quelques dates. Après les législatives de juin dernier, trois députés nationalistes corses ont fait leur entrée à l'Assemblée nationale, une cinquantaine d'années après la naissance du mouvement dans l'île. Une victoire rendue possible par la coalition entre les indépendantistes de Corsica Libera, le parti de Jean Guy Talamoni, et les autonomistes de Femu a Corsica, celui de Gilles Simeoni.

En 2010, les deux courants nationalistes s'étaient présentés sur deux listes distinctes et concurrentes. Totalisant 36% des voix, elles avaient échoué, non sans retenir la leçon. Cinq ans plus tard, ces deux courants ont recueilli 35,34% des voix mais cette fois en faisant alliance, et ont pris la tête de la collectivité territoriales de Corse lors d'une victoire historique. 

  • L'indépendance mise de côté au profit de l'autonomie

Leur succès n'est pas étranger à la fin de la lutte armée annoncée par le FNLC en 2014, qui a contribué à apaiser l'image des nationalistes, dont la frange la plus radicale est actuellement incarnée par U Rinnovu.

"A l'inverse des autres nationalistes, nous pensons que la feuille de route ce n'est pas un statut d'autonomie, c'est la logique d'une souveraineté pleine et entière", explique son chef de file, Paul-Félix Benedetti.

Sa liste revendique pleinement l'indépendance de la Corse, en parallèle d'un "fort axe social". Dans son programme, la liste menée par Gilles Simeoni et Jean Guy Talamoni a en revanche mis de côté la question de l'indépendance, préférant viser l'obtention d'un statut d'autonomie dans les dix ans.

Certains électeurs appellent déjà de leur voeux une alliance entre les deux listes nationalistes au second tour, celle de coalition et celle d'U Rinnovu. Le chef du fil de ce parti affirme avoir proposé une union stratégique à Gilles Simeoni, qui aurait décliné. Pour l'ancien maire de Bastia, une union est possible, mais à condition que le Rinnovu "admette que la clandestinité est derrière nous". Ce scénario reste donc ouvert.

Charlie Vandekerkhove avec AFP