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El Khomri: entre ministre décriée, et candidate aux législatives contestée

Myriam El Khomri, le 11 mars 2016.

Myriam El Khomri, le 11 mars 2016. - Thomas Samson - AFP

Au cours d'un voyage en Guadeloupe, la ministre du Travail a dû annuler un de ses déplacements. Si elle est victime de l'impopularité de la ligne économique du gouvernement auprès de l'opinion, elle est aussi chahutée dans son propre parti. Son éventuelle candidature aux Législatives à Paris, ainsi, ne ravit pas tout le monde dans la capitale.

Elle a peut-être parlé un peu vite. La ministre du Travail Myriam El Khomri, longtemps décriée pour avoir porté la fameuse loi portant son nom, confiait il y a quelques semaines ne plus ressentir "d’hostilité majeure" au cours de ses déplacements. C’était sans compter sur son dernier voyage.

Contrainte d'annuler un déplacement en Guadeloupe

Alors qu’elle se trouve en Guadeloupe, celle qui a succédé à François Rebsamen dans son ministère a dû annuler sa visite du Pôle emploi de Saint-François où elle devait à l’origine se rendre ce vendredi. Il faut dire que Myriam El Khomri avait eu un aperçu, ce mercredi, de l'accueil qui aurait pu lui être fait. En plein échange avec des bénéficiaires de la "garantie jeunes" dans la commune des Abymes, elle a été interrompue par l’irruption de salariés de Pôle emploi en grève scandant:

"La garantie jeunes, c’est la précarité".

Régulièrement bousculée par les opposants à la ligne économique et sociale du gouvernement, la ministre doit aussi essuyer des avanies en provenance de ses camarades du Parti socialiste. Au point que son avenir politique apparaît comme bouché.

Candidate aux Législatives

Myriam El Khomri pense pourtant actuellement à sa vie d’après le gouvernement. Cette élue du 18e arrondissement se verrait bien représenter à l’Assemblée nationale la 18e circonscription (qui comprend le 18e arrondissement et une part du 9e) en lieu et place du député Christophe Caresche dont elle la suppléante, qui a d’ores et déjà renoncé à réoccuper son siège au Palais-Bourbon en juin prochain.

Il y a quinze jours, Myriam El Khomri adressait ainsi une lettre ouverte aux militants concernés pour faire acte de candidature. Dans ce courrier que 20 Minutes a reproduit, elle note avoir débuté sur la scène politique parisienne en 2001 et se place sous les figures tutélaires de Daniel Vaillant et de Bertrand Delanoë dont elle fut une adjointe, tout comme elle le fut pour celle qui a pris sa place à l’Hôtel de ville depuis, Anne Hidalgo.

L'hostilité d'Anne Hidalgo

Cependant, Myriam El Khomri devra d’abord en passer par l’exercice compliqué de la primaire avant d’espérer être éventuellement investie par la direction socialiste le 17 décembre prochain. Lors de ce scrutin préliminaire, elle devra vaincre Afaf Gabelotaud, elle aussi conseillère du 18e arrondissement. Et, selon une information de RTL, peut-être même le communiste Ian Brossat que pourrait envoyer contre elle… Anne Hidalgo.

Car l’obstacle le plus important se dressant devant la carrière législative de Myriam El Khomri est son ancienne patronne, l’édile parisienne. Anne Hidalgo avait peu apprécié que son adjointe quitte le Conseil de Paris à l’été 2014 pour intégrer le gouvernement sans l’en avertir. Si, plus largement, Anne Hidalgo ne veut pas voir de ministre diriger de liste dans les circonscriptions, elle nourrit une défiance particulière à l’égard de Myriam El Khomri, auteur de la loi qui a généré tant de contestations.

Tout ça pour une loi qu'elle n'a pas écrite

Auteur? Même pas, à en croire Ils ont tué la gauche, l’ouvrage de Pierre Jacquemain, l’ancien collaborateur de Myriam El Khomri au ministère du Travail, qui assure qu’elle n’a fait que piloter et incarner l’itinéraire politique d’un texte dont elle n’était elle-même pas convaincue:

"Elle a été envoyée au charbon défendre un projet de loi qu’elle n’avait pas écrit" dit aujourd’hui l’ex-conseiller. Et, visiblement, Myriam El Khomri risque de rester au fond de la mine.

R.V.