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Edwy Plenel pris pour cible par le gouvernement

Les critiques du gouvernement français redoublent de virulence à l'encontre d'Edwy Plenel, fondateur du site Mediapart, à l'origine de la tempête médiatico-politique qui éclabousse Eric Woerth. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau

Les critiques du gouvernement français redoublent de virulence à l'encontre d'Edwy Plenel, fondateur du site Mediapart, à l'origine de la tempête médiatico-politique qui éclabousse Eric Woerth. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau - -

PARIS (Reuters) - Les critiques du gouvernement français redoublent de virulence à l'encontre d'Edwy Plenel, fondateur du site Mediapart...

PARIS (Reuters) - Les critiques du gouvernement français redoublent de virulence à l'encontre d'Edwy Plenel, fondateur du site Mediapart, à l'origine de la tempête médiatico-politique qui éclabousse Eric Woerth.

Le site internet d'information a publié cette semaine une interview de l'ancienne comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, lui prêtant des propos accusant Nicolas Sarkozy et son ministre du Travail d'avoir obtenu de l'argent en espèces de l'héritière de L'Oréal.

L'ex-comptable a nié jeudi avoir mis en cause le président de la République mais a maintenu devant la police qu'on lui avait demandé de retirer 50.000 euros pour le financement de sa campagne en 2007, dont Eric Woerth était le trésorier.

Mediapart a pour sa part assuré avoir "scrupuleusement retranscrit" les propos de Claire Thibout, sans les avoir enregistrés, mais les proches du chef de l'Etat considèrent l'affaire close et ont reporté leurs attaques vers le site.

Vendredi, les membres du gouvernement ont effectué un tir groupé sur Edwy Plenel, qui avait défendu la veille sa rédaction et dénoncé les charges de l'entourage de Nicolas Sarkozy.

"J'ai toujours vu (Edwy Plenel) s'en prendre à Nicolas Sarkozy, justement comme un opposant politique. Je ne dis pas qu'il n'a pas droit de critiquer, mais cet acharnement, comme si son élection n'était pas passée, m'attriste", a dit la secrétaire d'Etat aux Sports, Rama Yade, sur France 2.

Son homologue chargé de l'Emploi, Laurent Wauquiez, a été plus cinglant, en dépeignant un "récidiviste de la calomnie".

Il faisait référence aux accusations portées en 2003 à l'encontre de Dominique Baudis et relayées entre autres par Le Monde, dont Edwy Plenel était alors directeur de la rédaction.

A ce poste, occupé pendant huit ans, de 1996 à 2004, Edwy Plenel s'était efforcé de faire du Monde un journal d'"investigation" avant de quitter le quotidien en raison d'un désaccord avec les nouvelles orientations prises par le quotidien et de créer Mediapart en 2007.

PLENEL DÉPLORE LA "BASSESSE"

Sous sa direction, Le Monde avait publié en 2003 des informations mettant en cause l'actuel député européen et ancien maire de Toulouse dans une affaire de moeurs et de crimes liée à Patrice Alègre, condamné en 2002 pour cinq meurtres.

"Je voudrais qu'on se rappelle de ce qui s'était passé au moment de l'affaire Baudis, sur la base de pures allégations (...) M. Plenel était là aussi, avec les mêmes méthodes, la même personne, la même perte de déontologie et la même volonté de diffamer pour nuire", a lancé Laurent Wauquiez sur Europe 1.

Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, s'est également référé à cette affaire pour dénoncer une "manipulation".

"Le 17 juin 2003 exactement, M. Jean-Paul Besset, sous les ordres de M. Edwy Plenel qui était son directeur au Monde, faisait une tribune disant nous avons des éléments matériels (contre Dominique Baudis). M. Plenel a dû s'en excuser quelques jours plus tard", a accusé Christian Estrosi sur RTL.

"On est exactement dans le même type de manipulation aujourd'hui et ce sont les mêmes que l'on retrouve en train d'essayer de monter ces mêmes manipulations", a-t-il ajouté.

Depuis le début de la semaine, plusieurs personnalités de la majorité ont attaqué Mediapart, le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand l'accusant d'avoir des "méthodes fascistes" et Christian Estrosi évoquant la presse "des années 1930".

Ce dernier a nié que la réplique ait été "organisée".

Edwy Plenel, qui a porté plainte en diffamation contre Xavier Bertrand, leur a répondu jeudi dans une tribune publiée sur son site internet.

"Un pas supplémentaire a été franchi dans l'affirmation de cette détestation du contre-pouvoir journalistique", y écrit-il.

"Pour avoir connu, depuis trente ans, d'autres contre-attaques élyséennes (...) je peux témoigner qu'aucune n'avait atteint une telle violence et une telle bassesse (...)", poursuit-il, rappelant que le Premier ministre, François Fillon, s'est "refusé à descendre si bas".

Le directeur de la publication de Mediapart avait été victime d'écoutes organisées par François Mitterrand.

Pour la défense d'un média "diabolisé", conclut-il, "notre meilleure réponse, c'est de poursuivre avec entêtement notre travail d'investigation".

Grégory Blachier, édité par Yves Clarisse