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Politique

Edouard Philippe s'impose comme le chef de la majorité

Ce mardi, le Premier ministre a pris la parole devant un Hémicycle qui le réclamait depuis cinq jours. Il a maintenu les positions de l'exécutif face à l'indignation des chefs de l'opposition.

Ce mardi après-midi, une rude séance attendait le Premier ministre à l'Assemblée nationale autour de l'affaire Benalla. Il a défendu pied à pied la position de l'exécutif dans ce dossier face aux questions des présidents des groupes parlementaires de l'opposition. Alors qu'il était interpellé en ouverture de session par Christian Jacob, président du groupe LR, il a nié le fait que la polémique qui plonge son gouvernement et la présidence de la République dans la tourmente depuis une semaine soit une affaire d'Etat: "Une dérive individuelle de la part de ce chargé de mission ne fait pas une affaire d’Etat. Les copinages malsains évoqués hier en commission par le préfet de police ne font pas une affaire d’Etat."

Philippe demande "une forme de sérénité" 

Il a ensuite mis en avant les procédures lancées ces derniers jours: "Vous voulez la vérité, la lumière ? L’ensemble des procédures engagées nous permettront de connaître précisément l’enchaînement des faits et le cas échéant, les responsabilités individuelles."

Il a ensuite pointé l'opposition parlementaire qu'il considère apparemment comme trop véhémente. "Mais pour faire cela monsieur le président Jacob, il faut une forme de sérénité. Il faut éviter toutes les confusions. L’Assemblée nationale n’est pas un tribunal, les députés ne sont ni procureurs, ni juges", a-t-il affirmé. Il a ajouté: "Et lorsque parfois, je les entends vociférer, je me dis qu’il est bon pour la justice que cette confusion ne s’installe pas."

Une concession 

Il a assuré que l'égalité des citoyens devant la loi était respectée: "Autrement dit, nul n’est au-dessus de la loi. L’ensemble des pouvoirs législatif, parlementaire et administratif ont pris les décisions qui s’imposaient." Il a cependant fait une concession sur la suspension, de quinze jours sans traitement, décidée au début du mois de mai à l'Elysée contre Alexandre Benalla... pour se féliciter aussitôt de sa rapidité: "Je conçois que l’on puisse poser des questions sur l’éventuelle proportionnalité de la décision mais sa célérité n’est pas contestable. Et la sanction a été prise."

Son échange avec Jean-Luc Mélenchon a aussi été remarqué. Alors que ce dernier l'adjoignait de rétablir "la vertu dans l'Etat", il a rétorqué:

"La vertu dans l’Etat, la vertu dans l’Etat ! C’est un sujet passionnant, passionnant ! un sujet d’une profondeur historique exceptionnelle et une charge morale très forte, une charge opérationnelle non-négligeable ! Au nom de la vertu dans l’Etat, monsieur le président Mélenchon, jusqu’où a-t-on été ?"

Il a encore soutenu: "vous savez comme moi, monsieur le président Mélenchon, que la démocratie s’est trouvée fortifiée et raffermie lorsqu’elle ne s’est plus posée la question de la vertu mais bien celle du respect du droit, de la procédure et qu’elle a sorti cette dimension de son fonctionnement."

"Plutôt habile" 

Notre éditorialiste politique, Bruno Jeudy, a livré son analyse de l'apparition du chef du gouvernement devant les députés: "Il a plutôt été assez habile, il a répondu à tous les présidents. Il était un peu tendu au début, et s’est libéré petit à petit". Selon Bruno Jeudy, il a pu resserrer les rangs des parlementaires favorables à la politique d'Emmanuel Macron. Edouard Philippe, d'après lui, devait aussi ce mardi "rassurer, remobiliser cette majorité et là on sent que le chef de la majorité a joué tout son rôle". 

Robin Verner