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Édouard Philippe ne veut pas voir ses "convictions partir à vau-l'eau" sans se "battre"

L'ancien Premier ministre Edouard Philippe aux côtés de son ami et ancien conseiller Gilles Boyer à l'Elysée en 2018.

L'ancien Premier ministre Edouard Philippe aux côtés de son ami et ancien conseiller Gilles Boyer à l'Elysée en 2018. - Ludovic Marin

Dans une longue interview accordée au Point en amont de la parution de son nouvel ouvrage, l'ex-Premier ministre se montre loyal à Emmanuel Macron mais marque son autonomie.

C'est le retour médiatique le plus scruté de la sphère politique. Dans un long entretien accordé au Point, Édouard Philippe dit n'avoir "aucune intention" de voir ses "idées ou convictions partir à vau-l'eau" sans se "battre pour elles". Privilégiant l'équivoque, l'ancien Premier ministre n'a pas précisé la forme de cet engagement, exprimé à un an de l'élection présidentielle.

Édouard Philippe publie le 7 avril, avec son ancien conseiller politique Gilles Boyer, Impressions et lignes claires (ed. Lattes), un livre-récit sur leur expérience à Matignon. Un événement qui clôt neuf mois d'absence de la scène politique nationale, entamée à l'issue de son remplacement par Jean Castex et qu'il a consacrée largement à sa mairie du Havre.

"Ce qui compte, ce sont les idées"

Lui qui caracole en tête de tous les baromètres de popularité depuis son départ estime que "ce capital est très intéressant, mais il n'existe pas", car il est "aussi solide qu'une volute de fumée".

Selon Édouard Philippe, popularité et impopularité "ne doivent jamais guider l'action: ce qui compte, ce sont les idées, les principes, et je veux me battre pour ceux auxquels je tiens".

Le maire du Havre élude cependant plusieurs questions, concernant la matérialisation de son engagement, ou encore la possibilité pour lui d'être un possible substitut à Emmanuel Macron si le chef de l'Etat était empêché de se présenter en 2022.

"Je suis maire d'une ville que j'aime, je continue à rencontrer des gens, à lire, à réfléchir, à apprendre, et je n'ai aucune intention de voir mes convictions ou mes idées partir à vau-l'eau sans me battre pour elles", a-t-il répété, tout en rappelant aimer "être aux manettes, en responsabilité".

Pas de critiques à l'égard de Macron

Revenant sur les conditions de son départ de Matignon, en juillet 2020, l'ex-hiérarque de l'UMP confie avoir remis lui-même sa démission "à l'issue du scrutin" municipal au Havre fin juin, afin de "faire comprendre" à Emmanuel Macron que "s'il demandait à quelqu'un d'autre de prendre la suite", il n'en ferait pas "un pataquès".

"Je pensais qu'il lui appartenait, et à lui seul, de faire un choix sur la ligne politique et sur ceux qu'il voulait avoir à ses côtés pour la seconde partie du quinquennat", ajoute Édouard Philippe.

Refusant de formuler "aucune espèce de critiques à l'égard de ceux qui s'y collent maintenant", l'ancien chef de gouvernement revient aussi sur les difficultés des décisions auxquelles il a été confrontées, notamment durant la crise du Covid-19.

"J'ai pleuré de rage, et de tristesse, quand il a fallu, par exemple, se résoudre à fermer les bars et restaurants puis les écoles", assure-t-il.

"Le monde d'après", expression "imprudente"

Inquiet du "moment très sensible, très compliqué, très risqué" traversé par la France et l'Europe, Édouard Philippe explique aussi sa réticence à "parler du 'monde d'après', comme beaucoup le faisaient au début du Covid". C'est pourtant Emmanuel Macron qui a forgé cette expression lors de son allocution du 16 mars 2020, celle où il a affirmé que la France était "en guerre" contre le virus et que "le jour d'après" ne serait pas "un retour aux jours d'avant".

"Je trouve ça imprudent tant que la crise, lourde, durable, usante, n'a pas terminé de produire ses effets", observe son ex-Premier ministre.

L'ancien juppéiste glisse aussi que le nom d'Emmanuel Macron avait circulé en 2016 comme possible choix d'Alain Juppé pour diriger son premier gouvernement, si d'aventure celui-ci gagnait la présidentielle. C'était avant que le maire de Bordeaux n'échoue à la primaire de la droite.

"On avait repéré des personnalités susceptibles de nous rejoindre", parmi lesquelles figurait aussi Jean Castex, son successeur à Matignon, explique ainsi Édouard Philippe.
Par JP avec AFP