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ÉDITO - Conférence de presse de Macron: "On a assisté à la mue d'un technocrate"

La salle de l'Élysée ou s'est tenue la conférence de presse, ce jeudi soir.

La salle de l'Élysée ou s'est tenue la conférence de presse, ce jeudi soir. - BFMTV

Emmanuel Macron a livré ses réponses à la crise des gilets jaunes et a lancé l'acte II de son quinquennat, ce jeudi soir lors de sa conférence de presse organisée à l'Élysée. Nos éditorialistes politiques ont jugé qu'il s'agissait d'un tournant et d'un changement de méthode pour le président.

Pour sa toute première conférence de presse depuis son élection en 2017, devant quelque 320 journalistes, le chef de l'Etat a salué les "justes revendications à l'origine" du "mouvement inédit" des gilets jaunes, mais a cependant réaffirmé sa politique tout en adoptant une posture d'écoute des Français. 

Selon nos éditorialistes politiques, Emmanuel Macron a choisi d'adopter une position plus "humaniste" et plus proche des Français pour relancer l'acte II de son quinquennat. Il a également abordé la campagne des européennes, 10 jours en retard après l'incendie de Notre-Dame, en s'adressant clairement à l'électorat de droite. 

  • "La mue d'un technocrate", pour Ruth Elkrief
"On a assisté à la mue d'un technocrate brillant qui a réussi à devenir président et qui se politise, qui devient un homme politique", a jugé notre éditorialiste politique. "La suppression de l'ENA est d'ailleurs emblématique de cette mue qu'il vit lui-même. Il maintient son cap mais il y met de l'humain, des racines, du savoir-faire. Il a placé son projet sous le signe de la ré-humanisation".
"Ce soir, Emmanuel Macron a rectifié à la marge à la fois son projet et sa personnalité pour répondre à des mesures très précises, catégorielles. Il y a des réponses très précises: réindexation des retraites, fin des fermetures d'hôpitaux", a-t-elle poursuivi.
"C'est: 'je reste droit dans mes bottes' tout en étant un peu plus avenant, en faisant attention à ma manière d'être. J'apprends à être politique, à être plus proche des gens, un peu plus humain et plus enraciné. Et puis finalement il rattrape aussi les 10 jours qu'il a perdu avec Notre-Dame, et il entame les élections européennes car il s'est clairement adressé à l'électorat de droite sur un certain nombre de sujets comme Schengen ou encore la question migratoire".
  • "Macron mise sur les européennes", d'après Bruno Jeudy
"J'ai trouvé le propos liminaire assez long, qui a duré une heure, vraiment dilué, flou, voire plutôt décevant", selon notre éditorialiste politique. "J’ai trouvé que le président restait sur des généralités, même s’il a apporté des précisions dans la deuxième partie de son introduction. Mais cette idée de 'reconstruire un projet humain', je trouve qu’on est finalement resté avec davantage de questions que de réponses. Après comme toujours, Emmanuel Macron est meilleur quand il est un peu challengé, donc là précisément c'était dans la séance de questions-réponses."
"La partie la plus importante de cette conférence de presse reste pour moi la quatrième, lorsqu’il a évoqué les 'permanences' du projet français. Là il dit des choses qu’il n’avait jamais dites, ou du moins pas aussi précisément. 'La laïcité, la loi de 1905 est notre pilier, l'idée de sécession': j’avais l’impression d’entendre Gérard Collomb. Le président a repris ça ce soir, et n’est jamais allé aussi loin sur ces questions là, à quelques semaines des élections européennes. Il sait qu’il joue une grosse carte avec ces élections, et qu’il mise dessus pour effectuer cette re-légitimisation", a poursuivi Bruno Jeudy.
Jeanne Bulant