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Politique

Duel lillois entre Nicolas Sarkozy et Martine Aubry

Lors du déplacement à Lille de Nicolas Sarkozy, le chef de l'Etat et la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, se sont livrés jeudi à un duel sans concession à cent jours du premier tour de l'élection présidentielle. /Photo prise le 12 ja

Lors du déplacement à Lille de Nicolas Sarkozy, le chef de l'Etat et la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, se sont livrés jeudi à un duel sans concession à cent jours du premier tour de l'élection présidentielle. /Photo prise le 12 ja - -

par Emmanuel Jarry LILLE (Reuters) - Nicolas Sarkozy et la patronne du Parti socialiste, Martine Aubry, se sont livrés jeudi à Lille à un duel sans...

par Emmanuel Jarry

LILLE (Reuters) - Nicolas Sarkozy et la patronne du Parti socialiste, Martine Aubry, se sont livrés jeudi à Lille à un duel sans concession à cent jours du premier tour de l'élection présidentielle.

Le président français a émaillé ses voeux aux fonctionnaires essentiellement consacrés à la défense de sa politique de réduction des dépenses publiques de piques implicites à l'adresse du PS et de son candidat, François Hollande.

La "Dame des 35 heures", comme la surnomment les amis du chef de l'Etat, a riposté plus tard, devant des journalistes, en accusant le "candidat sortant" de proférer des "contre-vérités", lui déniant le droit de donner des leçons de bonne gestion.

C'est dans la même préfecture de la région Nord-Pas-de-Calais que Nicolas Sarkozy avait lancé en 2008, déjà lors de voeux aux fonctionnaires sa politique de "révision générale des politiques publiques" (RGPP).

La députée-maire de Lille lui avait offert à l'époque un vélo fabriqué dans l'usine Décathlon de sa ville.

Cette fois, pas question de cadeau, a prévenu d'entrée Martine Aubry, alors que la virulence des échanges entre les deux camps est monté de plusieurs crans ces derniers jour.

"Je n'ai pas le coeur à ça. Je pense qu'il n'a pas fait de cadeau à la France", a dit la députée-maire de Lille à des journalistes, en attendant Nicolas Sarkozy.

Elle a néanmoins accueilli quelques instants plus tard, avec d'autres élus locaux, le chef de l'Etat, au bas du perron de la préfecture, et écouté son discours.

La RGPP, a assuré Nicolas Sarkozy, aura permis à l'Etat d'économiser 15 milliards d'euros entre 2009 et 2012.

De même, a-t-il dit, le non remplacement d'un fonctionnaire partant à la retraite sur deux et la défiscalisation des heures supplémentaires dans la fonction publique ont permis d'augmenter le pouvoir d'achat des fonctionnaires de 10% entre 2007 et 2011.

Il a estimé que la France n'avait pas d'autre choix que de poursuivre cette politique pour éviter le sort des pays les plus endettés de la zone euro, comme la Grèce.

PAS DE LEÇONS, DIT AUBRY

Il a promis qu'un projet de loi permettant de titulariser tout agent public en contrat à durée déterminée occupant depuis six ans un emploi répondant à "un besoin permanent de son service" serait voté "avant la fin de l'hiver".

Il a de nouveau invité les collectivités locales, pour beaucoup dirigées par la gauche, à s'associer à l'effort de réduction des déficits publics.

Un discours que Martine Aubry s'est employée à contester point par point en quittant la préfecture.

"Les fonctionnaires qui étaient là ont eu la surprise d'apprendre qu'ils avaient été augmentés de 10% depuis que le président était là, alors que nous savons bien, malheureusement, que le point d'indice est bloqué ces deux dernières années", a déclaré la députée-maire de Lille à des journalistes.

"Quand on a augmenté la dette comme il l'a fait, c'est à dire lorsqu'on l'a doublée, on ne vient pas donner des leçons aux collectivités locales", a-t-elle ajouté. "Ici je parle au candidat sortant pour lui dire : une fois de plus vous êtes venu nous faire une fable et une fois de plus vous donnez des leçons à ceux qui n'ont pas besoin d'en recevoir de vous."

Lors d'un aparté, Martine Aubry avait auparavant demandé au chef de l'Etat de faire en sorte que le débat politique reste "de bonne tenue", au lendemain d'une sortie du président UMP de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, qui a ulcéré les amis du candidat du PS, François Hollande.

Bernard Accoyer avait estimé qu'une victoire de la gauche risquait d'entraîner un "chaos" économique en France.

"Je ne supporte pas qu'on touche le fond comme on le fait aujourd'hui, je ne supporte pas ces insultes, je ne supporte pas ces contre-vérités, la démocratie et la France méritent beaucoup plus que ça", a-t-elle expliqué aux journalistes.

Réplique du secrétaire général adjoint de l'UMP Marc-Philippe Daubresse, élu du Nord, qui réagissait à quelques pas de là aux propos de la dirigeante socialiste : "On a l'habitude de sa mauvaise foi de son intolérance et de son sectarisme, donc nous ne sommes pas déçus en ce début d'année."

Avec Pierre Savary, édité par Yves Clarisse