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Droite et extrême droite protestent contre la venue du rappeur Médine au Bataclan

Le Bataclan en 2016

Le Bataclan en 2016 - MARTIN BUREAU / AFP

Le rappeur avait suscité une polémique en 2015 avec le titre "Don't Laïk", paru une semaine avant l'attentat contre Charlie Hebdo.

Des élus de droite et d'extrême droite ont protesté ce dimanche contre les prochains concerts au Bataclan du rappeur Médine, qui avait suscité une polémique en 2015 avec le titre "Don't Laïk", paru une semaine avant l'attentat contre Charlie Hebdo.

"Sacrilège pour les victimes"

"Au #Bataclan, la barbarie islamiste a coûté la vie à 90 de nos compatriotes. Moins de trois ans plus tard, s'y produira un individu ayant chanté 'crucifions les laïcards' et se présentant comme une 'islamo-caillera'. Sacrilège pour les victimes, déshonneur pour la France", s'est offusqué sur Twitter le président des Républicains, Laurent Wauquiez.

Le député LR des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, a demandé "au président Emmanuel Macron d'interdire ce concert", estimant dans un communiqué que "si la liberté d'expression est un droit fondamental, il y a des symboles qui ne peuvent être profanés".

Sur Twitter, le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, a appelé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb à "utiliser contre ce rappeur les mêmes armes que celles utilisées contre Dieudonné" pour éviter la tenue de ces concerts les 19 et 20 octobre.

Ce dimanche sur BFMTV, Brice Hortefeux a également dénoncé la tenue de ce concert, assurant que le rappeur "devrait exercer son absence de talent ailleurs".

"La complaisance, ça suffit!"

"Aucun Français ne peut accepter que ce type aille déverser ses saloperies sur le lieu même du carnage du #Bataclan. La complaisance ou pire, l'incitation au fondamentalisme islamiste, ça suffit!", a pour sa part écrit la présidente du Rassemblement national (ex-FN), Marine Le Pen, sur son compte Twitter.

Une pétition demandant leur annulation a été lancée sur change.org par Grégory Roose, ex-délégué départemental du FN dans les Alpes-de-Haute-Provence.

"Notre mobilisation a stoppé la venue de Black M à Verdun, levons-nous tous pour faire barrage au concert de Médine au Bataclan", a twitté Julien Odoul, responsable du Rassemblement national dans l'Yonne. Il faisait allusion au concert d'un autre rappeur prévu en 2016 pour le centenaire de cette bataille, finalement annulé après une polémique.

"Crucifions les laïcards comme à Golgotha"

En dehors de la droite et de l'extrême droite, la députée LREM Aurore Bergé a fustigé sur Twitter une "affiche (qui) est une insulte à ceux qui sont morts au Bataclan". Elle faisait référence à une affiche de promotion d'un ancien album de Médine, "Jihad, le plus grand combat est contre soi-même" (2005). Ce disque se concluait sur la chanson "Jihad", dans lequel le rappeur scandait: "Mon combat est éternel, c'est celui de l'intérieur contre mon mauvais moi-même".

Aurore Bergé a également pointé des "paroles (qui) sont, ni plus ni moins, un appel au meurtre", en reproduisant un passage de la chanson "Don't Laïk": "Crucifions les laïcards comme à Golgotha".

Le rappeur havrais avait fait polémique en janvier 2015 avec son titre "Don't Laïk" et des paroles comme "crucifions les laïcards comme à Golgotha" et "j'mets des fatwas sur la tête des cons". Ce titre était paru une semaine avant l'attentat contre Charlie Hebdo, lors duquel deux hommes armés avaient exécuté 11 personnes dans les locaux parisiens de l'hebdomadaire satirique.

"'Don't Laïk' est aux fondamentalismes laïques ce que les caricatures de Charlie Hebdo sont aux fondamentalismes religieux", s'était défendu Médine plus tard dans une tribune publiée dans L'Obs.

Des "polémiques stériles"

L'an dernier, lors d'un séminaire consacré au rap à l'Ecole normale supérieure, il avait toutefois reconnu avoir "eu la sensation d'être allé trop loin" avec cette chanson.

"La provocation n'a d'utilité que quand elle suscite un débat, pas quand elle déclenche un rideau de fer", avait-il dit, selon des propos rapportés par Les Inrocks.

Lors d'une série d'attentats menés dans la soirée du 13 novembre 2015, un commando jihadiste a tué 130 personnes à Paris et dans sa banlieue, dont 90 au Bataclan. Cette salle est réputée pour sa programmation rock mais aussi rap, ce que rappelle Médine dans la chanson "Bataclan" de son dernier album, qui vient de sortir. 

Les associations de victimes de l'attaque du Bataclan n'ont pas réagi dimanche. L'ancien vice-président de l'association de victimes 13onze15, Emmanuel Domenach, a toutefois twitté à l'adresse de Marine Le Pen: "C'est fou comme vous vous souvenez des victimes de terrorisme pour vos polémiques stériles".

Sollicité par l'AFP, le codirecteur du Bataclan, Jules Frutos, n'a pu être joint. Le rappeur n'a pas non plus réagi.

M.P avec AFP