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Dominique Strauss-Kahn peut-il se remettre en piste ?

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par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - Un retour de Dominique Strauss-Kahn dans la course à la présidentielle de 2012 est possible s'il est blanchi...

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Un retour de Dominique Strauss-Kahn dans la course à la présidentielle de 2012 est possible s'il est blanchi par la justice américaine mais les révélations sur son mode de vie risquent de peser lourd, estiment les analystes.

Les informations du New York Times prédisant une mise hors de cause de l'ancien directeur général du Fonds monétaire international dans une affaire de tentative de viol posent la question de son rôle à neuf mois d'une présidentielle dont il partait favori jusqu'à son arrestation, le 14 mai.

Les observateurs jugent possible son retour sur le devant de la scène politique, tout en invitant à la prudence.

"Aujourd'hui il y a une possibilité évidente pour Dominique Strauss-Kahn de revenir dans la course à la présidentielle s'il est blanchi", dit Jean-Daniel Lévy, de l'institut Harris Interactive.

"Le scénario va évoluer au gré des heures. Difficile de tirer des plans sur la comète alors même que l'audience n'a pas eu lieu", estime-t-il toutefois.

Une nouvelle comparution est programmée ce vendredi devant la justice de New York pour demander un réaménagement du régime de liberté sous caution de Dominique Strauss-Kahn, qui vit assigné à résidence dans un grand appartement à Manhattan.

Dans le calendrier actuel de la primaire socialiste prévue en octobre, un Dominique Strauss-Kahn innocenté aurait jusqu'au 13 juillet pour poser sa candidature.

NOUVELLE IMAGE

"La seule question, c'est : est-ce qu'il a envie d'être à la présidentielle ?", fait valoir Stéphane Rozès, analyste et président de la société Cap.

La chute de Dominique Strauss-Kahn a conduit la première secrétaire du PS Martine Aubry à se lancer dans la course, en vertu d'un pacte informel passé avec l'ancien patron du FMI.

Dans l'esprit de Jean-Daniel Lévy, "on peut penser que s'il souhaitait y aller, Martine Aubry s'effacerait devant lui en cas de dynamique positive en faveur de Dominique Strauss-Kahn".

Stéphane Rozès pense que "s'il n'est pas candidat mais qu'il se prononce pour Aubry, avec qui il a eu un accord, ça pourra avoir un impact".

Acteur principal d'une affaire qui a passionné le monde entier, d'autant plus suivie qu'elle mêle argent, sexe et pouvoir, Dominique Strauss-Kahn a vu son image profondément évoluer en deux mois.

"Cette affaire a permis de diffuser une image qui n'était pas la sienne auparavant dans l'opinion publique française, qui n'était pas informée par exemple du caractère un peu libertin de sa vie personnelle", note Gérald Bronner, professeur de sociologie à l'université de Strasbourg.

"Et, que cela pèse ou non dans l'opinion, ce sera sans doute utilisé à des fins politiques", ajoute-t-il. "Certains vont dire : 'est-ce qu'on peut prendre le risque de placer à la tête de la France quelqu'un de relativement discrédité dans l'opinion publique internationale ?'".

Si la crédibilité de la femme de chambre qui l'a accusé d'agression semble mise en cause, il reste à démontrer qu'elle n'a pas subi de tentative de viol, rappelle Jérôme Fourquet, de l'Ifop.

SUR LA PLACE PUBLIQUE

S'il est blanchi, "il est possible que l'image de Dominique Strauss-Kahn ressorte améliorée et qu'une certaine bienveillance puisse se développer", souligne-t-il. "Les Français ne tiennent pas rigueur en cas de relations extra-maritales. Si c'est un viol, c'est plus compliqué".

Une analyse approuvée par Jean-Daniel Lévy, qui rappelle que Français et Américains n'ont pas la même ligne en la matière.

"Aux Etats-Unis, le fait d'avoir des relations extraconjugales est extrêmement préjudiciable, ce qui n'est pas le cas en France, où tout ce qui a trait aux pratiques sexuelles bénéficie d'une sorte de mansuétude", dit-il.

L'affaire a aussi ouvert un nouveau chapitre des relations entre Dominique Strauss-Kahn et l'argent.

Le luxueux appartement où il réside a fait couler beaucoup d'encre, sans parler du paiement de la caution d'un million de dollars, avec dépôt de garantie de cinq millions, versés grâce à la fortune de son épouse Anne Sinclair.

"Son style de vie a été mis sur la place publique", note Jérôme Fourquet.

Pour Jean-Daniel Lévy, "la richesse n'est pas un problème. En revanche, le caractère ostentatoire peut donner à voir un côté ultra dépensier déconnecté de la réalité des Français".

Avec Catherine Bremer et Alexandria Sage, édité par Patrick Vignal

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