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Dominique de villepin lance son mouvement "alternatif"

Malgré les pressions dont il se dit la cible, Dominique de Villepin lance ce samedi son propre mouvement, "libre et indépendant", destiné à proposer une alternative à Nicolas Sarkozy dans la perspective de 2012. /Photo prise le 25 mars 2010/REUTERS/Vincen

Malgré les pressions dont il se dit la cible, Dominique de Villepin lance ce samedi son propre mouvement, "libre et indépendant", destiné à proposer une alternative à Nicolas Sarkozy dans la perspective de 2012. /Photo prise le 25 mars 2010/REUTERS/Vincen - -

par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - Malgré les pressions dont il se dit la cible, Dominique de Villepin lance ce samedi à Paris son mouvement...

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Malgré les pressions dont il se dit la cible, Dominique de Villepin lance ce samedi à Paris son mouvement "libre et indépendant" destiné à proposer une alternative à Nicolas Sarkozy dans la perspective de 2012.

Aux yeux des observateurs, rien ne dit cependant que l'ancien Premier ministre âgé de 56 ans sera en mesure de se lancer, le moment venu, dans la course à l'Elysée.

Selon les organisateurs, plus de 2.500 personnes et 300 journalistes sont annoncés à la Halle Freyssinet, dans le XIIIe arrondissement, pour porter le mouvement "villepiniste" sur les fonts baptismaux.

Dominique de Villepin, qui s'exprimera dans l'après-midi, dévoilera le nom de cette formation issue du Club Villepin fondé l'été dernier, qui revendique plus 15.000 membres selon son animatrice, l'ex-ministre chiraquienne Brigitte Girardin.

"C'est un rendez-vous qui veut offrir une alternative, une autre façon de faire de la politique", affirmait l'ancien Premier ministre lors d'un récent déplacement en banlieue, le 1er juin à Mantes-la-Jolie (Yvelines).

"Je n'ai pas peur des Françaises et des Français, je suis avec le peuple", ajoutait celui qui appelle à une "République solidaire".

Au lendemain du 70e anniversaire de l'Appel du 18-Juin, le député Jean-Pierre Grand attend de Villepin le gaulliste "un discours très fort et très rassembleur".

"IL VA S'ADRESSER AU PEUPLE DE FRANCE"

"Il ne va pas s'adresser à la classe politique mais aux Français, au peuple de France", a-t-il dit à Reuters.

Dominique de Villepin a écrit mardi à ses partisans pour les galvaniser "à l'heure où se multiplient les entraves, les pressions et les manoeuvres pour empêcher la naissance de notre mouvement".

Il a notamment peu apprécié que certains des élus qui le soutiennent aient été récemment reçus à l'Elysée.

Opposant déterminé au chef de l'Etat, qu'il a affronté à distance lors du procès Clearstream, Dominique de Villepin est toujours membre de l'UMP.

Diplomate de formation devenu avocat, jamais élu, il s'est efforcé ces derniers mois de tisser un lien avec les Français au fil d'une tournée qui l'a emmené de la Bretagne à la banlieue parisienne, où il a reçu bon accueil.

"Villepin président!", entendait-on souvent sur son passage.

Une hypothèse à laquelle François Miquet-Marty, de Viavoice, ne croit pas vraiment.

"Il y a une marque Villepin, qui existe, mais il n'y a pas de désir présidentiel de Dominique de Villepin, y compris à droite", souligne le politologue.

"C'est un personnage médiatique, populaire, presque déjà un personnage de légende car il y a une histoire extraordinaire à travers Clearstream mais il n'est pas encore perçu dans un rôle qui pourrait être celui d'un présidentiable".

L'HYPOTHÈQUE CLEARSTREAM

Dans un sondage Ifop publié cette semaine, 18% des sondés pensent qu'il ferait un bon président de la République et 53% des sympathisants UMP lui reprochent de diviser la droite en s'opposant à Nicolas Sarkozy.

Une enquête LH2 publiée fin mars montrait que 69% des Français n'étaient "pas intéressés" par son mouvement politique.

Pour ses partisans, Dominique de Villepin, tour à tour secrétaire général de l'Elysée, ministre des Affaires étrangères et Premier ministre, a l'expérience et le charisme d'un homme d'Etat. Son discours de 2003 à l'Onu marquant le choix de la France de ne pas s'engager en Irak est donné en exemple.

Ses détracteurs lui reprochent d'avoir malencontreusement conseillé à Jacques Chirac de dissoudre l'Assemblée nationale en 1997 ainsi que l'échec du contrat première embauche (CPE), retiré en avril 2006 sous la pression populaire lorsqu'il était à Matignon.

L'affaire Clearstream, dans laquelle il a été relaxé en première instance en janvier dernier, pèse en outre toujours sur sa destinée politique. Un procès en appel se tiendra au printemps 2011, calendrier qui pourrait contrecarrer une éventuelle candidature à la présidentielle.

Pour François Miquet-Marty, l'opposition farouche à Nicolas Sarkozy ne saurait suffire à faire de lui un candidat crédible.

"On ne peut pas construire un projet politique sur une rivalité personnelle", dit-il. "Il est prisonnier de cette image. Ça joue pour lui en termes de popularité, mais ça ne suffit pas en terme d'assise présidentielle".

Pour le politologue, si Dominique de Villepin veut préserver ses chances, les circonstances devront changer .

"Cela dépendra des autres candidatures, d'un éventuel discrédit plus important encore envers Nicolas Sarkozy qui le ferait apparaître comme un recours, et surtout de l'appareillage politique: un parti, un réseau, un programme, etc.", dit-il.

Pour l'heure, Dominique de Villepin ne peut compter que sur le soutien d'une dizaine de députés, dont Marie-Anne Montchamp, sa nouvelle porte-parole.

Edité par Sophie Louet