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Dominique de Villepin bientôt fixé dans l'affaire Clearstream

La cour d'appel de Paris rend ce mercredi son arrêt dans le procès d'une manipulation où Dominique de Villepin est soupçonné d'avoir conspiré en 2004 contre Nicolas Sarkozy. L'ex-Premier ministre avait été relaxé en première instance dans cette affaire di

La cour d'appel de Paris rend ce mercredi son arrêt dans le procès d'une manipulation où Dominique de Villepin est soupçonné d'avoir conspiré en 2004 contre Nicolas Sarkozy. L'ex-Premier ministre avait été relaxé en première instance dans cette affaire di - -

par Thierry Lévêque PARIS (Reuters) - La cour d'appel de Paris rend ce mercredi son arrêt dans le procès d'une manipulation où l'ex-Premier...

par Thierry Lévêque

PARIS (Reuters) - La cour d'appel de Paris rend ce mercredi son arrêt dans le procès d'une manipulation où l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin est soupçonné d'avoir conspiré en 2004 contre Nicolas Sarkozy.

Dominique de Villepin avait été relaxé en première instance dans cette affaire dite Clearstream mais le parquet avait fait appel. Si le jugement était confirmé, l'ancien chef de gouvernement pourrait y trouver un encouragement pour la candidature à l'élection présidentielle de 2012 qu'il envisage.

Cette décision de justice est précédée par des accusations contre lui de l'avocat Robert Bourgi, un proche de Nicolas Sarkozy qui a assuré dans plusieurs médias que Dominique de Villepin et Jacques Chirac avaient l'habitude entre 1995 et 2005 de recevoir de fortes sommes en espèces de dirigeants africains.

Dominique de Villepin voit dans ces accusations un moyen de maintenir une pression sur lui alors qu'il est sur le point, à ses yeux, d'être définitivement sorti d'affaire.

Le procès porte sur la fabrication en 2003 de fausses listes de comptes bancaires à partir de vrais documents de la société luxembourgeoise Clearstream, une chambre de compensation financière.

Ces fausses listes, transmises à la justice courant 2004, semblaient montrer que des centaines de personnalités détenaient des comptes occultes à l'étranger. Parmi celles-ci Nicolas Sarkozy, qui se préparait alors à prendre le contrôle de l'UMP et se lançait à la conquête de l'Elysée.

PRISON AVEC SURSIS REQUISE

Au procès en appel en mai dernier, une peine de 15 mois de prison avec sursis a été requise par le parquet général contre Dominique de Villepin.

Le parquet demande par ailleurs 30 mois de prison dont un an ferme et 45.000 euros d'amende contre l'ancien vice-président d'EADS Jean- Louis Gergorin, ainsi que 30 mois de prison dont 15 mois fermes contre l'informaticien Imad Lahoud.

Ces deux autres protagonistes de l'affaire, présentés comme les auteurs principaux de ma manipulation, sont poursuivis pour "dénonciation calomnieuse". Dominique de Villepin, soupçonné d'en avoir tiré profit en connaissance de cause, est poursuivi pour "complicité" de ce délit.

Ce dossier a donné lieu à un affrontement sans précédent au plus haut niveau de l'Etat. Nicolas Sarkozy promettant en privé pendant l'enquête, à en croire Dominique de Villepin, de pendre les responsables à un "croc de boucher". Le président avait ensuite qualifié publiquement les prévenus de "coupables".

Le chef de l'Etat a retiré sa constitution de partie civile après le premier jugement mais Dominique de Villepin l'accuse de toujours tirer les ficelles de l'accusation via le parquet général, placé hiérarchiquement sous les ordres du pouvoir exécutif.

S'il est établi que Dominique de Villepin a eu un rôle dans les manoeuvres à partir de janvier 2004 visant les listes Clearstream, puisqu'il a commandé des enquêtes du renseignement sur ces listes en qualité de ministre des Affaires étrangères puis de l'Intérieur, la démonstration d'une infraction pénale semble très difficile.

La manipulation, ses mobiles et ses cibles exacts restent en effet obscurs. Déclarer Dominique de Villepin coupable suppose juridiquement, par ailleurs, de prouver qu'il savait avoir affaire à des faux, ce qui est compliqué.

En première instance, le tribunal avait écarté cette thèse ainsi que le scénario intermédiaire proposé par le parquet, qui parle de "complicité par abstention", Dominique de Villepin ayant selon lui laissé faire la manipulation quand il s'est aperçu que les listes étaient fausses.

Au procès en appel, l'accusation a fait valoir que Dominique de Villepin était trop intelligent pour ne pas avoir réalisé que les listes étaient fausses.

"Comment la cour pourrait-elle un instant penser que celui qui a prononcé le discours de l'Onu en 2003, celui qui a démonté avec brio la manipulation des armes de destruction massive, que cette intelligence a été manipulée ?", a dit l'avocat général.

Edité par Patrick Vignal