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Politique

Discours de Sarkozy à Toulon : les réactions

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Après le discours de Nicolas Sarkozy à Toulon, l’enthousiasme des militants présents tranche avec la dureté des critiques de l’opposition.

Nicolas Sarkozy était en réunion publique jeudi soir au Zénith de Toulon, ville qui a massivement voté pour lui à la présidentielle, devant 4 000 militants UMP triés sur le volet. Un discours d'un peu plus de 40 minutes pour dire la vérité aux Français sur la crise économique mondiale et ses conséquences en France.

Le chef de l'Etat est revenu sur la crise financière. Il a longuement détaillé son diagnostic d'une crise causée par un « capitalisme perverti » et s'est prononcé pour une « remise à plat » de l'ensemble du système financier international.

Des militants convaincus

Hier soir le ton était grave mais Nicolas Sarkozy n'a pas non plus voulu démoraliser les Français. Quel effet a eu ce discours sur les militants Toulonnais ? Réaction de Claude, l'un d'entre eux : « Moi, je suis convaincu qu'il a raison, donc je retiens que c'est bien ce qu'il fait. Vous avez vu des gens qui n'ont pas d'argent en France ? Vous rigolez ou quoi ? Les caisses vides, il faudra les remplir et s'il faut se serrer la ceinture, on se la serrera. Regardez les Américains, on leur demande de payer, et ben ils mettront la main au bassinet. Les Allemands ils ont travaillé à l'œil pendant 40 ans pour rétablir leur pays, et ben nous on fera pareil ».

Le chef de l'Etat a prôné un retour de l'Etat pour fixer des règles dans l'économie et la finance. Est-ce que Nicolas Sarkozy a pris un virage à gauche ? Certainement pas pour Alain, militant toulonnais : « Pourquoi voulez-vous qu'il vire à gauche ? Il a très bien dit qu'il était le Président de tous les Français. Il nous a très bien mis devant ses responsabilités. On va voir des conséquences, c'est une évidence et si on ne veut pas que le monde se casse la figure, je crois qu'il va falloir mettre les bouchées doubles. Disons que le capitalisme a été à outrance, maintenant il faut changer sa façon de voir les choses au niveau du capitalisme. Là, il est venu nous présenter comment était le monde, comment était la France. A partir de là, il a très bien parlé et on sait qu'il va y avoir des sacrifices à faire ».

L'opposition stigmatise les contradictions

Du côté des politiques et surtout dans l'opposition, on est moins enthousiaste. Ainsi, pour Michel Sapin, député PS de l'Indre et ancien ministre de l'économie et des finances, « il était pour le capitalisme tel qu'il fonctionnait tant que ça marchait bien. Maintenant que ça ne marche pas, il a l'air d'être contre. Je suis persuadé qu'il oubliera les mots d'aujourd'hui le jour où tout sera reparti à la hausse. Il faut qu'il cesse de jouer sur ces contradictions, il y a un moment donné où l'a vérité c'est de tenir toujours le même propos. Il faut que le Président de la République cesse de se croire en campagne électorale. Aujourd'hui, il est comptable de la situation, comptable de la réalité, comptable des difficultés des Français et après ses discours, rien n'aura changé pour les Français ».

Les autres réactions des « officiels » :

- François Hollande, premier secrétaire du PS, a réclamé une « pénalisation fiscale de tous les parachutes dorés » en critiquant la « lucidité tardive » du chef de l'Etat sur « les méfaits du capitalisme ».
- Le maire PS de Lille, Martine Aubry, a dénoncé « la poursuite absolue d'un discours qui affiche une langue de bois battante », « totalement iréelle ».
- La présidente du Medef, Laurence Parisot, a salué les annonces faites par Nicolas Sarkozy pour encadrer les rémunérations des dirigeants d'entreprises.
- François Bayrou, président du MoDem, a vu « une incroyable accumulation de promesses » dans le discours économique de Nicolas Sarkozy, qui se heurteront selon lui au manque de « marges de manoeuvres » budgétaires.
- Pour Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, le président de la République « dénonce les dérives du capitalisme, mais sans mesures concrètes pour changer ce système ».

La rédaction avec Annabel Roger et Stéphanie Collié