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Difficile rentrée pour Edouard Philippe

Le Premier ministre a lui aussi dégringolé dans l'opinion et parvient difficilement à se faire entendre. Pour remédier au problème, il prévoit de multiplier les déplacements et interviews en septembre.

"Pas facile de se faire un nom quand on a deux prénoms", reconnaissait Edouard Philippe sur BFMTV lors de son interview de rentrée. Derrière la plaisanterie, un fond de vérité: le Premier ministre ne parvient toujours pas, trois mois après son arrivée à Matignon, à trouver sa place, à imposer son style. Début août, déjà, Emmanuel Macron regrettait que son chef du gouvernement ne parvienne pas à "imprimer". Quelques semaines après, un entretien télévisé raté et un séminaire de gouvernement plus tard, ce n'est toujours pas le cas.

"Je ne suis pas inquiet, l’inquiétude ne sert à rien. Je suis concentré", expliquait le principal intéressé récemment, comme le rapportait L'Opinion ce lundi.

Pourtant, le Premier ministre semble confronté à un double problème: une chute de popularité, qui accompagne celle d'Emmanuel Macron, et des difficultés à trouver sa place au sein de l'exécutif.

Moins bien qu'Ayrault, Fillon et Raffarin

Ce dimanche, un sondage Ifop pour le JDD révélait que la cote de popularité du président de la République enregistrait une chute spectaculaire. Mais celle d'Edouard Philippe est aussi conséquente: avec 47% de satisfaits, il enregistre une baisse de 7 points en un mois. En juillet, il était à 56%, et un mois avant à 64%. Avec sa cote, Emmanuel Macron fait pire que ses prédécesseurs à la même époque. Mais Edouard Philippe également.

D'après le baromètre réalisé par Kantar TNS, sous François Hollande en début de quinquennat, Jean-Marc Ayrault rassemblait 51% de satisfaits en septembre 2012, les chiffres d'août n'étant pas disponibles. En 2007, sous Nicolas Sarkozy, François Fillon contentait quant à lui 53% en août puis en septembre. Sous Jacques Chirac en 2002, Jean-Pierre Raffarin faisait encore mieux, avec 64% de satisfaits en août et 55% en septembre.

Début août, il affirmait au Parisien: "je n'ai jamais cherché à être spectaculaire. J'essaie d'être sérieux, solide, de monter au créneau quand c'est nécessaire. L'omniprésence ne me semble pas être gage d'efficacité gouvernementale. Seule compte l'efficacité".

Opération cafouillage de rentrée

Mais c'est précisément dans ce rôle qu'il a déçu lors de son interview sur BFMTV. L'opération déminage de la rentrée s'est transformée en opération cafouillage, le Premier ministre tenant des propos flous sur au moins trois dossiers: les pensions d'invalidité, les pensions de retraite et la gratuité des soins dentaires.

"Je n’ai pas de fiches, je ne suis pas un surhomme, quand je ne sais pas je ne sais pas", expliquait-il se jour-là, dans un effort d'honnêteté, expliquant ne pas avoir "tous les chiffres en tête". A tel point que Matignon a dû repréciser ceux sur l'exonération de la taxe d'habitation après l'interview.

Enfin, à propos de l'annonce de 5 euros de baisse des APL, qui a eu un effet désastreux sur l'opinion publique, le chef du gouvernement a reconnu que ce n'était pas une mesure "intelligente". Donnant une nouvelle fois l'impression d'une parole isolée au sein de l'exécutif. Difficile, pour le chef du gouvernement, de trouver sa place entre Emmanuel Macron, qui contrôle presque tout, Bercy et ses deux ministres qui font beaucoup d'arbitrages sur le plan économique: Gérald Darmanin et Bruno Le Maire, et l'omniprésent Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement et macroniste de la première heure.

Déplacements et plateaux télé

Du côté de Matignon, qui concède à RTL "une rentrée moyenne", le ton se veut néanmoins rassurant.

"Chacun est dans son rôle. Leur parole ne sera pas la même. Le premier ministre dirige le gouvernement, coordonne la parole gouvernementale au Parlement et dans les médias. On l'a beaucoup vu et entendu depuis le 15 mai et on le verra tout autant, voire davantage. Il est là pour expliquer et donner le tempo", assure son entourage au Figaro.

S'il n'est pas partisan de l'omniprésence, Edouard Philippe occupera davantage l'espace en septembre afin de montrer qu'il n'est pas un simple "collaborateur" du président. Jeudi soir, après la présentation des ordonnances sur la loi travail, il sera l'invité du JT de France 2, comme le précise son agenda. Le 3 septembre, le Premier ministre est attendu dans l'émission politique de France Inter, puis, à la fin du mois, dans celle de France 2. En parallèle de ces interventions médiatiques, il réalisera deux déplacements par semaine, dont l'un à Pau, aux côtés de François Bayrou.
Charlie Vandekerkhove