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"Deuxième vague" vs réservations pour la Toussaint: manque de clarté dans la communication du gouvernement

Le Premier ministre Jean Castex, le 28 septembre 2020 à Paris

Le Premier ministre Jean Castex, le 28 septembre 2020 à Paris - Alain JOCARD © 2019 AFP

À plusieurs reprises ces jours-ci, membres du gouvernement et Premier ministre ont tenu des propos dissonnants.

Face à la résurgence de l'épidémie de Covid-19, alors que les indicateurs ne cessent de se dégrader - particulièrement en Île-de-France - le ton semble se faire plus grave au sommet de l'État. Dans l'entourage du président de la République, on évoque "un moment de bascule".

Pour autant, le message du gouvernement semble brouillé par plusieurs déclarations contradictoires ou difficilement compatibles.

"Il y a, depuis le début, un manque de stratégie. Par conséquent aujourd'hui, les gens ne croient plus en leur gouvernement", tance en ce sens Philippe Juvin, le chef du service des urgences de l'hôpital Pompidou à Paris, dans les colonnes de l'hebdomadaire allemand Die Zeit ce mardi.

"Deuxième vague forte" et vacances de la Toussaint

Lundi, un exemple éclatant a été donné en termes de déclarations antagonistes. Invité de Franceinfo le matin, le Premier ministre Jean Castex a pour la première fois admis que le pays faisait face à une "deuxième vague" épidémique.

"La France se trouve dans une deuxième vague forte", a-t-il déclaré. Et pour lutter contre cette recrudescence, "rien ne doit être exclu", a ajouté le chef du gouvernement, y compris des reconfinements locaux, par exemple, alors que la petite musique d'un éventuel couvre-feu à Paris se fait entendre avec insistance depuis lundi.

"Je crois que tout est envisageable, tout est sur la table et rien n'est à exclure puisque le virus évolue", a appuyé la ministre déléguée en charge de la Citoyenneté Marlène Schiappa, sur LCI lundi.

Quelques heures après, le secrétaire d'État chargé du Tourisme incitait les Français à effectuer des réservations en vue des vacances de la Toussaint.

"Nous allons tout faire" pour que la saison touristique "jusqu'à Noël puisse se dérouler. Et j'incite les Français à réserver" pour les vacances de la Toussaint, a déclaré Jean-Baptiste Lemoyne, au terme d'un Comité interministériel consacré au tourisme.

Une incitation qui semble difficilement compatible avec les appels à la prudence du chef du gouvernement, alors que des reconfinements locaux et restrictions quant à la liberté de mouvement semblent être à l'étude, à la veille de l'interview télévisée d'Emmanuel Macron.

"Hypothèse d'une deuxième vague"

Ce mardi, au cours des questions au gouvernement, c'est cette fois par la voix d'Olivier Véran qu'est venue la contradiction. À l'Assemblée nationale, le ministre des Solidarités et de la Santé a glissé "l'hypothèse d'une deuxième vague" au cours d'une phrase. Hypothèse pourtant dûment reconnue par Jean Castex la veille.

Ce mercredi, Emmanuel Macron accordera une entretien d'une quarantaine de minutes à France 2 et TF1, au lendemain d'un conseil de défense à l'Élysée. Une prise de parole que d'aucuns, dans l'entourage du chef de l'État, présentent comme un "électrochoc" pour provoquer une "prise de conscience collective" et reprendre en quelque sorte la main sur la communication, comme lors du printemps dernier avec le confinement.

Selons nos informations, l'exécutif étudie la mise en oeuvre d'un couvre-feu à 20 heures à Paris. Ce qui pourrait compromettre les réservations en vue des prochaines vacances pour les Franciliens, et entériner le déferlement d'une "deuxième vague", qui ne serait pas une hypothèse.

Clarisse Martin Journaliste BFMTV