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Deux députées partent en croisade contre la corrida

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PARIS (Reuters) - Deux députées de la majorité et de l'opposition annoncent le dépôt d'un projet de loi interdisant les combats de coqs et la corrida en France, pratiques jugées "barbares" en ce début de XXIe siècle.

Sûres d'avoir une majorité de Français derrières elles, la socialiste Geneviève Gaillard et l'UMP Muriel Marland-Militello espèrent obtenir un vote à l'Assemblée nationale pour interdire ces spectacles, "seules exceptions à la pénalisation des cruautés envers les animaux en France".

Chaque année dans le sud du pays, une centaine de corridas sont organisées, conduisant à la mise à la mort d'un millier de taureaux - dix fois moins qu'en Espagne, pays-roi de la corrida où les jeux taurins existent depuis le Moyen-âge.

Des corridas sont organisées dans environ 75 villes et villages de France dont Nîmes, Arles, Béziers, Bayonne et Dax. Leurs défenseurs invoquent le poids de la tradition et les retombées économiques qui en découlent.

Les combats de coq perdurent, eux, dans le Nord, où l'on construit encore des gallodromes.

"Ceux qui défendent la tauromachie sont terriblement agissants mais terriblement minoritaires", a déclaré Muriel Marland-Militello lors d'une conférence de presse au Palais-Bourbon.

"Il en va de l'honneur de notre pays, de notre Parlement", a ajouté l'élue, pour qui "on ne peut invoquer la beauté pour permettre une barbarie physique".

INDIGNE

La députée avait déjà déposé en 2004 un texte interdisant la corrida, qui était resté lettre morte.

Le nouveau texte a obtenu le soutien d'une douzaine de députés de tous bords, dont Julien Dray (PS), Lionnel Luca (UMP) et Jean-Marc Roubaud, député UMP du Gard, département de tradition taurine.

"La tauromachie est une incongruité de notre époque", a-t-il estimé. "Dans un monde déjà extrêmement violent, rajouter la violence à la violence est indigne".

Devant la presse, élus et vétérinaires membres d'un collectif anti-corrida récemment constitué ont multiplié les arguments, dénonçant tour à tour "l'opacité financière" entourant l'organisation de ces événements, leur caractère "obsolète" et "cruel".

"L'homo sapiens est doué d'empathie. Soyons sérieux : arrêtons ces tortures", a dit Marie-Claude Bomsel, professeur au Muséum d'histoire naturelle.

Un vétérinaire espagnol était aussi présent pour témoigner du débat dans son pays à ce sujet, notamment en Catalogne, où la question est arrivée jusqu'à la tribune du Parlement début mars et pourrait faire l'objet d'un vote avant l'été.

En France, la corrida fait régulièrement l'objet de débats et de manifestations - des dizaines de défenseurs des animaux nus et ensanglantés avaient par exemple manifesté en juin dernier sous la Tour Eiffel, à Paris.

D'après un sondage Ifop pour le Midi Libre réalisé en septembre 2007, 50% des sondés (contre 48%) se disaient favorables à une interdiction de la corrida en France.

Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse