BFMTV
Politique

Des députés UMP en colère écrivent à Fillon au sujet des radars

BFMTV
La grogne contre la décision du gouvernement de retirer les panneaux signalant les radars fixes prend de l'ampleur avec une lettre de protestation adressée lundi au Premier ministre par 73 députés de la majorité.

Les signataires de la lettre écrivent à François Fillon afin "d'attirer son attention" sur les mesures annoncées le 11 mai dernier pour lutter contre la hausse de la mortalité routière.

"Les Français semblent de plus en plus agacés du comportement de leurs élites et notamment des politiques", écrivent les auteurs de la lettre, dont l'initiative revient au député des Bouches-du-Rhône Richard Mallié.

Les "milliers de courriels reçus pour condamner" les décisions du comité interministériel sur la sécurité routière ne relèvent "pas d'une simple mauvaise humeur passagère mais bien d'une profonde exaspération", ajoutent les parlementaires.

Les députés disent regretter l'absence de concertation qui a précédé, selon eux, l'annonce des mesures contestées, et estiment que d'autres dispositions apparaissaient plus urgentes.

François Fillon, dont les députés UMP ont longtemps constitué le principal soutien, a une nouvelle fois défendu vendredi la suppression des panneaux annonçant les radars.

Le Premier ministre, qui s'est aligné sur les positions exprimées par Nicolas Sarkozy et le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, avait été quelque peu chahuté mardi dernier lors de la réunion hebdomadaire du groupe UMP de l'Assemblée.

A la demande des parlementaires, une réunion avec Claude Guéant avait été organisée le lendemain.

Le ministre avait déclaré aux élus qu'il n'avait nullement l'intention de renoncer à sa décision de retirer les fameux panneaux et avait opposé une fin de non recevoir à leur demande d'un moratoire.

"C'est 'circulez, il n'y a rien à voir'", avait réagi le député Yanick Paternotte.

LES CENTRISTES ÉGALEMENT MÉCONTENTS

François Fillon peut s'attendre à être encore interpellé lorsqu'il rencontrera à nouveau, mardi à l'Assemblée, les députés du parti majoritaire.

Gilles Carrez (UMP), rapporteur général de la commission des finances de l'Assemblée, a dit lundi "partager totalement la grogne" de certains ses collègues sur les radars.

"On n'arrête pas d'embêter les gens dans leur vie quotidienne. C'est insupportable", a-t-il dit lors d'une rencontre avec la presse.

La colère des députés UMP s'étend aux rangs du Nouveau centre (NC). François Rochebloine estime ainsi dans un communiqué que l'annonce d'une série de mesures visant à renforcer la sécurité routière "suscite en France un mouvement de réel mécontentement et d'incompréhension".

Pour le député NC de la Loire, "cette conception de la sécurité routière révèle une approche totalement décalée et déconnectée des réalités vécues par nos concitoyens, usagers de la route non par simple plaisir, mais le plus souvent par nécessité".

Les radars ne servent qu'à remplir les caisses de l'Etat, estime François Rochebloine, qui invite le gouvernement à "faire marche arrière et repenser la politique de sécurité routière".

Le nombre de morts sur les routes françaises a augmenté de près de 20% en avril par rapport au même mois en 2010, avec 355 décès. Les accidents de la route tuent environ 4.000 personnes chaque année en France.

Outre la question des radars, le gouvernement a décidé de durcir les sanctions contre la vitesse et l'alcool, première cause de mortalité routière, ainsi que contre l'utilisation du téléphone au volant.

Par Emile Picy - Edité par Patrick Vignal

REUTERS