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Depuis l'Amérique du Sud, Jean-Luc Mélenchon envoie des "cartes postales"

Jean-Luc Mélenchon au Honduras le 18 juillet 2022

Jean-Luc Mélenchon au Honduras le 18 juillet 2022 - Casa Presidencial de Honduras / AFP

En tournée sud-américaine, le patron de la France insoumise fait passer ses messages et suit de très près l'évolution de ses députés à l'Assemblée nationale. Son retrait de la vie politique semble très éloignée.

Loin de la France mais les yeux toujours tournées vers la politique. En pleine tournée des pays d'Amérique du Sud, Jean-Luc Mélenchon fait entendre sa voix, entre photos avec des dirigeants aux idées très proches des siennes, visites de musées et notes de blog.

Depuis le 12 juillet, à peine 3 semaines après l'entrée de 75 députés La France insoumise et 151 élus Nupes à l'Assemblée, l'ancien candidat à la présidentielle qui ne se représentait pas dans les Bouches-du-Rhône s'est envolé vers Mexico, première étape de sa tournée sud-américaine. À chacune de ses rencontres autour de chefs d'État choisis avec le plus grand soin, il en profite pour faire passer ses messages.

Tortue au musée

Au Mexique, le patron des insoumis rencontre ainsi le président Andrés Manuel López Obrador, élu au bout de la 3ème tentative en 2018, avec seulement 2 ans de moins que Jean-Luc Mélenchon.

Ce chef d'État a beau avoir assuré vouloir mener une politique modérée pour rassurer les marchés financiers au début de son mandat, il s'illustre rapidement par plusieurs mesures que ne renierait pas la France insoumise en baissant son salaire de 60%, en doublant les pensions de retraite et en lançant un vaste plan de relance des entreprises énergétiques publiques.

Quelques heures plus tard, en visite dans un musée de la capitale, le septuagénaire en profite pour se prendre en photo devant un tableau qui représente notamment une... tortue, son animal fétiche, qui symbolise pour lui la perséverance. De quoi y voir un possible clin d'œil pour une future candidature en 2027.

Message à distance

Jean-Luc Mélenchon a ensuite pris la direction du Honduras, pour rencontrer Xiomara Castro, qui s'est faite élire à la présidence en novembre dernier en prônant la rédaction d'une nouvelle Constitution, très proche de la 6ème République réclamée par LFI.

"Le pouvoir est au bout de la lutte", avance-t-il d'ailleurs sur son compte Twitter en référence à son parcours contre un coup d'État dans les années 2010 et son engagement dans les luttes indigènes.

Pied de nez aux accusations de "Venezuela administrée"

"On n'est pas si loin du 'faites-mieux' qu'il nous a lancé", s'amuse d'ailleurs un jeune député insoumis en référence aux propos tenus par le président du mouvement le soir du second tour des législatives.

En Colombie, Jean-Luc Mélenchon se met en scène avec le président Gustavo Petro, élu en juin. Lors de sa campagne, il avait été présenté à plusieurs reprises par ses adversaires et plusieurs grands médias comme "un populiste", rêvant de faire de Bogota "un nouveau Venezuela".

De quoi faire un pied de nez à Guillaume Kasbarian, le député Renaissance (ex-LaRem) et président de la commission des affaires économiques, qui a accusé ses collègues insoumis de vouloir faire de la France "une économie administrée comme au Venezuela", en préambule du projet de loi pouvoir d'achat.

Suivi au jour le jour des polémiques

Entre ses nombreux tweets liés à son voyage, l'ancien député des Bouches-du-Rhône ne manque d'ailleurs pas de commenter l'actualité politique. Soubresaut à l'Assemblée nationale sur un amendement augmentant le budget pour la hausse des retraites, soutien à une députée victime d'attaques sexistes, dénonciation de "la lune de miel" supposée entre "Marine Le Pen et Emmanuel Macron"... La situation française n'est jamais bien loin.

"Je change de poste de combat, mais mon engagement est et demeurera jusqu’à mon dernier souffle dans le premier de vos rangs", avait d'ailleurs lancé le chef de file des insoumis à la tribune le soir du second tour des législatives.

Il ne fait d'ailleurs pas semblant sur son blog, particulièrement actif ces derniers jours en prenant la plume tous les 2 jours. Dernier post : son analyse sur les polémiques autour du port de la cravate. Alors que le député LR Éric Ciotti a demandé le retour de la cravate obligatoire dans l'hémicycle, en regrettant le "relâchement vestimentaire" des députés, le président de la région PACA Renaud Muselier a de son côté expliqué trouver les députés de gauche "sales et débraillés" le 21 juillet dernier sur BFMTV.

Un avenir en surplomb

"Tant d’arrogance prétentieuse me réjouit. Tous ceux qui s’abaissent à y participer se noieront dans l’océan de mépris populaire que ce genre de pantomime déclenche à coup sûr. Tout va bien. Chacun est à la place qu’il a choisie. Et qui regarde choisit à son tour de quel côté du fossé il se tient", écrit ainsi le patron du mouvement.

Autant dire que la retraite semble très loin pour Jean-Luc Mélenchon. Après son retour à Paris dans les prochains jours et quelques semaines de vacances en France, il devrait désormais s'atteler à la présidence de l'institut La Boétie, un think tank proche de La France insoumise, après être sur le devant de la scène pour une "grande marche contre la vie chère".

Marie-Pierre Bourgeois