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Défaite au Sénat, la droite espère arracher la présidence

LE NOUVEAU SÉNAT

LE NOUVEAU SÉNAT - -

par Sophie Louet et Emile Picy PARIS (Reuters) - Au lendemain de sa victoire au Sénat, la gauche a mis en garde lundi la majorité contre le...

par Sophie Louet et Emile Picy

PARIS (Reuters) - Au lendemain de sa victoire au Sénat, la gauche a mis en garde lundi la majorité contre le "hold-up" que constituerait à ses yeux la réélection à la présidence de la haute assemblée de l'UMP Gérard Larcher.

Une semaine de tractations s'ouvre pour le vote du 1er octobre lors de ce "troisième tour" de scrutin qui portera au "plateau" le deuxième personnage de l'Etat, appelé à remplacer le président en cas d'empêchement ou de décès.

Malgré une cinglante défaite, la majorité croit encore en ses chances face au candidat socialiste Jean-Pierre Bel, président du groupe PS au Sénat.

L'élu de l'Ariège devra composer dans son propre camp avec la concurrence de Catherine Tasca, ancienne ministre de la Culture et de la Communication de Lionel Jospin, qui a confirmé lundi sa candidature.

Mais, a-t-elle précisé sur France Inter, "il est hors de question qu'il y ait deux candidats socialistes dans l'hémicycle samedi. C'est au groupe de faire son choix et son choix s'imposera à tous".

Les instances du Parti socialiste, Martine Aubry en tête, pressent amicalement en coulisses la sénatrice des Yvelines de "jouer collectif".

Gérard Larcher a annoncé dès dimanche soir, alors que la gauche célébrait une prise historique (177 sénateurs, soit deux de plus que la majorité absolue), qu'il était candidat à sa propre succession.

"La majorité sénatoriale, celle d'hier, n'avait pas les contours de la majorité présidentielle. Celle d'aujourd'hui est-elle celle du Parti socialiste? Point d'interrogation. Elle reste à construire", a-t-il estimé.

Le président UMP sortant de la haute assemblée, élu en 2008, mise sur sa forte implication personnelle sur le terrain local et dans la vie du Sénat pour élargir son assise électorale.

"Il y a un petit suspense parce que Gérard Larcher a une surface politique qui dépasse celle de son propre groupe", a reconnu sur LCI Pascal Perrineau, président du Centre de recherches politiques de Sciences Po, en insistant sur la "dimension personnelle" du scrutin.

Gérard Larcher le souligne lui-même : "Les élus ne votent pas toujours selon leurs étiquettes politiques".

"TRIPATOUILLAGES"

Deux groupes, entre les pôles de droite et de gauche, détiennent traditionnellement les clés du scrutin : l'Union centriste et le groupe du Rassemblement démocratique et social européen (RDSE), qui rassemble les élus radicaux de droite ou de gauche. Autant de sénateurs qui peuvent basculer d'un bord à l'autre.

Pascal Perrineau note que Jean-Pierre Bel, adversaire malheureux de Gérard Larcher en 2008, n'avait alors pas fait le plein des voix de gauche.

Le président du Parti radical de gauche (PRG) Jean-Pierre Baylet, candidat à la primaire du PS pour l'élection présidentielle, a fait savoir dès dimanche soir que les dix élus PRG voteraient pour le candidat socialiste.

"Il y a une dynamique de bipolarisation forte parce qu'on rentre en campagne électorale", relève Pascal Perrineau.

Consciente toutefois du risque de débauchages, la gauche s'inquiète d'éventuels "tripatouillages", pour reprendre les termes de Pierre Moscovici, coordinateur de la campagne de François Hollande. Benoît Hamon, porte-parole du PS, a parlé d'une "méthode du hold-up".

"Je ne voudrais pas qu'on ait droit cette semaine à des manoeuvres de la IVe République, on est dans la Ve", a dit le premier sur Europe 1. "La candidature de Gérard Larcher me paraît un peu mauvaise joueuse", a-t-il ajouté.

Un député de la majorité ne dément pas.

"Ça ferait très 'magouille' si Larcher l'emportait. Ça ajouterait encore au peu de crédit dont bénéficient les élus dans ce climat de crise et d'affaires", a-t-il dit à Reuters sous le sceau de l'anonymat.

"PITOYABLE"

Le député UMP de la Mayenne, Yannick Favennec, ne s'est pas embarrassé de précautions oratoires.

"Franchement, cette volonté de vouloir rester président du Sénat de la part de Larcher alors que nous avons perdu la majorité, c'est pitoyable!", écrit-il sur son compte Twitter.

Le sénateur UMP de la Vienne Jean-Pierre Raffarin est loin de partager ces avis.

"Je ne crois pas que la probabilité de la victoire pour la présidence du Sénat soit dans le camp du Parti socialiste", a-t-il dit sur France Info.

Pour Patrick Ollier, ministre chargé des relations avec le Parlement, Gérard Larcher "a raison de se représenter".

"Le Sénat est particulier. Il y a des groupes charnières dont on ne sait pas à deux ou trois voix près ce qu'ils vont représenter", a-t-il déclaré.

Le nouveau Sénat, fort de 348 membres, compte 124 élus UMP, 18 divers droite, un élu du Mouvement pour la France (MPF), 12 Nouveau Centre, quatre MoDem, quatre élus du Parti radical, sept de l'Alliance centriste, un élu de la Gauche moderne, 123 élus PS, dix PRG, dix écologistes, 13 divers gauche, 20 élus communistes et un élu du Mouvement républicain et citoyen (MRC), Jean-Pierre Chevènement.

Le scrutin débutera samedi à 15h00. La majorité absolue des suffrages exprimés est nécessaire aux deux premiers tours. La majorité relative suffit au troisième.

Avec Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse