BFMTV
Politique

Déchéance de nationalité: Valls défend le "bloc" indivisible décidé par Hollande

Le Premier ministre Manuel Valls à Evry, près de Paris, le 8 janvier 2016

Le Premier ministre Manuel Valls à Evry, près de Paris, le 8 janvier 2016 - Dominique Faget - AFP

Sans citer Christiane Taubira, le chef du gouvernement a de nouveau appelé à l'unité, ce samedi, en défendant la déchéance de nationalité, sous certaines conditions. Une mesure toujours autant controversée à gauche.

Manuel Valls a défendu samedi les propositions de François Hollande après les attentats de novembre comme un "bloc" dont l'exécutif ne doit enlever aucune partie, en défendant à nouveau la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour terrorisme, controversée à gauche.

S'exprimant lors de voeux à Evry dont il fut longtemps le maire, le Premier ministre a défendu le "pacte", le "serment" passé par le président de la République devant le Congrès trois jours après les nouvelles tueries.

"Ce pacte, ce serment, du président de la République, nous en sommes comptables, c'est un bloc. On ne peut pas enlever tel ou tel élément", a justifié Maneul Valls à la tribune, devant plusieurs centaines de ses anciens administrés réunis à la mairie d'Evry.

L'exécutif peine à convaincre son camp du bien-fondé d'étendre, dans la Constitution, la déchéance de nationalité française à tous les binationaux condamnés pour terrorisme, une mesure pour l'heure cantonnée aux naturalisés.

Les difficultés de l'exécutif sont renforcées par l'hostilité réitérée de la ministre de la Justice Christiane Taubira à l'encontre de cette mesure, alors que la garde des Sceaux est censée porter la révision constitutionnelle.

"Chacun est comptable de cette exigence"

Pour Manuel Valls, qui n'a pas cité sa ministre, les Français "ne pardonneront pas à ceux et celles qui mettent en cause cette unité et ce rassemblement sur l'essentiel. Et chacun, moi comme chef du gouvernement, chaque ministre, chaque parlementaire, les maires (...), chacun est comptable de cette exigence", a-t-il insisté, évoquant aussi la séance houleuse à l'Assemblée nationale juste après les tueries du 13 novembre.

"Je comprends tous les débats, tous les questionnements, tous les doutes, ils sont naturels. Mais il y a là un pacte, un serment que le Président de la République, élu au suffrage universel, a passé avec le pays", a déclaré le chef du gouvernement.

Et "personne, je dis bien personne" ne doit l'affaiblir, non "pas pour imposer un point de vue mais parce que je pense que c'est ça qui doit nous dépasser", a-t-il plaidé.

Pas une arme contre le terrorisme

Manuel Valls a rappelé que les binationaux français naturalisés étaient déjà susceptibles de perdre leur nationalité, contrairement aux binationaux nés Français, en soulignant qu'un Français naturalisé doit avoir "les mêmes droits que les autres".

Accusé de diviser les binationaux et les mononationaux, le gouvernement, après l'avoir envisagé, a toutefois exclu d'étendre la mesure à tous les Français, afin de ne pas créer d'apatrides et de contrevenir à des traités internationaux signés par la France.

Mais "ceux qui s'engagent dans une armée étrangère terroriste, déchirent le pacte national, rompent ce qui fait la France", a soutenu le Premier ministre.

"Bien sûr, ce n'est pas une arme contre le terrorisme en tant que tel. Mais c'est une arme pour les Français eux-mêmes, parce que c'est une manière de leur dire +voilà pour quoi vous êtes Français, voilà pourquoi on ne peut pas accepter de se comporter ainsi+", a-t-il poursuivi.

Appelant à se détourner de "l'accessoire" et des "débats stériles", le Premier ministre a aussi appelé à conforter le "nouveau patriotisme" né après les attentats, qui est "l'amour des siens" et pas "l'exclusion des autres".

la rédaction avec AFP