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Dans l'Ain, le seul candidat "bleu Marine" issu de l'UMP

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par Catherine Lagrange SAINT-ANDRE-DE-CORCY, Ain (Reuters) - Olivier Eyraud, candidat aux législatives dans la deuxième circonscription de l'Ain,...

par Catherine Lagrange

SAINT-ANDRE-DE-CORCY, Ain (Reuters) - Olivier Eyraud, candidat aux législatives dans la deuxième circonscription de l'Ain, est le seul élu UMP à avoir répondu à l'appel lancé par Marine Le Pen à rejoindre le "Rassemblement bleu Marine" créé par le Front national.

Aussitôt exclu par sa formation politique, ce conseiller général, jusqu'alors suppléant du député UMP Michel Voisin, se présente donc comme candidat divers droite soutenu par la dirigeante d'extrême droite pour le scrutin des 10 et 17 juin.

Sur les marchés de la circonscription qu'il convoite, une zone rurale à une trentaine de kilomètres de Lyon, Olivier Eyraud, 57 ans, explique inlassablement sa démarche.

"Quand Nicolas Sarkozy a perdu la présidentielle, j'ai piqué une grosse colère. Cette élection, on aurait pu la gagner si on avait fait comme la gauche, si on s'était rassemblés", dit-il.

L'argument est plutôt bien accueilli par les électeurs de droite, majoritaires dans la circonscription où ils ont voté le 6 mai dernier à 58,5% pour Nicolas Sarkozy.

"A gauche, ils sont moins bêtes que nous, ça ne leur fait pas peur de s'allier aux communistes et aux écologistes pour gagner", approuve un retraité.

Encouragé, le candidat poursuit sa démonstration: "Il faut que l'UMP change de stratégie, il faut qu'elle sorte de cette logique. Je n'aurais jamais fait cette démarche avec Jean-Marie Le Pen, mais là, Marine a bien changé son parti, c'est un parti républicain maintenant, et les 6 millions d'électeurs qui ont voté pour elle ne doivent pas être diabolisés".

Olivier Eyraud a commencé en réalité à penser au Front national avant la défaite de Nicolas Sarkozy puisqu'il avait accordé en février dernier son parrainage à Marine Le Pen, "un geste républicain, pour qu'elle soit candidate".

Sur le fond, ce chef d'une petite entreprise trouve du bon dans son programme: "Il faut faire attention avec l'immigration. Il faut arrêter d'ouvrir les portes à 200.000 immigrés par an, et commencer à intégrer ceux qui sont là".

L'UMP CRAINT DES TRIANGULAIRES

Le candidat Bleu Marine s'étonne d'être le seul et unique en France à s'être lancé dans cette démarche de rassemblement avec l'extrême droite, dont l'UMP ne veut à aucun prix.

Il y a trois semaines, au moment du lancement de la campagne des législatives, sûr de son geste, il est allé frapper à la porte du FN. Marine Le Pen l'a appelé en personne et, en cinq minutes, a remercié la candidate déjà investie dans cette circonscription, qui lui a cédé sa place.

Le candidat se retrouve aujourd'hui en mesure de nuire au député sortant, l'UMP Charles de la Verpillère.

Elu en 2007 dès le premier tour de scrutin avec 53% des voix, ce notable local, fils de député, sait qu'il ne pourra pas réitérer la performance.

Pour cause de croissance démographique, sa circonscription a été redécoupée pour permettre la création d'une nouvelle. Et le 22 avril dernier, Marine Le Pen y a réalisé un score de 21,59%.

Cette deuxième circonscription de l'Ain reste très à droite. Mais Charles de la Verpillère craint, pour le deuxième tour, une triangulaire qui pourrait profiter à une gauche pourtant minoritaire et très divisée dans ce secteur.

Au nom de l'accord national conclu entre les écologistes et le PS, c'est le maire écologiste de Pérouges, Paul Vernay, qui a obtenu l'investiture, froissant le maire socialiste de Trévoux.

Michel Raymond, qui considérait être légitime, est donc parti en campagne sans la bénédiction de son parti, tout en s'affichant comme "candidat socialiste de l'Ain".

Il évite aussi de froisser les électeurs de droite dont il sait qu'ils ne sont pas forcément insensibles à cette idée de "Rassemblement bleu Marine." "Je leur explique cette équation, sans diaboliser personne", dit-il.

Edité par Yves Clarisse